
L’opium, l’air de la guerre
Le mot « opium » évoque à lui seul un univers mystérieux, une aventure ténébreuse dans un monde parallèle. Utilisé pour ses vertus médicinales ou bien à des fins rituelles, mais aussi bien pire des poisons, l’opium a le privilège de devenir bientôt nécessaire à qui s’y essaie. Rapidement source de commerce entre l’Angleterre et la Chine impériale, l’opium provoqua un conflit international (plus communément appelé « Guerres d’opium ») qui entraîna l’ouverture de la Chine mais aussi son effondrement.

En Indochine Française, les Français comprirent le parti financier que l’on pouvait tirer de l’opium qui se vendait à guichet ouvert et créèrent un monopole de l’opium appelé « ferme de l’opium ». Chiqué, mangé, bu, mais fumé le plus souvent, l’opium était partout et finançait jusqu’au quart du budget de l’administration coloniale. Jusqu’en 1954, l’armée française encouragea la culture de pavot dans les montagnes du Laos tenues par des minorités comme les Hmong pour faire face aux insuffisances budgétaires, et transporta l’opium dans des enceintes militaires de la région de Saigon qui vit sa manufacture se construire en 1881, en plein cœur de la ville. Ces manufactures étaient aussi appelées « bouilloires » et nécessitaient des ouvriers qualifiés. Ce bâtiment, toujours intact, abrite aujourd’hui un restaurant (The Refinery). Même si le décor a complètement changé, les murs décrépis respirent encore l’histoire du siècle passé.
Le quartier de Cholon (quartier chinois de Saigon), considéré à l’époque comme une ville à part entière, était également un lieu important de trafic d’opium. Maisons, closes, fumeries, ce « parc à Buffles », tel qu’on l’appelait fut, dès la fin des années 40, un gigantesque bordel de l’armée de campagne (BCM), avec des centaines de filles contrôlées par des mères maquerelles pour le compte du Corps Expéditionnaire français.

L’opium était livré aux fumeurs dans des boîtes portant l’estampille de la Régie. Les ventes se multipliaient et la drogue était vendue à petit prix le long de la frontière du Laos et du Tonkin pour limiter la fraude.
Lorsque l’on comprit enfin les ravages de la fée bleue, de nouvelles mesures furent prises. Dès le mois de juin 1907, l’ouverture de nouvelles fumeries fut interdite. Le commerce de stupéfiants fut réglementé quelques années plus tard, mais l’arrêt définitif de la production d’opium en Indochine ne fut proclamé qu’en 1954.

Carte postale.
Si de nombreux écrivains comme Baudelaire, Cocteau ou encore Malraux, utilisaient les visions provoquées par l’opium pour produire, si Yves Saint Laurent donna ce nom à l’un de ses parfums, l’opium fut également le sujet de nombreux films et documentaires notamment Les Guerres de l’Opium de Jin Xie, avec Rob Freeman (1997), documentaire commençant avec l’éxécution des Français par les Chinois pour avoir importé illégalement de l’opium en Chine ou encore Génération opium (Poppies Are Also Flowers) de Terence Young, sorti en 1966, dans lequel l’on retrouve Marcello Mastroianni et E. G. Marshall, qui retrace une intrigue au sein des Nations Unies visant à injecter une substance radioactive dans l’opium dans l’espoir que la plante les mène au bandit distributeur d’héroine.
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