
Baguette, Paris, Vin rouge, Fromage
Fan inconditionnelle de Woody Allen, je deviens très virulente cependant lorsque que l’on évoque Minuit à Paris. Le film est en réalité un melting pot de tous les clichés possibles et imaginables de la vie parisienne, mis bout à bout.
D’ailleurs, on pourrait juste s’arrêter à l’affiche, qui à elle seule, indique la qualité du film. Reprendre la Nuit étoilée de Van Gogh pour montrer un homme déambulant le long d’un quai, n’évoque rien d’autre qu’une tentative vaine de combiner les images que chacun se fait de Paris, la vie parisienne, de la France et des français. Woody Allen aurait pu coller Owen Wilson sur un fond de café parisien avec un béret noir sur la tête, une baguette sous le bras marchant dans une crotte de chien, qu’il n’aurait pas été plus subtil.
Ceci dit, on ne peut pas vraiment en vouloir à Woody de rendre hommage à la France et à Paris. Finalement il faut bien avouer qu’esthétiquement cette affiche est plutôt intéressante, et il fallait au moins du Van Gogh pour rattraper du Wilson.
Plus sérieusement, et plus grave : Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain, de Jean-Pierre Jeunet.
On ne sait plus qui de quoi est un cliché. Le film montre un Paris idéalisé, forcé, mais qui part d’une vérité parce qu’il se base sur des faits extrêmement simples. Les clichés sont néanmoins teintés d’humour et de poésie. C’est le succès du film qui l’a transformé en symbole du romantisme à la française du XXIe siècle, qui en a fait un cliché à part entière.
Ici encore, un tableau sert au message véhiculé par le film. Inlassablement depuis vingt ans, l’ « Homme de verre » reproduit le Déjeuner des canotiers. Qui mieux que Renoir pour montrer la douceur de vivre à la française ? L’ « Homme de verre » est cloitré chez lui et consacre son temps à l’analyse de chaque personnage. Mais, pourquoi une telle obsession ? Détourné de nombreuses fois, le choix de ce tableau n’est pas un hasard ici : il parle à tout le monde.

Neil Folberg, 2003, Le déjeuner des canotiers (d’après Renoir).
Tout s’explique : l’obsession ne vient pas de l’ « Homme de verre », ou de Jean-Pierre Jeunet, et il ne s’agit pas d’une obsession qui viserait particulièrement ce tableau. Vous l’avez compris, l’obsession pour la « Ville des Lumières » dépasse l’entendement, elle est l’explication rationnelle de l’irrationnel. Les clichés de la vie parisienne peuvent rendre les gens fous, comme il est extrêmement bien expliqué dans cet article sur le syndrome de Paris.
Il faut être vigilant, Paris se mérite.
Vous en reprendrez bien un peu ? « Passport to Paris » au Denver Art museum, jusqu’au 9 février 2014, vous propose de voyager à travers trois siècles de vie parisienne à travers les chefs-d’oeuvre des plus grands peintres français. Si vous n’allez pas à Denver, vous pouvez toujours aller à Paris et longer les quais comme Owen Wilson ou parcourir les rues en mobylette comme Audrey Tautou. Sinon, vous pouvez toujours faire « comme si » avec les très bons ouvrages de Parkstone International sur Signac, Monet ou encore Seurat.


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