
GRANDE EXPOSITION: GAUGUIN
Date: 11 October 2017 to 22 January 2018
Lieu: AU GRAND PALAIS A PARIS
Paul Gauguin
(Paris, 1848 – Atuona, Iles Marquises 1903)
Paul Gauguin décède le 8 mai 1903, exténué par son combat inutile mené contre les fonctionnaires coloniaux, vaincu, désemparé, menacé d’une énorme amende pour avoir incité les indigènes à la rébellion et avoir calomnié les autorités locales, complètement seul. Ainsi s’achevait la vie du peintre qui avait consacré son oeuvre à glorifier l’harmonie originelle de la généreuse nature océanienne qui l’avait recueilli. Les noms que Gauguin avait donnés à sa maison d’Atuana et aux panneaux de bois sculpté qui l’ornaient : « Maison du jouir », soyez amoureuses et vous serez heureuses, Soyez mystérieuses retentissent d’une ironie amère. Seuls quelques autochtones accompagnèrent Gauguin jusqu’à sa dernière demeure. Aucune oraison funèbre ne fut prononcée, pas plus qu’une inscription gravée sur sa tombe.

Dans le rapport qu’il envoyait régulièrement à Paris, l’évêque mentionnait : « Il n’y aura eu de bien saillant ici que la mort subite d’un triste personnage nommé Gauguin, artiste de renom, mais ennemi de Dieu et de tout ce qui est honnête.1 »
Ce n’est que vingt ans plus tard que le nom de Gauguin fut gravé sur sa tombe et sa découverte fut pour le moins originale.

En effet, son emplacement fut trouvé par un artiste, membre de la Society of American Fakirs. Et ce n’est que cinquante ans après sa mort que, grâce à l’initiative de Pierre Bompard qui avait dressé les plans d’un monument et participé à son érection, la France rendit hommage à son célèbre citoyen. La présence de certains amateurs d’art parmi les voyageurs et les colons, de même que l’avidité de ceux qui avaient dénigré l’artiste, mais qui ne répugnaient pas à s’enrichir à ses dépens, permirent de sauver une partie de l’héritage artistique de Gauguin. C’est ainsi que le brigadier d’Atuana, de retour en Europe, ouvrit une sorte de musée Gauguin présentant les oeuvres qu’il avait dissimulées et qu’il s’était octroyées. De fait, on ne trouve à Tahiti aucune des productions de Gauguin.

La nouvelle de la mort de Gauguin ne parvient en France que quatre mois plus tard. Elle provoqua alors un intérêt sans précédent à l’égard de sa vie et de son oeuvre. Les paroles du peintre, comme les prédictions de Daniel de Monfreid, sur une reconnaissance posthume se révélèrent prophétiques : « Il est à craindre que votre venue ne vienne déranger un travail, une incubation, qui ont lieu dans l’opinion publique à votre sujet, écrivait Daniel de Monfreid à Gauguin quelques mois avant sa mort.
Vous êtes actuellement cet artiste inouï, légendaire, qui du fond légendaire, qui du fond de l’Océanie envoie ses oeuvres définitives d’un grand homme pour ainsi dire disparu du monde.
Vos ennemis (et vous en avez un bon nombre, comme tous ceux qui gênent les médiocres) ne disent rien, n’osent vous combattre, n’y pensent pas : vous êtes si loin ! Vous ne devez, par conséquent, pas leur ravir l’os qu’ils ont aux dents. Bref, vous jouissiez de l’immunité des grands morts, vous êtes passé dans l’histoire de l’art.2»

En 1903, Ambroise Vollard exposait dans sa galerie parisienne près de cent toiles et dessins de Gauguin, certains envoyés par l’artiste, les autres achetés par des marchands et collectionneurs. En 1906, Paris organisa une exposition rétrospective de Gauguin au Salon d’Automne récemment créé ; 227 oeuvres furent exposées (sans compter celles qui n’étaient pas numérotées) : peintures, dessins, céramiques et bois sculptés. Le critique belge Octave Maus écrivit : « Et enfin, voici Paul Gauguin sous tous les aspects de son mâle et savant talent, Paul Gauguin grand coloriste, grand dessinateur, grand décorateur, peintre multiforme et toujours sûr de lui.3 » Lorsqu’il s’agit de la reconnaissance ou de la non-reconnaissance des conceptions artistiques de Gauguin et de sa place dans l’art, les appréciations variées des experts de différentes générations, ayant des convictions et des goûts esthétiques divers, sont tout à fait légitimes. Certains voient en Gauguin un destructeur du réalisme qui s’en est violemment pris à la tradition et qui s’est frayé un chemin pour parvenir à un « art libre » qui sous-entend les courants les plus divers : le fauvisme, l’impressionnisme, le surréalisme et l’abstraction pure. D’autres considèrent Gauguin comme le continuateur de la tradition artistique européenne. De nombreux contemporains jugeaient avec suspicion et méfiance son départ d’Europe, partant de la conviction qu’un véritable maître peut et doit créer dans son pays natal et ne doit pas aller chercher l’inspiration dans des voyages au bout du monde, ni dans une culture différente de la sienne.

Pissarro, Cézanne, Renoir étaient de cet avis. Ils considéraient le désir de Gauguin de se tourner vers la stylistique de la culture océanienne comme une sorte de pillage. Cette discordance sur les opinions sur Gauguin n’est pas fortuite. La vie et l’art du peintre manifestent de nombreuses contradictions, il est vrai plutôt extérieures et apparentes que réelles. Gauguin fait partie de ces maîtres dont le destin personnel se fond dans la création, alors que celle-ci est la concrétisation des idéaux de l’artiste.
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