
Charles Le Brun : « Ce que vous allez apprendre sur l’artiste-star du XVIIe siècle va sûrement vous étonner ! »
Charles Le Brun est pour toujours associé à Louis XIV et au faste de son règne. Le XVIIe siècle voit alors l’art français briller à son zénith, astre égal au suzerain solaire. Car le goût du roi pour la magnificence ne peut souffrir les petitesses d’ambition, et Louis XIV n’est point avare de moyens pour s’assurer l’immortalité par les arts, tel les antiques pharaons amassant richesses et compagnie dans leurs futurs tombeaux.
Le Brun, en tant que Premier peintre du Roi, peint selon le bon plaisir du monarque. Louis XIV est son mécène, son patron et sa muse, au point qu’il ne peint presque plus rien en dehors des royales commandes pendant les nombreuses décennies à son service. Cela vaudra à son art d’être qualifié de propagande, tant son style narratif et académique s’applique à glorifier les hauts faits du souverain à travers une clarté de sens où l’ambiguïté n’a pas sa place. Sa conception picturale presque pédagogique transforme, à la demande du monarque, le château de Versailles en un véritable livre d’histoire à la gloire du règne prospère du Roi-Soleil – et comment, en effet, ne pas être ébloui par la splendeur du Royaume de France tel qu’il est montré dans Le Roi prend Maëstricht en treize jours ou La Prééminence de la France reconnue par l’Espagne, qui ornent le plafond de la galerie des Glaces ?

Directeur des Gobelins dès 1663, il y orchestre peintres, sculpteurs, doreurs, tapissiers et orfèvres, et rien n’est fabriqué au Royaume sans que Le Brun en eût effectué au préalable les esquisses. Ainsi, il travaille à la décoration du Louvre, de la Galerie d’Apollon, de Versailles, des jardins à la galerie des Glaces, du Château de Vaux, de Hesselin, des Tuileries, de nombreuses églises et même des carrosses du Roi… Le CV du maître le plus puissant et le plus éclatant de l’art du XVIIe siècle en France est impressionnant !
Néanmoins, si vous pensiez tout connaître de Charles Le Brun depuis votre visite de Versailles avec votre classe de CM2, vous vous trompez. Le Premier peintre du Royaume a une passion méconnue. En opposition aux portraits et aux paysages qui ne nécessitent selon lui que de la technique, Le Brun est davantage intéressé par la recherche spirituelle et intellectuelle de la peinture, qu’il veut élever au rang des sciences. Il s’applique tout particulièrement à rendre les émotions à travers les expressions, car selon lui l’âme et le caractère sont visibles sur les traits du visage. Cette méthode s’appelle la physiognomonie, et un nom est si difficile à prononcer qu’il est étonnant que cette pseudo-science ait existé pendant si longtemps, depuis l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle tout particulièrement, où elle connut alors un essor en se fondant à certaines théories (absurdes) de criminologie.

Les dessins les plus amusants de Le Brun sont ceux où il représente des visages humains inspirés d’animaux. Ainsi les traits du lion chez un homme rappelleraient la noblesse de son âme ; ceux du renard, la perfidie ; le chameau serait symbole de bêtise, et l’ours, de sagesse. De là à comparer la physionomie des visages fauves du maître aux expressions anthropomorphes des dessins animés Disney de Mufasa à Baloo, il n’y a qu’un pas, que je n’oserai pas franchir car l’académicien Le Brun pourrait mal le prendre. Mais certainement, vous voyez où je veux en venir… ?
Au lieu d’aller perdre votre temps à aller voir au cinéma Le Livre de la jungle et Angry Birds, courez plutôt vous cultiver à l’expo Charles Le Brun au Musée du Louvre du 18 mai au 29 août. Ou au moins re-re-regardez la version animée originale de 1967 pour chanter avec le roi Louis (l’autre) !
Oh woupidou
je voudrais marcher comme vous
et parler comme vous
faire comme vous, tout
un singe comme moi
pourrait, je crois,
être parfois bien plus humain que vous.

Capucine Panissal
Image de couverture: Tête physiognomonique inspirée par une chouette, vers 1670. Musée du Louvre.

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