
Berthe Morisot
Le texte ci-dessous est l’extrait du livre L’Impressionnisme: écrit par Nathalia Brodskaïa , publié par Parkstone International.
Une femme peintre était un phénomène rare au milieu du XIXe siècle et, dans le camp hostile à l’art officiel, c’était un cas exceptionnel. Berthe Morisot participa à la plupart des expositions des impressionnistes. Berthe Morisot était bien née. Sa famille, du côté paternel, était apparentée de loin à Jean- Honoré Fragonard et à l’artiste peintre Marguerite Gérard. Son père, Edmé Tiburce Morisot, occupait de hautes fonctions administratives. Berthe naquit le 14 janvier 1841 à Bourges, son père étant, à ce moment-là, préfet du Cher. La mère de Berthe, Marie-Cornélie Thomas, venait d’une famille fort honorable ; son père était inspecteur des finances. Sa mère veillait à l’éducation de ses quatre enfants, faisait venir des professeurs à domicile. Son père était un amateur d’art et c’est sur son initiative que les trois soeurs Morisot commencèrent à prendre des leçons de dessin.


Huile sur toile, 61 x 50 cm. Palais des Beaux-Arts, Lille.
Leur premier professeur, Joseph-Benoît Guichard, amena les soeurs Morisot chez Camille Corot. Corot ne leur donna pas de leçons proprement dites mais il distribua des conseils, qui constituèrent le fondement de l’impressionnisme de Berthe.
Les soeurs Morisot allaient régulièrement au Louvre copier les maîtres anciens. Le musée était un lieu de rencontres constantes entre peintres. C’est là que, vers 1860, elles firent connaissance avec Henri Fantin-Latour. Il présenta Berthe et Edma au graveur Félix Bracquemond qui devint un ami fidèle des impressionnistes. C’est seulement en 1867, au Louvre, qu’Édouard Manet fut présenté par Fantin-Latour à Berthe, lorsqu’elle copiait Rubens. Peu de temps après, Manet et sa femme et la famille Morisot s’invitaient constamment les uns chez les autres. Chez Manet, Berthe rencontra Degas et, à partir de ce moment, il fut presque tous les mardis aux réceptions de Madame Morisot. Manet, dès leur première rencontre, avait donné la préférence à Berthe. Et dès 1868, elle posait pour lui pour Le Balcon. Les lettres de Berthe montrent à quel point l’opinion de Manet était importante pour elle. Berthe ne pouvait pas rester indifférente à son manque d’attention.

Huile sur toile, 65,5 x 73 cm.
Musée d’Art Tokyo Fuji, Tokyo.

Berthe était toujours sujette aux doutes et aux tourments. Enfin le Salon ouvrit et ses tableaux y étaient exposés. La fin des années 1860 et le début des années 1870 furent une période particulièrement tourmentée pour Berthe. Ses deux soeurs étaient mariées, seule Berthe, à trente ans, restait encore avec ses parents bien qu’elle fût courtisée par beaucoup. Nul ne sait quelles furent réellement ses relations avec Édouard Manet, mais au début de l’été 1870 elle posait de nouveau pour lui. Le Repos – Portrait de Berthe Morisot, constitue une remarquable étude psychologique de la jeune femme. Cette peinture, faite à la manière d’une esquisse, rend le portrait particulièrement vivant. Le modèle s’est rejeté en arrière contre le dossier d’un sofa ; on a l’impression qu’elle s’est assise pour un instant et a été envahie par ses pensées. L’expression de son visage n’était pas destinée à être vue, la tristesse a voilé un instant son regard. Deux ans après, Manet peignit Berthe Morisot au bouquet de violettes (1872, collection privée). Là, Berthe est tout à fait différente. Elle paraît plus jeune, ses yeux immenses, dans l’ombre, regardent distraitement, sur ses lèvres un sourire pensif est prêt à poindre. Les mèches de cheveux qui s’échappent en désordre de dessous son chapeau excentrique « à la dernière mode » rappellent qu’elle fait partie de la bohème. La prédominance du noir dans cette peinture donne à l’image de la jeune femme un caractère mystérieux. Une telle complexité psychologique, tant de nuances de sentiments, difficilement définissables par des mots, sont l’essence même de la marquante individualité, à nulle autre pareille, de Berthe. Avec ses onze portraits, Manet n’a pas moins fait pour la mémoire de Berthe Morisot que la peinture de l’artiste elle même.

L’année 1870 fut pour Berthe Morisot, comme pour les autres peintres, la limite entre deux époques. Elle apprit que Degas et Renoir étaient partis pour l’armée. Son frère fut fait prisonnier par les Prussiens. Berthe resta à Paris, tout comme Édouard Manet. Ce dernier était indigné ; il tenta de la persuader de partir. Mais Berthe était ferme dans ses décisions. Les gardes nationaux réquisitionnèrent son atelier et en firent une caserne. De nouveau, elle chercha un soutien auprès d’Édouard Manet et Berthe se remit sérieusement à la peinture. Au Salon de 1872, figura le portrait de sa soeur Edma, qu’elle avait peint lorsque celle-ci était venue chez ses parents pour la naissance de sa fille. Berthe se rendit dans le midi de la France et en Espagne. Peut-être est-ce pendant ces voyages qu’elle comprit combien il était difficile de reproduire en peinture les effets de la nature.
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