Duncan Grant, Le Bain, 1920, L'Homosexualité dans l'Art
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Trouver la vraie beauté dans “L’Homosexualité dans l’Art”

Le texte ci-dessous est l’extrait du livre L’Homosexualité dans l’Art (ASIN: B016XN16UK), écrit par James Smalls, publié par Parkstone International.

Associer art et homosexualité pourrait sembler étrange mais les deux phénomènes font partie de l’histoire de l’homme depuis la nuit des temps, ou du moins depuis les origines de la civilisation. Rapprocher deux concepts aussi vastes – art et homosexualité – est néanmoins difficile et relève du défi. Les deux catégories soulèvent une multitude de problèmes et posent une série de questions irritantes et jusque-là sans réponse.

Contrairement à l’art, l’autre terme du titre, « homosexualité », peut être défini de manière plus spécifique. L’homosexualité et ses aspects émotionnels ont existé de tout temps et dans toutes les cultures bien avant l’invention du mot. Elle est, et a toujours été, un aspect du domaine très complexe de la sexualité humaine. La manière dont s’expriment visuellement l’amour homosexuel et sa sensibilité est souvent le reflet du statut des homosexuels au sein de leurs cultures particulières. Ces images constituent un indicateur, soit du degré de tolerance de la société, soit des préjugés toujours plus restrictifs engendrés par les traditions et la religion.

Jonathan, David et Saül, d’après la Somme le roi, L'Homosexualité dans l'Art, James Smalls
Jonathan, David et Saül, d’après la Somme le roi, British Library, Londres

Dans l’Occident moderne, l’homosexualité est souvent considérée d’un point de vue binaire : sexualité et sexe. La véritable notion d’homosexualité en Occident implique que les sentiments et leur expression entre personnes de même sexe, à travers les formes sexuelles et érotiques les plus variées, constituent une chose unique, un phénomène intégré appelé homosexualité, distinct et isolé de l’hétérosexualité. Cependant, dans les sociétés anciennes, pré-modernes et non occidentales décrites dans ce livre, l’identité ou la différence de sexe des personnes engagées dans un acte sexuel étaient moins importantes que la mesure dans laquelle ces actes sexuels pouvaient violer ou se conformer aux préceptes de la religion, aux règles de conduite ou à la tradition considérés comme appropriés au sexe, à l’âge ou au statut social d’un individu.

Pour cette raison, les discours sur la pédérastie (du mot grec « amour des garçons ») et la sodomie (sexe anal) liées à la classe, l’âge et le statut social étaient plus importants que le fait que les partenaires soient du même sexe. Les inquietudes quant à la moralité de l’homosexualité, ou inversion sexuelle, sont typiques d’approches modernes plutôt que pré-modernes. Ce que nous qualifions de comportement homosexuel ne faisait pas, en Grèce par exemple, l’objet d’une désapprobation. Pourtant il existait des règles sociales strictes qui régissaient ce comportement. Dans l’Athènes antique, une relation homosexuelle entre un adolescent et un homme mûr était généralement vue comme une phase positive du développement éducatif et social d’un jeune homme.

Le Sodoma, Saint Sébastien, vers 1542, L'Homosexualité dans l'Art, James Smalls
Le Sodoma, Saint Sébastien, vers 1542. Palazzo Pitti, Florence, Italie

En effet, de telles relations furent célébrées dans les nombreux dialogues de Platon, sur les fresques murales et dans la poésie lyrique. À un certain point de son évolution, cependant, on attendait du jeune garçon qu’il se marie et élève des enfants. Ce que l’on désapprouvait dans ce type de rapports sexuels entre générations était la passivité et la soumission avide à la copulation anale. Il faut néanmoins souligner que pour les Grecs anciens, ni la morale, ni la religion ou la société ne servaient de fondements pour la censure des relations érotiques entre hommes se conformant aux arrangements hiérarchiques établis entre un homme adulte et un adolescent.

L’homosexualité dans l’art du monde non occidental s’est manifestée de la même manière que dans les anciennes civilisations occidentales. Cependant, c’est par le biais de l’expansion coloniale et des conquêtes entamées au XVIe siècle que les Occidentaux ont établi des contacts avec des peuples et des cultures jusque-là inconnus, aux Amériques, en Afrique, en Asie et dans le monde arabe. Les valeurs morales de l’ouest furent rapidement imposées aux populations conquises. Des cultures qui avaient célébré l’homosexualité furent bientôt obligées non seulement d’abandonner cette idée, mais aussi de la percevoir comme mauvaise et moralement répréhensible. (Voir Saslow, 109–111).

Rezâ-e-Abbâsi, Deux amants, 1630, L'Homosexualité dans l'Art, James Smalls
Rezâ-e-Abbâsi, Deux amants, 1630. Miniature, détrempe et dorure sur papier. The Metropolitan Museum of Art, New York

Le développement historique et social complexe de l’homosexualité dans le monde occidental indique qu’il s’agit de bien plus que d’une simple préférence sexuelle ou érotique consciente entre gens de même sexe. Elle s’est transformée en un nouveau système sexuel agissant comme un moyen de définir l’orientation et l’identité sexuelles d’un individu. L’homosexualité est devenue un moyen d’identification. En tant que tel, il a « introduit un élément nouveau dans l’organisation sociale, dans la différence humaine, dans la production sociale du désir et finalement dans la construction sociale du soi. » (David Halperin, « Homosexuality », in Haggerty, 454–55).

Un aspect significatif de l’histoire de l’homosexualité est celui de la langue et de sa désignation. Le passage de l’emploi du mot « homosexuel » au mot « gay » est la meilleure preuve de l’importance des dimensions politiques de l’individualité et de l’identité en tant que composantes essentielles dans la vision des homosexuels sur eux-mêmes.

Jean Auguste Dominique Ingres, Le Bain turc, 1862, L'Homosexualité dans l'Art, James Smalls
Jean Auguste Dominique Ingres, Le Bain turc, 1862. Toile sur bois, diamètre : 108 cm. Musée du Louvre, Paris

Dans les années 60 et 70, en Amérique, le mot « gay » a remplacé « homosexuel » comme terme de choix car beaucoup d’activistes gays trouvaient le terme « homosexuel » trop clinique et trop lié à une pathologie médicale. Au moment des émeutes de Stonewall de 1969, « gay » était le terme dominant pour l’expression de l’identité sexuelle des activists homosexuels plus jeunes et plus engagés politiquement. Par rapport à « homosexuel », « gay » était censé exprimer la conscience politique grandissante du mouvement de libération gay. Les deux termes, « gay » comme « homosexuel », peuvent qualifier hommes et femmes. Cependant, certaines femmes ont contesté l’exclusion implicite de la catégorie « gay » et ont préféré la désignation « lesbienne ». Ce marchandage au sujet des noms et des désignations est significatif dans l’histoire de l’homosexualité. Le débat des « gays » contre les « lesbiennes » révèle que la relation entre l’identité homosexuelle et l’identité sexuelle a toujours été controversée.

Georges Brassaï, Jeune couple au bal de la Montagne Sainte- Geneviève, 1931, L'Homosexualité dans l'Art
Georges Brassaï, Jeune couple au bal de la Montagne Sainte- Geneviève, 1931. Photographie. Estate Brassaï, Paris

Le développement croissant de l’identité gay, lesbienne et queer, de leur rôle politique et de leur culture est inevitable étant donné les interconnexions entre personnes et cultures différentes, propres au processus de globalisation. Il y aura toujours une résistance face à la différence, mais c’est le rôle des artistes visuels du XXIe siècle de nous maintenir sur la bonne voie et de nous rappeler ce qui a été accompli et ce qui reste à faire…

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