
Van Gogh : de Hollywood au festival de Cannes
Le 18 juillet 1944, le général S.S Tanz, héros de la campagne de Russie et nettoyeur de Varsovie, pénètre dans le musée de l’Orangerie à Paris. En effet, depuis 1940, les services allemands réquisitionnent les œuvres d’art, tant auprès des collectionneurs juifs que lors de pillages méthodiques. Dans ce musée, une salle est alors réservée à l’art « dégénéré » selon la définition nazie. Là se côtoient des tableaux de Toulouse-Lautrec, Chagall, Kandinsky et autres.
Parmi ces chefs-d’œuvre, le général Tanz aperçoit un autoportrait de Van Gogh. A sa vue, le général est pris de sueur, son visage se tord, son équilibre se rompt, manquant de le faire chuter.
« J’étais arrivé à ce point d’émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux-Arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j’avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber. » Les spécialistes appellent cet état le « syndrome de Stendhal », bien connu des amoureux de l’Italie de la Renaissance.
Il s’agit bien sur d’une scène extraite du film « La Nuit des généraux » avec Peter O’Toole et Omar Sharif, tourné en 1967 par Anatol Litvak d’après un scénario de Joseph Kessel.
Le 20 juillet sera le début de l’opération Walkyrie. Un autre film de 2008 par Bryan Singer raconte le putsch des généraux contre Hitler, avec Tom Cruise dans le rôle du colonel Stauffenberg.
Un film sur Van Gogh, s’intitulant « Le Train » de 1964 avec Burt Lancaster, Jeanne Moreau et Michel Simon, raconte l’histoire des œuvres perdues françaises. Mlle Villard répertorie à la Galerie nationale du Jeu de Paume toutes les pièces à envoyer en Allemagne ; l’héritage de la France : Van Gogh, Monet, Renoir, etc. Cette femme courageuse tiendra un rôle majeur dans la recherche des trésors perdus. Le dernier film de Georges Clooney avec Matt Damon et Jean Dujardin, « The Monument Men », 2014, fait référence à Rose Valland, s’inspirant du personnage de Mlle Villard. Mais le cinéma aime les personnages aussi forts et aussi complexes que Van Gogh.
Ainsi en 1956, Vincent Minelli réalise « La Vie passionnée de Vincent van Gogh » avec Kirk Douglas. Cette production est typique d’une époque, de ce Hollywood entre deux périodes, la fin des grands studios et l’arrivée de la télévision. Le Van Gogh de Kirk Douglas est d’un réalisme saisissant. L’acteur porte le rôle en lui, au delà des plateaux. Ces proches aiment rapporter qu’il ne pouvait se départir de cette folie en dehors des caméras et qu’il inquiétait les membres de sa famille (Kirk allait-il s’en sortir indemne de cette composition ?)
Autre temps, autre metteur en scène avec Maurice Pialat. Jacques Dutronc obtient la palme d’or à Cannes et une pluie de récompense, mais c’est un Van Gogh fragile qui laisse le spectateur dans un malaise profond. Peut être l’image de Jacques Dutronc chanteur des filles de chez Castel vient télescoper celle d’un peintre pathétique. A vrai dire Kirk Douglas semble plus proche de l’original.
Reste qu’à chaque fois que je me trouve face à cet autoportrait un malaise m’envahit, « le syndrome de Stendhal ? », certainement réaction ou regret de ne point posséder ce chef d’œuvre dans mon salon (ou seulement le vague a l’âme d’un collectionneur impécunieux) !!!
Notre nouveau livre sur Van Gogh, dans la collection Essentiel, est disponible en version papier et en ebook.


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