
L’Art du graffiti
Le mouvement graffiti commença avec les expositions à la galerie Fashion Moda, à la Fun Gallery, au Mudd Club, et autres espaces ouverts au début des années 1980. Puis il s’étendit aux galeries établies de SoHo, de la 57e Rue, et du Salon de l’Art de Bâle. Il prit fin, quelques années plus tard, quand l’attention des critiques, des marchands d’art et des collectionneurs se porta vers de nouveaux engouements.
Il existe nombre de raisons qui expliquent que les graffeurs du métro n’ont jamais reçu l’attention sérieuse donnée à leurs pairs. Tout d’abord, les compositions sur lesquelles ils basèrent leurs carrières, les voitures entières qui monopolisèrent l’attention, soit positive, soit négative du public, ont toutes été détruites. Aussi, ces artistes furent souvent oubliés parce que le graffiti fut fermement associé avec la culture hip-hop, qui le liait au marché de masse, et non de l’art établi. Quand l’intérêt du public pour le graffiti diminua, quelques-uns des anciens graffeurs du métro développèrent des carrières de graffeurs tandis que Basquiat, Haring et Scharf réussirent à transcender les multiples références à la culture de masse dans leurs œuvres, accédant ainsi au rang de vrais artistes…

Ces trajectoires professionnelles distinctes furent, depuis le début du mouvement, établies par les critiques pour analyser l’art des graffeurs. Basquiat, Haring et Scharf furent considérés comme parties intégrantes de l’histoire de l’art, tandis que les graffeurs du métro ne bénéficièrent pas de cette reconnaissance. Ils rejetaient l’appellation « graffiti », terme imposé par la culture officielle de l’état qui voulait le supprimer. « Le graffiti » qualifiait leurs créations de vandalisme criminel. Ils préféreraient appeler leur activité « écriture » ; terminologie qui permet de faire la distinction entre ce qui était écrit sur les trains et ce qui était peint sur la toile. Les graffeurs insistaient pour qu’on ne parle pas de leurs peintures comme du « graffiti » parce que ces œuvres étaient créées légalement, et pour un public différent de celui qui voyait les tags et les pièces du métro.

Les graffeurs ont développé leurs styles en suivant un système d’apprentissage bien hiérarchisé, qui permettait aux aspirants tagueurs d’approcher des artistes déjà bien établis. En effet, ces derniers pouvaient critiquer les créations des plus jeunes, griffonnées dans des carnets de croquis noirs et cartonnés, appelés « Black Books », leur donner des tags à copier pour s’entraîner, et finalement les inviter à participer à la réalisation d’une œuvre – une création à grande échelle recouvrant la plupart, voire l’ensemble, d’une rame de métro. Le jeune graffeur pouvait alors intégrer un crew avec ses idoles du graffiti, et faire ses preuves en améliorant le style de la signature du groupe. En consacrant des heures à son art, il pouvait parvenir à maîtriser les techniques de peinture à la bombe, se familiariser avec la palette des différents fabricants d’aérosol, apprendre le réseau entier des lignes de métro, et l’emplacement des dépôts et des chantiers, et surtout développer son propre style. Le but ultime était d’être reconnu par ses pairs comme « roi » d’une ligne de métro particulière, si ses tags étaient suffisamment nombreux et son style suffisamment impressionnant.
Toutefois, pendant plusieurs années, au début des années 1980, le mouvement de l’art du graffiti s’accommoda avec succès des règles tacites du marché de l’art, et combla les attentes des critiques et des collectionneurs. Pendant un temps, il sembla que n’importe quelle personne talentueuse pouvait faire ses preuves en tant qu’artiste, et que la classe sociale, la couleur de peau et les diplômes n’avaient pas
d’incidence sur le succès artistique.
Pour en savoir davantage sur ce mouvement, il vous suffit de vous procurer les deux ouvrages publiés par Parkstone International, Le Pressionnisme et American Graffiti.


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