
Amadeo de Souza-Cardoso : Apollon /Paris entre amis/3 GRAMMES DE PORTO/ Article abstrait sur peintre pas pittoresque
La figure (et quelle figure ! quels traits ! de toute beauté…) de l’artiste portugais Amadeo de Souza-Cardoso (1887-1918), fait partie de celles qui ont marqué le XXe siècle par leur audace, mais sans pour autant obtenir la consécration que l’on connait pour d’autres (manque de pot car ses supers copains Delaunay, Modigliani et Picasso, ont eux des noms qui vous disent quelque chose…). En tant qu’artiste de son époque, et en rupture avec l’Académisme portugais, il s’est confronté aux différents mouvements en vigueur comme l’Impressionnisme, le Fauvisme, le Cubisme, le Futurisme, l’Expressionnisme – tout en prenant bien soin de ne se revendiquer d’aucune école afin d’établir sa propre modernité. Ses voyages entre la France et le Portugal situent sa peinture au carrefour des deux pays.
Connu pour sa détermination et son approche instinctive de l’Art mais également pour son sens de l’accueil et de la fête – ah ça la picole ça y allait ! comme en témoignent certaines photos et autres citations, cf. Amadeo de Souza-Cardoso, collection Musée du Monde – Souza-Cardoso a fait transparaître dans ses œuvres son regard neuf sur le monde.

Son travail, influencé par Gauguin et ses aplats de couleurs, puis par Cézanne et ses volumes, s’est vu modifier au fur et à mesure du temps et de ses rencontres.
Les plus déterminantes dans son parcours sont, dans un premier temps, celles avec Modigliani, dont il s’inspire pour ses dessins, et avec Brancusi, tous trois partageant un certain goût pour l’Art nouveau (Brancusi se serait lui-même inspiré du travail de Souza-Cardoso pour la réalisation de La Princesse X). Puis dans un second temps, avec Delaunay et Picasso pour leur voies diverses vers l’abstraction en passant par l’orphisme et le simultanéisme pour l’un (l’emploi des cercles orphiques, ainsi que le travail particulier sur la lumière donnent une nouvelle dimension au travail de l’artiste portugais), et le cubisme pour l’autre (le motif de la guitare vu chez Picasso est repris et devient un leitmotiv dans plusieurs des tableaux de Souza-Cardoso).
Toutefois il a toujours opéré une réappropriation des procédés caractéristiques des différents artistes afin de transcender les codes proprement établis. Être ou ne pas être un mouton, telle était la question !
Ses dernières peintures laissent présager une virtuosité nouvelle dans l’abstractionnisme ; les objets de la vie moderne sont intégrés à sa peinture sous forme de collages et les fragments de langage insérés tendent à prendre une valeur picturale signifiante. Déjà qu’un peu avant il donnait à ses Å“uvres des titres complètement loufoques comme : « Trou de la serrure ACCOUCHEMENT DE LA GUITARE Bon ménage Fraise avant-garde » ou encore « Volupté Violon / Aimant / Oscillation cinabre / Ici à l’intérieur et au grand air » (c’est lui le précurseur des hashtags), là il fallait beaucoup fumer la pipe pour tout saisir…

En 1918, des causes d’une grippe espagnole (jaloux!), Souza-Cardoso mourut à seulement trente ans. En dépit de cette mort prématurée, il fut un artiste prolifique dont les œuvres poignantes marquent un tournant considérable dans l’Histoire de l’Art portugais et offrent au public actuel un large panel testimonial de ce qu’a été le modernisme.
Vous avez du 20 Avril 2016 au 18 Juillet 2016 pour aller voir l’exceptionnelle rétrospective « Amadeo de Souza-Cardoso 1887-1918 » au Grand Palais, qui regroupe 150 œuvres comprenant celles de l’artiste portugais et de ses amis les plus proches. Ne manquez donc pas cette occasion formidable ! Et pour plonger dans l’œuvre de l’artiste, consultez les ouvrages : Souza-Cardoso collection Focus et Amadeo de Souza-Cardoso collection Musée du Monde à paraître le 20 avril 2016 par Parkstone International.
http://www.amadeosouza-cardoso.com
Image de couverture : Deuil Tête Fume-cigarette, vers 1914-1915. Huile sur toile, 50 x 50 cm. Collection privée en dépôt au Museu Municipal Amadeo de Souza Cardoso, Amarante.

