René Seyssaud, La Route, 1901
Art,  Français,  History

La révolution fauve : Quand la couleur a conquis le monde de l’art

Le texte ci-dessous est l’extrait du livre Les Fauves (ISBN: 9781783103720) écrit par Nathalia Brodskaya, publié par Parkstone International.

Des décennies entières s’écoulent les unes après les autres, ternissant ce qui autrefois paraissait briller avec éclat. Mais tout ne dépend pas du temps dans une égale mesure. À cet égard, l’art des fauves garde toute sa splendeur. Formé au sein de la peinture française à la charnière des XIXe et XXe siècles, le Fauvisme attira immédiatement l’attention du public. Le scandale qu’il provoqua au fameux Salon d’automne de 1905 prouvait qu’un nouveau courant à force explosive était né. Le Fauvisme (tel fut le nom qui lui fut donné par la suite) représentait un véritable danger pour l’art académique, qui répondait aux goûts de la société de consommation, ainsi que pour tous les peintres reconnus par cette société qui prenaient bien soin de ne pas choquer les convenances de la bourgeoisie avec des tableaux trop audacieux.

Moins de trois années s’avérèrent suffisantes pour que se formât autour des peintres fauves sinon un cercle étroit de spectateurs constants, du moins un groupe d’admirateurs et de marchands. Leurs détracteurs n’arrivaient pourtant pas à les empêcher de rivaliser avec les autres tendances artistiques. Chacun de ces peintres eut son propre destin, conforme à ses traits caractéristiques, mais aucun d’entre eux ne connut la gêne ou l’impuissance dans sa lutte contre l’art officiel. Pas un ne laissa après sa mort un atelier rempli d’oeuvres inappréciées, se distinguant totalement en cela de Gauguin, Van Gogh ou Toulouse-Lautrec.

Henri Matisse, Femme sur la terrasse, vers 1906, Les Fauves
Henri Matisse, Femme sur la terrasse, vers 1906. Huile sur toile, 65 x 80,5 cm. Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.

Les fauves virent de leur vivant leurs oeuvres accrochées aux murs des plus célèbres collectionneurs, et même plus tard des musées. Ils étaient l’objet d’une attention particulière de la part de la presse et jouissaient d’une grande estime de la part de leurs contemporains. Ils furent considérés maîtres éminents bien avant d’avoir atteint l’âge mûr, lorsque souvent les cheveux blancs remplacent le talent. On pourrait penser que l’habitude a affaibli l’acuité des premières impressions ; mais elles gardent toujours leur éclat initial. Les peintres fauves sont depuis longtemps morts, mais leurs oeuvres, tout aussi vivantes, produisent sur le visiteur le même choc qu’au début du siècle.

Le terme de « fauve » a été employé pour la première fois par un critique en 1905 pour marquer sa désapprobation devant ces tableaux aux couleurs hurlantes tous rassemblés dans une salle du fameux Salon d’automne. En effet, dans son article consacré à l’oeuvre des quelques dix coloristes qui s’étaient manifestés pour la première fois publiquement et en commun, article publié dans la revue Gil Blas, Louis Vauxcelles écrivait : « Au centre de la salle VII un torse d’enfant d’Albert Marque. La candeur de ce buste surprend au milieu de l’orgie des tons purs : Donatello chez les fauves. »

André Derain, Port, vers 1905, Les Fauves
André Derain, Port, vers 1905. Huile sur toile, 62 x 73 cm. Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.

Ce terme si inattendu pour un critique d’art – fauves, bêtes sauvages – se trouva être tellement précis qu’il fit très rapidement fortune et se généralisa la même année. Le critique Jean Aubry notait déjà dans son article concernant la même exposition et daté du mois de novembre 1905 : « Enfin, voici ceux que je ne sais plus qui a appelé les jeunes fauves. » Ainsi, l’origine du terme est très simple et due en grande partie à un simple hasard. Dès lors, Matisse, Derain, Vlaminck, Van Dongen, Camoin, Puy, Marquet, Manguin, Rouault, Dufy, Friesz, Valtat, ainsi que certains autres peintres se trouvèrent liés au « Fauvisme ».

La simple apparition du terme démontre sans aucun doute que le courant nouvellement né avait déjà acquis des traits spécifiques. Néanmoins, personne, pas même Vauxcelles, ne pouvait encore ni désigner ses limites, ni prévoir son importance. Il faudra près d’un demi-siècle pour que le public revienne au Salon de 1905 et prenne conscience de ce qui s’y était alors passé.

Kees Van Dongen, Antonia la Coquinera, 1906, Les Fauves
Kees Van Dongen, Antonia la Coquinera, 1906. Huile sur toile, 100 x 81 cm. Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.

Vers la seconde moitié du XXe siècle, les souvenirs et l’appréciation des contemporains cédèrent la place à une étude scientifique beaucoup plus approfondie. Toutefois, les critiques d’art se heurtèrent à une particularité étonnante : approuvé par le temps, le Fauvisme, de par sa chronologie et ses particularités, échappe à toute classification. La parution de nouveaux ouvrages tels que L’Histoire du Fauvisme revue et corrigée, ou encore Fauvism Reexamined n’est donc pas un hasard, même si de nombreuses publications existent déjà sur le sujet. Les expositions se succèdent les unes aux autres, témoignant d’un intérêt international envers l’art des fauves.

On le compare aux autres tendances artistiques qui lui étaient contemporaines, revenant encore et encore à ces toiles exposées pour la première fois en 1905. Cette attention suivie est probablement due aux faits suivants : premièrement, le temps révèle toujours de nouveaux aspects du tournant qu’effectua la peinture au début du XXe siècle, et, deuxièmement, ce qui n’est pas moins important, tous les « jeunes fauves », sans aucune exception, constituèrent la gloire de la peinture française. Le Fauvisme, cette communauté artistique qui réunit des personnalités incontestables, a permis de mettre en évidence les capacités de chacun au lieu de les uniformiser.

Henri Lebasque, Avant la Baignade, vers 1907, Les Fauves
Henri Lebasque, Avant la Baignade, vers 1907. Huile sur toile, 72,5 x 54 cm. Musée Pouchkine, Moscou.

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