
Henri de Toulouse-Lautrec : Les spectacles de la nuit parisienne
Le texte ci-dessous est l’extrait du livre Henri de Toulouse-Lautrec (ASIN: B07BFSKJZV), écrit par Jp Calosse, publié par Parkstone International.
Le catalogue raisonné de ses Å“uvres, publié en 1971 par l’historienne d’art Madeleine Grillaert Dortu, énumère
- 737 peintures
- 275 aquarelles
- 369 lithographies (y compris les affiches)
- 4 784 dessins (sans compter les dessins érotiques)
<< Si j’étais Français, mort ou pervers ou mieux encore, tout cela à la fois alors oui, il ferait bon vivre ! >>
sur une illustration de 1910 de l’hebdomadaire politico-satirique Simplicissimus, un peintre méconnu s’exclame
Henri Marie Raymond de Toulouse-Lautrec naquit en 1864 à Albi dans le sud-ouest de la France, au sein d’une riche famille aristocratique et distinguée, dont les origins remontaient jusqu’à l’époque des croisades. Le père de Lautrec était un home excentrique qui ne s’occupa guère de son fils.
Sa mère, dévote et excessivement protectrice, fut sévèrement critiquée pour sa façon de traiter son fils à un stade avancé de sa maladie. La correspondance qui a été préservée nous révèle pourtant que les rapports familiaux étaient empreints de confiance et d’affection. Le jeune Henri était choyé et gâté.

Une de ses grands-mères écrivit à son propos :
<< Henri chante du matin au soir, inlassable comme une cigale, jusqu’à ce que toute la maisonnée soit joyeuse. Chaque fois qu’il part, il laisse un vide immense, car, en vérité, il compte pour vingt personnes. >>
Avant le XXe siècle, durant lequel de tells choses perdirent de plus en plus de leur importance, Toulouse-Lautrec, de par ses origins aristocratiques et privilégiées, occupa une place à part parmi les grands peintres européens. Nous ne devons pas oublier que c’est en majeure partie grâce à une seule classe sociale, à savoir la bourgeoisie, si souvent décriée, que la culture française connut ce grand apogée qui rayonna sur l’ensemble du monde du XIXe siècle. On est frappé de constater combien le nombre d’artistes français de haut niveau issus des classes ouvrières ou des couches supérieures de la société est bas.
Dès son plus jeune âge, Henri fut encourage à dessiner et à peindre, et on le félicita pour ses efforts précoces. À cette époque, on attendait des aristocrates, au même titre que des femmes, qu’ils ne dépassent jamais le stade d’amateur doué (ce qui fait penser aux sflurs Morisot, dont le professeur avait prévenu les parents que leurs facultés artistiques croissantes pourraient bien leur porter préjudice).

Toulouse-Lautrec n’aurait probablement jamais non plus évolué au-delà de ce stade, s’il n’avait pas eu deux accidents à l’âge d’environ quatorze ans. Vraisemblablement dû à la consanguinité (ses parents étaient cousins germains et ses grands-mères étaient sflurs), ses jeunes os ne se ressoudèrent pas correctement par la suite et ses jambs cessèrent de croître ; il resta, par conséquent, estropié, retardé en matière de croissance et littéralement << déclassé >>. Impossibles désormais pour lui les passe-temps en plein air traditionnels de son rang, à savoir chasser et tuer tout ce qui bouge.
Les tableaux et les dessins de nu de Lautrec datant des années 1880, montrent suffisamment clairement ce qui avait tant offensé la vue de son maître, Bonnat. L’Étude de nu datant de 1883 et La Grosse Maria ou Vénus de Montmartre de 1885, réalisées pendant la période où Lautrec travaillait encore avec Cormon, sont des études de nu académiques comme Lautrec n’en aurait jamais peintes à une époque ultérieure.

Les deux personnages féminins sont assis, immobiles, probablement dans un atelier d’artiste, et les chaussures et les bas noirs du premier modèle confèrent au tableau une touche piquante de modernité. La posture de la femme exprime la solitude et la vulnérabilité, thèmes que Lautrec traitera plus tard en detail dans une bonne partie de ses nombreux tableaux de maisons closes.
Déjà pendant son apprentissage, Lautrec commença à explorer la vie nocturne parisienne ; il devait à l’avenir y puiser le plus clair de son inspiration et, finalement, elle devait également ruiner sa santé. Au début, René Grenier, un condisciple de l’atelier de Cormon, l’accompagna et l’encouragea dans ses virées nocturnes, et pendant un certain temps, il vécut même chez Grenier et Lili, sa belle épouse. De toute évidence, il appréciait la relation détendue et assez peu conventionnelle qui le liait à ce couple, car, à un moment donné, il peignit une caricature pornographique de Lili qui la montre nue, avec d’énormes seins pendants, suspendue au-dessus du nain, Lautrec, presque entièrement vêtu, et lui pratiquant une fellation.
Il était manifestement impressionné par Oscar Wilde, car en 1895, lors d’une de ses visites régulières à Londres, il assista même à quelques séances du procès contre Wilde, accusé de pratiques homosexuelles, et il réalisa quelques portraits du visage bouffi et androgyne de celui-ci.

C’est en 1896 que Lautrec atteignit le sommet de sa création artistique avec une série de onze lithographies (frontispice inclus) intitulée Elles qui représente des scènes de la vie quotidienne en maison close.
Cette série conclut de façon magistrale le travail intense que Lautrec fit sur ce thème au cours de la première moitié des années 1890 et, en effet, elle mit aussi fin à l’intérêt qu’il porta aux sujets de la << vie moderne >> à Paris, privilégiés par les écrivains et artistes français depuis environ 1860.
Courbet, Manet et tout particulièrement Degas ont amplement utilisé dans leurs fluvres le chapeau haut-de-forme comme symbole de la virilité et de la morale bourgeoise. Dans le cas présent, il se peut que Lautrec ait été inspiré par un tableau de Gervex intitulé Rolla ; tableau tristement célèbre par le fait qu’il fut refusé au Salon de Paris.
Lautrec traita presque chaque aspect de la sexualité humaine avec une honnêteté inébranlable, faisant parfois preuve d’un humour caustique, le plus souvent pourtant de sensibilité et d’une humanité qui nous fait comprendre que son art se situe aux antipodes de la pornographie avilissante…
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