
Pierre Bonnard. Peindre l’Arcadie

« Peindre l’Arcadie », c’est le titre de la rétrospective consacrée à Pierre Bonnard au Musée d’Orsay (17 mars – 19 juillet 2015). L’Arcadie est cette contrée mythologique devenue le symbole d’un âge d’or, d’un paradis pastoral, d’un lieu où règnent les idylles et le bonheur. L’exposition présentée au Musée d’Orsay entend nous faire découvrir l’Arcadie selon les yeux du peintre nabi mais aussi du sculpteur, graveur et photographe qu’était Pierre Bonnard.
Les femmes, les paysages, les plaisirs domestiques, le quotidien, Pierre Bonnard s’en inspire, il en rêve et les peint : « J’ai tous les sujets sous la main, explique-t-il. Je vais les voir. Je prends des notes. Et puis je rentre chez moi. Et, avant de peindre, je réfléchis, je rêve. » C’est ainsi qu’il transforme la réalité pour en faire un paradis. Rappelons-nous les conseils de Paul Gauguin à Paul Sérusier : « Comment voyez-vous ces arbres […] ? Ils sont jaunes. Eh bien, mettez du jaune ; cette ombre plutôt bleue, peignez-la avec de l’outremer pur ». Pierre Bonnard mit du jaune, beaucoup de jaune. Il exalta les couleurs, simplifia les formes. L’Atelier au mimosa est un quasi monochrome, solaire. Pierre Bonnard fut surnommé le « peintre du bonheur » parce que ses paysages étaient flamboyants, ses sujets souvent empreints d’humour.

Néanmoins l’angoisse n’est pas absente de ses compositions colorées. Par exemple, les miroirs dans ses œuvres ne reflètent pas toujours ce qu’ils devraient. Dans Nu au miroir ou La Toilette, une femme se regarde dans un miroir dans lequel son reflet est absent. Aussi, dans les parties floutées de ces peintures nous devinons des figures. Dans L’Atelier mimosa, une tête de femme en bas à gauche est à peine visible, elle est terne comme le visage de Marthe – sa femme et muse – dans Le Bol de lait (1919) peint vingt ans plus tôt. Si dans Nu dans le bain le soleil entre dans la pièce, les couleurs sont chatoyantes, le carrelage en revanche donne une impression glaciale. Le corps de Marthe semble flotter dans la baignoire comme dans un cercueil.
Une atmosphère fantomatique ressort de tous ces détails ; car en Arcadie, comme l’a déjà montré Nicolas Poussin – Les Bergers d’Arcadie ou Et in Arcadia Ego (vers 1638-1640) – la mort existe.

L’Atelier au mimosa, hiver 1939. Huile sur toile, 127,5 x 127,5 cm. Musée national d’Art moderne, Centre Georges-Pompidou, Paris.
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