
Pascin, le prince de Montparnasse
24 décembre 1905 ; un homme arrive à Paris. Il a vingt ans et a déjà, malgré son jeune âge, une réputation qui le précède. Il est attendu comme le messie. Dans les années qui suivirent, Montparnasse devint son royaume ; on le surnomma d’ailleurs le « prince de Montparnasse » : je parle bien sûr de Pascin.
Il régnait alors à Paris une douceur de vivre sans précédent ; la Longue Dépression avait pris fin. La guerre à venir était encore inconcevable.
Paris était le centre artistique et culturel dans cet entre-deux chantant et dansant. C’est la Belle époque, et les « Cocottes » sont le symbole de la légèreté qui s’étendait de la butte Montmartre à Montparnasse.
La guerre met fin à cette Belle Époque… pour laisser place quelques années plus tard aux « Années Folles ». Sur les scènes des music-halls, dans les cafés et dans les bars se rencontre une population éclectique et cosmopolite aux mœurs joyeuses et décadentes.

Pascin incarna à merveille ces années de douce folie, jouant parfaitement le rôle qu’on lui avait attribué. Il fut de toutes les fêtes, de tous les évènements. Il fut tout à la fois roi, prince et calife. Il aima plusieurs femmes, pratiqua plusieurs arts, visita plusieurs pays, le crayon toujours en main, pour croquer avec envie les personnages (féminins pour la plupart) qui traversaient sa vie.
Aux côtés d’artistes comme les russes Soutine et Chagall, l’espagnol Picasso, l’italien Modigliani, ou encore le japonais Foujita, il fit partie de ce qui fut appelé « l’École de Paris », cette génération d’artistes français et étrangers qui firent de la capitale française le berceau de l’art moderne en Europe.
Il se suicida en 1930, sans pour autant abandonner le royaume sur lequel il avait régné pendant plus de vingt ans, le quartier de Montparnasse où il est enterré. Sur sa tombe, on peut lire : « Homme libre héros du songe et du désir de ses mains qui saignaient poussant les portes d’or esprit et chair Pascin dédaigna de choisir et maître de la vie il ordonna la mort. »
Il laissa derrière lui les figures féminines si typiques de son œuvre, ces corps nus ou à moitié nus, en chemise, avec leurs positions lascives qui font penser aux jeunes femmes représentées par Fragonard qu’il admirait (et dont nous avons parlé ici et ici).

Une exposition consacrée à ces folles années vient d’ouvrir ses portes au musée Pouchkine à Moscou. Elle présente des œuvres graphiques de Pascin et de Foujita issues de collections privées françaises, suisses et russes. Et pour continuer cette plongée dans le Paris du début du XXe siècle, toujours en compagnie du prince de Montparnasse, découvrez l’ouvrage que les éditions Parkstone International lui ont consacré : Pascin dans la collection Focus.

