
Chaussures
Le texte ci-dessous est l’extrait du livre Chaussures (ASIN: B00GOMZKJO), écrit par Marie-Josèphe Bossan, publié par Parkstone International.
Objet nécessaire de la vie quotidienne auquel les contemporains nes’intéressent guère que par souci de confort et d’élégance, la chaussure revêt une grande importance pour l’histoire des civilisations et elle n’en est pas dépourvue pour l’histoire de l’art.
En perdant contact avec la nature, on a perdu de vue sa signification profonde ; en reprenant contact avec elle, en particulier par les sports, on ne tarde pas à la redécouvrir. Chaussures de ski, de montagne, de chasse, de marche, de football, espadrilles de tennis, bottes de cheval… sont autant d’outils indispensables et qu’on choisit soigneusement, autant de signes révélateurs des occupations ou des goûts.

France, XVII siècle
Musée international de la Chaussure, Romans
Au cours des siècles, alors que l’homme dépendait beaucoup plus que maintenant du climat, de la végétation, de la nature du sol, alors que la plupart des métiers demandaient la participation du corps, la chaussure avait pour tout le monde l’importance qu’elle n’a plus aujourd’hui que pour quelques-uns.
On ne se chaussait pas de la même façon dans les glaces ou sous les tropiques, en forêt ou en steppe, en plaine marécageuse ou en montagne, pour labourer, pour chasser, pour pêcher. Ainsi donne-t-elle de précieuses indications sur l’habitat et sur les modes de vie. Dans des sociétés fortement hiérarchisées, organisées en castes ou en ordres, le soin de la vêture était déterminant.

Peau bleue avec des ornements brodés d’argent, Italie, XVII siècle
Musée international de la Chaussure, Romans
(dépôt du Musée national du Moyen Âge,
Thermes de Cluny, Paris)
Princes, bourgeois, soldats, ecclésiastiques, serviteurs se différenciaient aussi par ce qu’ils portaient. La chaussure met en lumière, moins spectaculairement que le couvre-chef, mais de façon plus astreignante, l’éclat respectif des civilisations, dévoile la classe sociale, la finesse de la race : signe de reconnaissance, comme l’anneau qu’on passe au doigt le plus menu, la « pantoufle de verre » n’ira qu’au pied de la plus délicate des belles.
Bien des coutumes l’imposent ou la conditionnent et, par retour, elle nous transmet leurs images. Elle nous renseigne sur les déformations que l’on faisait subir aux pieds des femmes chinoises ; elle nous montre comment, en conservant des bottes inusuelles en Inde, les cavaliers nomades du nord entendaient prouver leur souveraineté sur le sous-continent indien.

UNIC Romans, suède et vernis noir, vers 1923, box blanc perforé et box noir, vers 1938
Musée international de la Chaussure, Romans
Parfois elle est symbolique, rituelle, liée à quelque moment crucial de l’existence. On raconte que les hauts talons servaient, ici, à grandir la femme le jour de ses noces pour lui rappeler que c’était le seul moment où elle dominerait son mari. Là, la bottine du chaman était garnie de peaux de bêtes et d’ossements pour faire de celui-ci l’émule du cerf, pour le rendre capable de courir, comme cet animal, dans le monde des esprits. On est ce que l’on porte. Et si, pour participer à une vie plus haute, il faut orner sa tête, dès qu’il s’agit de se déplacer avec plus d’aisance, ce sont les pieds qu’il convient de parer.
Suffit-elle donc à transcender le pied, souvent considéré comme le membre le plus modeste et le plus défavorisé de l’être humain ? Sans doute parfois, mais non toujours.

Veau velours pourpre, lacet en chevreau or, socle de liège poli habillé or Perugia, 1950
Musée international de la Chaussure, Romans
Car le pied lui-même n’est pas toujours démuni de sacré et peut à son tour en communiquer à la chaussure. C’est aux pieds des hommes que se sont constamment jetés ceux qui supplient ou qui vénèrent ; c’est le pied des hommes qui laisse sa trace sur le sol humide ou poussiéreux, souvent le seul témoignage de leur passage.
Ce profond changement de cap de la mode vers des valeurs plus intimistes, plus essentielles, qui privilégient l’être par rapport au paraître, prend une dimension particulière dans la chaussure, reflet fidèle des styles de vie d’aujourd’hui.

Soulier tressé main, hiver 1998
Sandale tressée main
Créés par Stéphane Kélian
Musée international de la Chaussure, Romans
Cette évolution rapide, tant d’un point de vue industriel que des formes, s’illustre parfaitement à travers le parcours des plus grands bottiers : Pfister, Berluti, Ferragamo, Massarro, Yantorny, etc. Autant de noms, autant de trajectoires différentes, mais toutes au service de l’excellence…

Coiffe des tribus Akha du Triangle d’or, Trikitrixa, Paris
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