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Egon Schiele – L’un des grands peintres expressionnistes

Le texte ci-dessous est l’extrait du livre Egon Schiele (ASIN: B00J86V43E), écrit par Esther Selsdon et Jeanette Zwingenberger, publié par Parkstone International.

Sa Vie

Oskar Kokoschka jugea « pornographique » la première grande exposition des oeuvres de Schiele en 1964, à Londres. À l’époque où l’on découvrait la peinture abstraite et où l’on délaissait le sujet, Schiele répliqua que, pour lui, il n’y avait pas de modernisme, mais uniquement quelque chose « d’originel et d’éternel ». Le monde de Schiele est réduit aux seules représentations de corps hors du lieu et du temps. L’auto-analyse se transforme en dévoilement brutal de lui-même et de ses modèles. Le lexique allemand des artistes de Thieme et Becker qualifie Schiele d’érotomane, parce que son art consiste à représenter le corps humain de façon érotique. Toutefois, il ne s’intéresse pas exclusivement à la nudité féminine, mais aussi aux nus masculins. Ses modèles sont caractérisés par une incroyable liberté vis-à-vis de leur propre sexualité, de l’auto-érotisme, de l’homosexualité ou des comportements voyeuristes, de même qu’envers une séduction habile du spectateur. Par contre, les clichés et les critères de la beauté féminine, du poli parfait et de la froideur sculpturale ne l’intéressent pas. Il sait que la pulsion du voyeur est étroitement liée aux mécanismes du dégoût et de l’attraction. C’est le corps qui renferme en lui la force et la puissance du sexe et de la mort.

La Vérité dévoilée, 1913, Egon Schiele
La Vérité dévoilée, 1913. Gouache, aquarelle et crayon, 48,3 x 32,1 cm. Collection particulière.

Sur la photo Schiele sur son lit de mort, on voit le jeune homme de 28 ans, presque endormi, le corps décharné, amaigri à l’extrême, la tête posée sur son bras replié ; la ressemblance avec ses dessins est frappante. À la fin de sa vie, Schiele souffrait de la grippe espagnole. En raison du risque élevé de contagion, ses derniers visiteurs ne pouvaient communiquer avec lui qu’au moyen d’un miroir, placé sur le seuil séparant sa chambre du salon, et dans lequel il regardait son propre reflet et celui de ses modèles. Cette même année 1918, Schiele avait tracé les plans d’un mausolée pour lui et sa femme. Lui, qui s’était si souvent illustré comme « voyant », savaitil que sa fin était proche ? Le destin individuel fusionne-t-il ici avec l’effondrement d’un ordre mondial ancien, celui de l’empire habsbourgeois ?

La période créative de Schiele ne s’étend guère au-delà de dix ans ; pendant cette brève période, il réalisa environ 334 huiles et 2 503 dessins (Jane Kallir, New York, 1990). Il peignit des portraits ainsi que des paysages et des villes ressemblant à des natures mortes ; c’est cependant le dessin qui le rendit célèbre. Au moment où Sigmund Freud révèle les principes régissant le refoulement du désir charnel de la haute société viennoise qui engonce ses femmes dans des corsets, les affuble de robes bouffantes et leur concède comme seul rôle la disponibilité effacée de future mère, Schiele dénude ses modèles. Ses études de nus pénètrent brutalement l’intimité de ses modèles et finissent au bout du compte par confronter le spectateur à sa propre sexualité.

Nu féminin étendu sur le ventre, 1917, Egon Schiele
Nu féminin étendu sur le ventre, 1917. Craie noire et gouache, 29,8 x 46,1 cm. Graphische Sammlung Albertina, Vienne.

Ses OEuvres

PORTRAIT DU PEINTRE ANTON PESCHKA

Ce portrait d’Anton Peschka, peintre autrichien (1885-1940), est le premier que réalisa Schiele de son ami. Dans un format quasiment carré, il propose une composition linéaire qui accentue le caractère bidimensionnel de la toile. Cette extrême rigueur est également chromatique : les tons neutres, bruns et gris, dominent et semblent fondre le modèle dans son environnement. Ainsi, les tons beiges du fauteuil, qui répondent au semis mural, se retrouvent dans les mains et le visage de Peschka, tandis que le camaïeu gris lavande du fond est de la même teinte, toutefois moins saturée, que le costume du peintre. Seul le fort silhouettage permet de détacher le modèle du fond de la toile, lui donnant un volume, une consistance physique. Ces caractéristiques rapprochent le travail de Schiele tant de celui de l’estampe que de celui de son maître de l’époque, Gustav Klimt.

PORTRAIT DU PEINTRE ANTON PESCHKA, 1909, Egon Schiele
PORTRAIT DU PEINTRE ANTON PESCHKA, 1909, Huile et peinture métallique sur toile, 110,2 x 100 cm, Collection privée

Au moment de la réalisation de ce portrait, la relation de Schiele et de son modèle ne datait déjà plus d’hier. Et il est certain que la compréhension mutuelle qui liait les deux peintres joua un grand rôle dans la réussite formelle de cette oeuvre. Cette toile fit partie de la première exposition publique à laquelle participa Schiele en 1909 à Klosterneuburg, puis, la même année, à l’Exposition internationale des Beaux-Arts de Vienne (l’Internationale Kunstschau).

NU FÉMININ ASSIS AU BRAS DROIT LEVÉ (GERTRUDE SCHIELE)

Étude préparatoire à une peinture aujourd’hui disparue, cette oeuvre fait partie d’une série de cinq nus peints en 1910 qui marquent la métamorphose progressive de l’art de Schiele. Trois de ces toiles sont des autoportraits, les deux autres des portraits de sa soeur, Gertrude. À travers elles se révèle le caractère morbide et sensuel de l’esthétisme de l’artiste.

NU FÉMININ ASSIS AU BRAS DROIT LEVÉ (GERTRUDE SCHIELE), 1910, Egon Schiele
NU FÉMININ ASSIS AU BRAS DROIT LEVÉ (GERTRUDE SCHIELE), 1910, Crayon noir, aquarelle et gouache sur papier, 45 x 31,5 cm, Historisches Museum der Stadt Wien, Vienne

MÈRE ET ENFANT

Ce tableau, superficiellement, semble être un tendre portrait de la maternité mais si on l’approfondit, on trouve clairement une oeuvre semi-religieuse, allégorique, qui aborde les préoccupations majeures de Schiele sur la vie, la mort, la fécondité et l’érotisme contrarié. Comme dans la plupart de ses tableaux, à cette période, l’image de la mère est légèrement excentrée et distordue mais également entourée par la lueur d’un halo blanc purificateur. Cela lui donne la gravité du statut de mère en général et, allégoriquement, celle due à la mère de toutes les saintes, la Vierge Marie. Elle se détourne du spectateur d’une façon qui autorise une fausse modestie et une anticipation érotique à la fois. Ses seins nus et le haut de ses bas deviennent le centre de la toile, et non plus les traits de son visage. Pendant ce temps, le bébé n’est plus qu’une silhouette floue désespérément accrochée à sa mère protectrice. Ce sont les mèches des cheveux de la mère qui occupent délicatement le reste de la toile, tandis que les doigts de l’enfant s’y cachent à la recherche de la protection.

MÈRE ET ENFANT, 1910, Egon Schiele
MÈRE ET ENFANT, 1910, Gouache, aquarelle et crayon sur papier, 55,6 x 36,5 cm, Collection privée

NU MASCULIN ASSIS (AUTOPORTRAIT)

Schiele était fasciné par sa propre image et dessinait sans cesse son visage et son corps. Dans cette gouache, réalisée assez tôt, il utilise cette double fonction de modèle et de peintre pour déstructurer sa propre image en la présentant dans sa laideur la plus absolue, engageant de ce fait le spectateur à le regarder directement. La couleur du torse est humaine et vivante, mais les jambes sont sales et mutilées et ses mains invisibles. Il fait incontestablement allusion à la pitoyable image du Christ sur la croix, pourtant même ici, il donne à ce personnage un certain érotisme. La seule vraie couleur du tableau émane de la surbrillance du nombril, des yeux et des organes sexuels qui semblent particulièrement menaçants au-dessus de la zone obscure de la partie basse de l’oeuvre. Il se situe dans un vortex de lumière au centre de l’image, dans laquelle la laideur expressionniste est omniprésente mais hautement personnalisée et spécifiquement destinée à provoquer la compassion pour le peintre-sujet.

NU MASCULIN ASSIS (AUTOPORTRAIT), 1910, Egon Schiele
NU MASCULIN ASSIS (AUTOPORTRAIT), 1910, Huile et gouache, 152,5 x 150 cm, Collection Leopold, Leopold Museum, Vienne

Voir plus sur:

Musée d’Orsay

Musée d’art Nelson-Atkins

Musée Thyssen-Bornemisza

Museum of Modern Art

MutualArt

National Gallery of Art

Graphische Sammlung Albertina

Historisches Museum der Stadt Wien

Leopold Musée

Egon Schiele Musée

Lieu de naissance d’Egon Schiele

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