
La béauté de la sécession viennoise vue par Gustav Klimt
Le texte ci-dessous est l’extrait du livre Gustav Klimt (ASIN: B00J86V4XE), écrit par Jane Rogoyska et Patrick Bade, publié par Parkstone International.
La Sécession viennoise
Le conseil municipal a pris ces jours-ci, dans une heure éclairée, la décision de laisser à la Vereinigung bildender Künstler Österreichs (Union des artistes plasticiens d’Autriche), sous certaines conditions qui nécessitent cependant une certaine modération, un terrain à bâtir au nouveau coin de la rue Wollzeile pour la construction d’un bâtiment d’exposition. On appelle cela une « nouvelle locale viennoise », mais on trouve dans celle-ci beaucoup plus que dans toutes les les rubriques d’actualités de plusieurs décennies de publications. Une extension de la ville dans le domaine des arts plastiques se profile : le centre d’art qu’est Vienne, cette immense petite ville, doit enfin devenir une grande Vienne, une Vienne réellement nouvelle.

Les Viennois vont être surpris car les conspirateurs ont travaillé sur ce projet dans le silence le plus profond ; le fait accompli parle aujourd’hui, car l’entreprise audacieuse est déjà provisoirement assurée pour dix ans, artistiquement et financièrement. C’est l’énergie d’un groupe de jeunes artistes au sang fort et moderne qui a lancé ce mouvement, le plus radical à Vienne depuis l’extraordinaire tempérament d’Hans Makarts qui avait enflammé tout le monde de l’art. Cela aurait pu devenir quelque chose, comme la Vereinigung der « Elf »(Union des « Onze ») à Berlin qui expose dans le salon d’art de Schulte, ou une dénommée « sécession » comme à Munich, Paris et d’autres centres d’art, même d’Amérique, un exode vers la montagne sacrée, moitié opposition, moitié fondation nouvelle, avec un anti-salon qui, naturellement, aura fortement le caractère d’un Salon des Rejetés. Mais ces jeunes Viennois courageux sont également des patriotes avisés. Ni frondeurs, ni combattants pour la liberté, ils ne veulent pas mener de guérilla académique ou artistique. Même l’envie de jouer un tour aux Anciens ne les a pas titillés. Ils ne veulent fâcher personne, pas même se mettre en avant, ils aspirent simplement à relever le bas niveau actuel de l’art autrichien (pas simplement viennois) au niveau international.

Cet accord général est pour Vienne une garantie artistique. Il devient pourtant difficile d’une année sur l’autre de maintenir le caractère européen d’une exposition viennoise. Ne serait-ce que lors de la dernière exposition internationale à la maison des artistes, les trente mille florins accordés par le gouvernement ne suffirent pas pour acheter des œuvres étrangères.
Les galeries de Munich, Berlin, Dresde suivent le rythme du mouvement mondial et assurent ainsi la relève par une matière culturelle moderne. À Vienne, les moyens deviennent de plus en plus réduits ; sans l’empereur et le prince Liechtenstein, tout serait depuis longtemps en sommeil.

Les Chefs-d’œuvre
SALLE DE L’ANCIEN BURGTHEATER, 1888, Gouache sur papier, 82 x 92 cm. Historisches Museum, Vienne.
La gouache de la Salle de l’ancien Burgtheater de 1888 est un document important, non seulement pour le public viennois fréquentant le théâtre à l’époque, mais aussi parce que c’est le théâtre historique dans lequel Le Mariage de Figaro fut représenté pour le première fois, en 1786. D’une manière scandaleuse, ce théâtre fut ensuite démoli pour laisser place à la nouvelle aile pompeuse du palais de la Hofburg. En dépit du réalisme quasi photographique des personnages, l’effet d’ensemble de cette œuvre est curieusement guindé et artificiel, comme s’il s’agissait d’un collage élaboré dont les personnages n’ont pas d’action réciproque et ne sont pas dans le même lieu. Loin des styles sensationnels et innovants que Klimt développera une dizaine d’années plus tard, ou que Van Gogh et Gauguin développaient en France cette même année, cette gouache méticuleuse et habile gagna l’approbation des arbitres du goût officiel de Vienne. En 1890, elle rapporta à l’artiste les mille florins du Prix de l’empereur.

Gouache sur papier, 82 x 92 cm. Historisches Museum, Vienne.
L’AMOUR, 1895, Huile sur toile, 60 x 44 cm. Kunsthistorisches Museum, Vienne.
Le thème du couple enlacé sera traité ultérieurement et de façon plus mémorable par Klimt, en particulier dans le dessin de la frise en mosaïque du palais Soclet, dans la Frise Beethoven et surtout dans ce qui deviendra son œuvre la plus connue, Le Baiser, de 1907-1909.

Huile sur toile, 60 x 44 cm. Kunsthistorisches Museum, Vienne.
Il peignit cette petite œuvre délicate en 1895, seulement deux ans avant la fondation de la Sécession de Vienne et sa métamorphose soudaine de peintre académique conservateur en chef de file de l’avant-garde viennoise. Mais son traitement des personnages enlacés est encore essentiellement académique et étonnamment conventionnel. Dans les silhouettes sinistres flottant en haut de la toile, nous avons un avant-goût intéressant des plafonds de l’université de Vienne ainsi que de la Frise Beethoven. La bordure, avec son usage extensif de la dorure à plat et le placement asymétrique et cadré des roses, montre clairement que Klimt était déjà intrigué par les principes de l’art japonais, bien que les roses elles-mêmes aient un aspect tridimensionnel occidental.
LA FRISE BEETHOVEN : L’ASPIRATION AU BONHEUR (DÉTAIL), 1902, Caséine sur plâtre, h. 220 cm. Pavillon de la Sécession, Vienne.
Après la destruction tragique des panneaux de l’université de Vienne, La Frise Beethoven est devenue l’œuvre la plus importante de Klimt. La survivance inattendue et presque miraculeuse de cette œuvre grande et fragile, peinte sur plâtre et qui ne devait pas être permanente, compense d’une certaine façon les pertes de la Seconde Guerre mondiale.

Caséine sur plâtre, h. 220 cm. Pavillon de la Sécession, Vienne.
La Frise Beethoven constituait un arrière-plan à la sculpture polychrome de trois mètres de haut représentant Beethoven, qui fut dévoilée lors de la quatorzième exposition de la Sécession de Vienne en 1902. Max Klinger, auteur de la statue, contemporain de Klimt et Stuck, est surtout connu de nos jours comme un graveur à l’originalité excentrique. Ses œuvres sont proches de celles de Klimt dans leur tentative de combiner des éléments de style disparates, mais beaucoup moins réussies dans la synthèse d’éléments mythologiques et d’un symbolisme appuyé inspirés de Böcklin, et de la palette naturelle des impressionnistes. La statue de Beethoven, alors considérée comme un sommet de l’art occidental, semble maintenant plus proche d’un monument au mauvais goût et à la mégalomanie qu’un monument à Beethoven. Son monumentalisme ampoulé est une prémonition dérangeante de l’art du Troisième Reich. La frise de Klimt fait preuve de peu de considération envers Klinger ou même Beethoven. Au lieu de cela, est exploré le thème habituel de l’humain et, par-dessus tout, de la sexualité féminine.
En savoir plus sur les œuvres de Gustav Klimt ici :
Galleria Nazionale d’Arte Moderna
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