
Il s’agit de Mimèsis, Mesdames.
Est-ce que cet article va être une énième plainte vindicative contre l’exploitation du corps de la femme dans le merchandising ? Oui. Vous voila prévenus.
Comme cette publicité qui a gagnée le très beau prix de « nudité n’ayant aucun rapport avec son contenu ». J’aimerai savoir exactement à quel moment les hommes rassemblés autour d’une table, se sont dit : « Tiens, on va mettre une jolie fille toute nue. Elle va vendre ».
Soyons honnêtes, il n’y a effectivement aucun lien entre le café et la femme nue à quatre pattes par terre.
Alors, dites moi : Qui ? Manet avec sa femme toute nue en plein pique-nique ? C’est lui qui, pour la première fois dans histoire de l’art, a peint une femme nue sans aucun prétexte.

Le déjeuner sur l’herbe en 1863
Huile sur toile H. 2.07 ; L. 2.65
Musée d’Orsay, Paris, France
©photo musée d’Orsay / rmn
Refusé par le Salon Officiel, Édouard Manet expose sa toile au Salon des Refusés de 1863. Cette femme nue va faire scandale contrairement à la Vénus de Cabanel, exposée la même année et qui sera non seulement acceptée au Salon, mais aussi achetée par l’empereur Napoléon III.

Naissance de Vénus en 1863
Huile sur toile H. 1.3 ; L. 2.25
Musée d’Orsay, Paris, France
©photo musée d’Orsay / rmn
Comment une nudité peut elle être parfaitement acceptable tandis qu’une autre va provoquer un scandale ?
C’est tout simple. S’il n’y a pas de nu académique, c’est-à-dire un nu qui ne soit pas justifié par le sujet du tableau, la femme n’a pas à être nue. Le tableau de Manet n’est pas une peinture d’histoire ni une peinture mythologique, et la femme n’est pas Vénus.
Ce n’est finalement pas si idiot comme raisonnement et nous avons le même aujourd’hui. Il faut que le nu soit utile ou du moins justifié, sinon il agace et titille les mœurs.
Cet agacement est il du a une overdose ? Overdose du corps féminin décliné sous toutes les formes pour n’importe quel prétexte ?
La vérité c’est que l’on est tous un peu perdu. Les féministes elles-mêmes manifestent pour leurs droits torses nus, et une chanteuse qui prône l’émancipation des femmes le fait en talon aiguille et sous-vêtements, tout en exprimant ses idées à travers des positions lascives. Alors doit-on être nues et hypersexuées pour lutter contre ces mêmes phénomènes? La confusion règne.
Une exposition consacrée au corps masculin ? Pourquoi pas, oui. Allez vous changer les idées avec l’exposition Masculin/Masculin au Musée d’Orsay à Paris jusqu’au 2 janvier 2014. Vous pouvez aussi vous pencher sur la fascinante Histoire des sous-vêtements masculins publiée par Parkstone International.

