Corrado Giaquinto, La Naissance de la Vierge, 1753
Art,  Français

La Vierge Marie: Des chefs-d’œuvre de beauté spirituelle, de dévotion et de grâce

Crédit vidéo d’introduction: Une personne lisant un livre vidéo de Roman Odintsov de Pexels

Le texte ci-dessous est l’extrait du livre La Vierge dans l’art (ISBN: 9781683255932), écrit par Kyra Belán, publié par Parkstone International.

Les images les plus anciennes de Marie furent probablement introduites dans l’iconographie chrétienne primitive au cours du IIe et du IIIe siècles. À cette époque, les sociétés humaines instauraient un processus de réduction des droits et des pouvoirs qui restaient aux femmes ; les vestiges des anciens droits matriarcaux étaient supprimés de l’ordre patriarcal dominant. Les Évangiles du Nouveau Testament officiellement acceptés étaient écrits par des hommes, dans la perspective d’un système social patristique, et il était très peu fait mention de la Madone dans ces textes. Ni Marie, ni son fils Jésus, ne laissèrent de traces écrites, et le premier évangile officiel, qu’on crut être écrit par Marc, fut complété dans sa version inédite en 66. Selon toute apparence, la seconde version officielle des évangiles fut écrite par Luc en 80, suivie de près par la version de Matthieu. Il est possible, cependant, que la version de Jean ait été de fait la plus ancienne, écrite vers 37, dans la mesure où elle inclut davantage de détails, ce qui a amené beaucoup de gens à croire que cette version était peut-être plus proche des événements réels de la vie de Marie et de son fils Jésus.

Lucas Cranach l’Ancien, La Vierge sous le pommier, vers 1530, La Vierge Marie
Lucas Cranach l’Ancien, La Vierge sous le pommier, vers 1530. Huile sur toile (transposée du bois), 87 x 59 cm. Musée de l’Ermitage, Saint Pétersbourg.

Ces récits, et principalement l’histoire de Jésus, ne mentionnaient sa mère qu’en de très rares occasions, et n’étaient pas assez étoffés pour satisfaire le peuple, qui, malgré la propension patriarcale à rabaisser la valeur des femmes, aspirait désespérément à cette figure divine féminine, susceptible d’être adorée et vénérée. La nostalgie de la Mère Suprême, puissante mais douce, ne pouvait être réduite au silence, et l’adoration des déesses des vieilles religions, telles qu’Isis, Cybèle, Déméter, Aphrodite et Athéna, se maintenait. Le culte d’Isis était peut-être le plus répandu, constituant une menace formidable pour le culte chrétien novice.

La nouvelle religion chrétienne avait besoin de sa propre Mère Suprême, et cette Mère surgit d’abord des premières interprétations du Saint-Esprit comme une femme, et de Sophie comme figure de la Sagesse de Dieu5. Ces puissants archétypes féminins de la nouvelle religion essentiellement patriarcale furent bientôt éclipsés par la figure de Marie, la mère du Christ. Depuis le début, la Madone constituait le symbole de la Mère Église elle-même. Par la suite, le culte de Marie se développa, à partir des informations minimales tirées des quatre évangiles officiels et issues du livre de la Révélation, ainsi que des éléments provenant des textes apocryphes.

Luca Giordano, Sainte Anne et Marie enfant, deuxième moitié du XVIIe siècle, La Vierge Marie
Luca Giordano, Sainte Anne et Marie enfant, deuxième moitié du XVIIe siècle. Peinture à l’huile. Chiesa dell’Ascensione à Chiaia, Naples.

Ces textes tardifs, officiellement rejetés, dérivaient des évangiles primitifs, et contenaient davantage d’informations sur la vie de Marie, ce qui semble indiquer le besoin croissant que développaient les fidèles chrétiens à son égard. Le culte complexe de la Vierge Marie naquit de l’intégration d’informations issues de sources diverses. Celles-ci étaient elles-mêmes ornées de mythologie populaire souvent dérivée des mythes concernant la déesse antique. Cependant, le problème patriarcal par excellence de la virginité de Marie et de la naissance virginale n’était brièvement mentionné que dans deux des quatre évangiles admis – ceux de Matthieu et de Luc. Cependant, même dans ces textes, la possibilité que le mot « vierge », ou almah, ne fût qu’un simple terme pour désigner une jeune femme constituait un argument contre le problème de la gestation virginale pour les siècles à venir.

La présence de la Madone était cruciale pour la réception universelle du christianisme en Europe, à l’est comme à l’ouest ; elle créait un pont qui autorisait les fidèles des religions vénérant la déesse-mère à rejoindre le nouveau culte patriarcal. Un ensemble dogmatique complexe autour de Marie fut élaboré progressivement par le clergé, toujours en réponse aux besoins du public et à son désir de vénération et d’adoration de cette divinité. Dans bien des cas, les proclamations dogmatiques officielles étaient à la traîne par rapport aux croyances du peuple et aux expressions artistiques qu’on donnait de Marie. Les artistes étaient toujours à l’écoute des masses, et développèrent ainsi un riche fonds de symboles, d’archétypes et de thèmes leur permettant d’interpréter avec succès les événements sacrés et les visions de la vie de Marie.

Nicholas Roerich, Mère du monde, années, 1930, La Vierge Marie
Nicholas Roerich, Mère du monde, années, 1930. Détrempe sur toile, 110,7 x 88,5 cm. Nicholas Roerich Museum, New York.

Cependant, le dogme chrétien des premiers siècles incluait une autre figure féminine puissante, la mystérieuse Sophie, ou le Verbe de Dieu, comme l’élément femelle de la Création. Un grand nombre d’images primitives lui furent dédiées, et Marie, la Mère de Dieu, était souvent représentée comme Marie / Sophie. De plus, des parallélismes entre les images de Marie et celles de la Déesse Isis contribuèrent à l’acceptation du christianisme par une grande partie de la population qui jadis vénérait la déesse Isis, ou d’autres dieux féminins. Cette évolution permit d’unifier et de cimenter le christianisme pour en faire la religion dominante d’Europe occidentale et orientale. Les artistes de Marie adoptèrent rapidement les nombreux symboles de la déesse à des fins iconographiques, éliminant de cette façon les doutes des fidèles quant à l’importance de leur Mère Universelle par rapport à celle des divinités fèminines des religions précédentes.

Pendant ce temps, répondant aux besoins de la population chrétienne en quête d’un principe divin féminin, l’iconographie mariale, le culte, et le dogme furent progressivement créés et raffinés. Mais les Pères de l’Église étaient tout à fait conscients du fait que leur religion ascétique, qui considérait la sexualité comme une forme de mal, avait besoin de fortifier et de réaffirmer la virginité de Marie.

Sebastiano del Piombo, La Sainte Famille avec sainte Catherine, saint Sébastien, et un bienfaiteur : Sacra Conversazione
Sebastiano del Piombo, La Sainte Famille avec sainte Catherine, saint Sébastien, et un bienfaiteur : Sacra Conversazione, première moitié du XVIe siècle. Huile sur bois, 95 x 136 cm. Musée du Louvre, Paris.

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