
Apocalypse (Version française) – Camille Flammarion
Le texte ci-dessous est l’extrait du livre Apocalypse (ASIN: B00GOMZKJY) écrit par Camille Flammarion, publié par Parkstone International.
La Croyance à la fin du monde à travers les ages
[…] C’est ici le lieu de faire une pause d’un instant, au milieu des événements précipités qui nous envahissent, de comparer cette nouvelle attente de la fin du monde à toutes celles qui l’ont précédée, et de passer rapidement en revue la curieuse histoire de l’idée de la fin du monde à travers les âges. D’ailleurs, sur le globe terrestre tout entier, dans tous les pays et dans toutes les langues, il n’y avait plus d’autre sujet de conversation.
Les discours des Pères du concile de Rome se succédèrent, à la chapelle Sixtine, et conduisirent dans leur ensemble à l’interprétation définitive résumée par le cardinal-archevêque de Paris, quant au dogme Credo resurrectionem carnis. La suite « et vitam oeternam » fut tacitement abandonnée aux découvertes futures des astronomes et des psychologues. Ces discours avaient en quelque sorte fait l’histoire de la doctrine chrétienne de la fin du monde à travers les siècles.
Il y a eu des siècles de foi convaincue et profonde, et, remarque digne d’attention, en dehors de la doctrine chrétienne, toutes les religions ont ouvert la même porte sur l’inconnu à l’extrémité de l’avenue de la vie terrestre. C’est la porte de la Divina Commedia de Dante Alighieri, quoique toutes n’aient pas imaginé, au delà de cette porte symbolique, le paradis, l’enfer et le purgatoire des chrétiens.

Illustration issue de « La Douce Apocalypse », vers 1270
Enluminure
University of Oxford, Bodleian Library, Oxford
Zoroastre et le Zend-Avesta enseignaient que le monde devait périr par le feu. On trouve la même idée dans l’épître de saint Pierre. Il semblait que, les traditions de Noé et de Deucalion indiquant qu’une première destruction de l’humanité avait été opérée par le déluge, la seconde devait l’être par un procédé contraire.
Chez les Romains, Lucrèce, Cicéron, Virgile, Ovide tiennent le même langage et annoncent la destruction future de la Terre par le feu.
Dans la pensée même de Jésus, la génération à laquelle il parlait ne devait pas mourir avant que la catastrophe annoncée fût accomplie. Saint Paul, le véritable fondateur du christianisme, présente cette croyance en la résurrection et en la prochaine fin du monde comme un dogme fondamental de la nouvelle Église.
La croyance ne disparut pas pour cela. Il fallut donc cesser de prendre à la lettre la prédiction du maître et chercher à en interpréter l’esprit. Mais il n’y en eut pas moins là un grand coup porté à la croyance évangélique. Au ensevelissait pieusement les morts, sur les couchait avec vénération dans le cercueil au lieu de les laisser se consumer par le feu, et l’on écrivait sur leurs tombes qu’ils dormaient là en attendant la résurrection.

Illustration issue de « La Douce Apocalypse », vers 1270
Enluminure
University of Oxford, Bodleian Library, Oxford
Un brouillard de sang couvre le règne de Néron : le martyre paraît le sort naturel de la vertu. L’Apocalypse semble écrite sous le coup de l’hallucination générale et représente l’antéchrist Néron précédant l’avènement final du Christ. Des prodiges éclatent de toutes parts. Comètes, étoiles filantes, éclipses, pluies de sang, monstres, tremblements de terre, famines, pestes, et, pardessus tout, la guerre des Juifs, la fin de Jérusalem.
Tous les signes de la fin du monde étaient donc présents, et rien n’y manquait. L’Apocalypse l’annonce, Jésus va descendre sur un trône de nuages ; les martyrs vont ressusciter les premiers. L’ange du jugement n’attend que l’ordre de Dieu.
Il fallut dès lors interpréter de nouveau la parole des Évangiles. L’avènement de Jésus fut retardé jusqu’à la ruine du vieux monde romain, ce qui laissa un peu de marge aux commentateurs. La catastrophe finale reste certaine, et même assez proche, in novissimo die, mais elle s’entoure de nuages vagues qui font perdre toute précision à la lettre et même à l’esprit des prophéties. On l’attend toujours, néanmoins.

Gislebertus
Tympan ouest de la cathédrale Saint-Lazare, Autun
Toute catastrophe – tremblement de terre, épidémie, famine, inondation -, tout phénomène – éclipse, comète, orage, nuit subite, tempête -, étaient regardés comme des signes avant-coureurs du cataclysme final.
Il y eut plusieurs sectes de « millénaires » croyant que Jésus-Christ régnerait sur la Terre avec ses saints pendant mille ans avant le jour du jugement. Les commentaires de l’Apocalypse continuèrent de fleurir au milieu des sombres plantes du Moyen Âge, et l’opinion que l’an 1000 marquerait la fin des choses et leur renouvellement se développa surtout pendant le Xe siècle.
C’était la coutume de s’attaquer, de se battre, de piller. Les fléaux du ciel eurent pourtant pour résultat d’apporter une lueur de raison. Les évêques s’assemblèrent. On leur promit de ne pas se battre quatre jours par semaine, les jours saints, du mercredi soir au samedi matin. C’est ce qu’on appela la trêve de Dieu.
La fin d’un monde si misérable fut à la fois l’espoir et l’effroi de cette épouvantable époque.

Anonyme, XV siècle
Huile sur bois montée sur toile
Musée des Arts décoratifs, Paris
Les tremblements de terre et les éruptions volcaniques atteignent parfois des proportions telles que l’effroi de la fin du monde en est la conséquence toute naturelle.
L’histoire du globe terrestre pourrait nous offrir un nombre remarquable de drames du même ordre, de cataclysmes partiels et de menaces de destruction finale. La destinée de l’esprit humain n’a-t-elle pas pour but souverain la connaissance exacte des choses, la recherche de la Vérité ? […]
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