Thomas Couture, Les Romains de la décadence, 1847
Art,  Français

Le romantisme – Pas seulement une histoire d’amour

Il s’exprime dans la littérature, la peinture, la sculpture, la musique, la politique et la danse.

Crédit vidéo d’introduction : Appliquer de la peinture sur une toile à l’aide d’une vidéo Paintbrush d’ArtHouse Studio de Pexels.

Le texte ci-dessous est l’extrait du livre Le Romantisme (ISBN: 9781783103607) écrit par Christopher E.M. Pearson, publié par Parkstone International.

L’ âge romantique ! Jeunesse, ardeur, une foi généreuse dans l’art, des passions excessives. Parmi des fièvres, des exagérations, des erreurs, une période vraiment riche en idées, en hommes, en oeuvres.

Le romantisme littéraire fut l’objet de grandes colères et de violentes polémiques, notamment parce qu’il fut tenu pour responsable de certaines tendances religieuses, politiques ou sociales, ellesmêmes objets de réprobation ou d’enthousiasme. L’art romantique, quant à lui, ne fut pas toujours pris à partie, peut-être parce qu’il parut inoffensif. Pourtant il n’est pas possible de dissocier les deux mouvements. Ils sont liés, non par le hasard de camaraderies personnelles entre quelques peintres et quelques poètes, mais parce que, dans des ordres différents, ils procédèrent d’une origine unique. Nés d’une disposition générale des esprits, ils se développèrent dans une atmosphère commune. Il y eut une génération romantique, dont les membres appliquèrent leur activité aux lettres ou aux arts comme aussi, nous n’en pouvons douter, aux sciences, à la philosophie, à la politique, à l’industrie, à toutes les formes, en un mot, que cette activité fut susceptible de revêtir.

Jean-Baptiste Mallet, La Salle de bain gothique, 1810, Le Romantisme
Jean-Baptiste Mallet, La Salle de bain gothique, 1810. Huile sur toile, 40,5 x 32,5 cm. Château-Musée de Dieppe, Dieppe.

Les principes constitutifs du romantisme furent formulés pour la première fois en Allemagne, à la fin du XVIIIe siècle. Déjà, entre 1770 et 1780, les représentants du Sturm und Drang, mouvement à la fois littéraire et politique, littéralement tempête et assaut, se révoltaient contre la société des Lumières et les valeurs qu’elle promouvait. Ses membres, au nombre desquels on retrouvait Friedrich von Schiller ou Johann Wolfgang von Goethe, célébraient le culte de l’individualisme et de la nature tel qu’énoncé par Jean-Jacques Rousseau au milieu du XVIIIe siècle. Pourtant, malgré ce vent contestataire, le refus des conventions classiques ne se fit alors qu’en partie.

Si le Sturm und Drang rejetait les traditions classiques et les conventions littéraires, les canons de beauté restaient basés sur l’Antiquité et prônaient encore la perfection et l’harmonie des formes. Ce furent les intellectuels collaborant à la revue Athenaeum, dont Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling et Novalis, représentants du « groupe d’Iéna », qui rejetèrent complètement le classicisme. Aux valeurs d’antan, ils privilégièrent le sentiment d’infinité, le mysticisme et l’expression de l’irrationalité.

En Irlande, la Recherche philosophique sur l’origine des idées du sublime et du beau d’Edmund Burke, publiée en 1756, développa la vision romantique de la nature. En peinture, la tendance se traduisit d’une part à travers la « peinture du sublime » et d’autre part à travers le « mysticisme du paysage », largement illustré par l’oeuvre de Caspar David Friedrich. En 1762, la traduction anglaise réalisée par James McPherson des Poèmes d’Ossian devint une référence du romantisme. Hypothétiquement attribué à un barde écossais du IIIe siècle, l’ouvrage, empli du mystère de ses origines, s’adressait à l’imagination collective et plongeait le lecteur au plus profond de ses rêves. Ainsi, la littérature européenne du XVIIIe siècle posa les premières pierres du romantisme ; mais c’est dans l’art du XIXe siècle, et plus particulièrement en France, que celui-ci devait connaître son apogée.

Caspar David Friedrich, Voyageur contemplant une mer de nuages, vers 1817-1818, Le Romantisme
Caspar David Friedrich, Voyageur contemplant une mer de nuages, vers 1817-1818. Huile sur toile, 94,8 x 74,8 cm. Hamburger Kunsthalle, Hambourg.

L’art français, à cette époque, formait un édifice grandiose dont l’ordonnance majestueuse était l’image sensible des temps héroïques qui l’avaient érigé. Une admiration fanatique était encore souvent professée pour l’Antiquité gréco-romaine. L’art, en apparence, ne visait qu’à retrouver l’inspiration et les méthodes de cette époque bénie qui, seule, avait su dégager la pure et sereine, l’idéale beauté des corps humains. Mais l’Antiquité revêtait, selon les prédispositions de ses admirateurs, des visages multiples : elle pouvait apparaître tour à tour solennelle, aimable, frivole, noble, généreuse ou dépravée. Quand ils l’imaginaient tendue, roidie, guindée vers des cimes inaccessibles, les hommes y projetaient leur propre génie. À travers Socrate, Romulus ou Léonidas, c’est leur siècle qu’ils glorifiaient.

Exaltation de la figure humaine, corps puissants aux larges poitrines, visages réguliers, modelé ressenti, dessin épuré, coloris vif et sans agrément, subordination de la nature, réduite au rôle d’un simple décor. Tout répondait aux inclinaisons des générations galvanisées, d’abord par la passion de la liberté, puis par celle de la gloire. Une statuaire dépouillée, figée, privée de tout accent, parlait à des yeux auxquels étaient insupportables les grâces du XVIIIe siècle. Palais, temples, monuments commémoratifs cherchaient, à l’aide du répertoire de Vitruve, à traduire par de grands partis massifs et sobres la majesté du moment. Dans les intérieurs, meubles d’acajou aux lourdes formes architecturales, décorés de nobles cuivres ciselés, candélabres et pendules solennels, tentures ornées de larges motifs géométriques où l’or s’associait au vert ou au rouge étrusque, composaient des harmonies peu complexes, sévères, créées à l’usage de cette société neuve, peu raffinée et qui avait oublié la douceur de vivre.

John Robert Cozens, Le Lac d’Albano et Castel Gandolfo, Le Romantisme
John Robert Cozens, Le Lac d’Albano et Castel Gandolfo. Aquarelle sur papier. Leeds Museums and Galleries, Leeds.

Ensemble artificiel, mais exactement adapté et d’une admirable cohésion, unité qui nous frappe d’autant plus qu’elle contraste avec le désordre des temps qui suivirent. L’éclat, pour s’être bientôt terni, n’en fut pas moins magnifique. La France, qui prodiguait alors à la politique, aux sciences, à l’armée les hommes de génie ou de haut talent, mit en même temps, au service de l’art, une pléiade d’élite.

Écartons nos préjugés actuels, nous comprendrons alors l’orgueil dont étaient pénétrés les contemporains lorsqu’ils parlaient de « l’École française ». Auprès de David, chef du choeur, ils voyaient peindre Girodet, Gérard, Guérin, Gros et Prud’hon. La plupart des maîtres étaient en pleine activité à l’heure où l’Empire s’écroula. Ils avaient formé des élèves qui commençaient à se produire. Appuyée par une doctrine certaine, forte d’oeuvres exemplaires, l’École française allait continuer sa glorieuse carrière.

Ary Scheffer, Paolo et Francesca, 1854
Ary Scheffer, Paolo et Francesca, 1854. Huile sur toile, 57,7 x 81,3 cm. Hamburger Kunsthalle, Hambourg.

Pourtant l’École était fragile, comme l’était l’Empire lui-même, et, sous ses triomphantes apparences, des forces complexes travaillaient à la ruiner. Par un curieux paradoxe, elle imposait aux artistes une exacte discipline dans le temps même où la Révolution, brisant les cadres sociaux, enseignait à chaque individu qu’il aurait la place qu’il saurait conquérir à force d’originalité, d’audace et d’énergie…

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