Coquelicots, 1873
Français,  Happy Birthday

Claude Monet : L’artiste des nénuphars et des beaux paysages

Le texte ci-dessous est l’extrait du livre Claude Monet (ASIN: B01D9JI8WA), écrit par Nathalia Brodskaïa et Nina Kalitina, publié par Parkstone International.

<< Le paysage lui semblait un art de décadence >>, racontait un des élèves de Gleyre, << et l’importance si glorieuse qu’il s’est conquise dans l’art contemporain, une usurpation ; il ne voyait guère dans la nature que des encadrements et des fonds, et en réalité il ne l’a jamais fait servir qu’à cet usage accessoire, bien que ses paysages aient toujours été traités avec autant de conscience et de soin que les figures qu’ils étaient chargés d’encadrer. >>

Impression, soleil levant, ainsi s’intitulait un des tableaux de Claude Monet présenté en 1874, à la première exposition de la ÿ Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs, graveurs, etc. Ÿ. En prévision de cet événement, il sélectionna pour l’exposition les meilleurs de ses paysages havrais. Le journaliste Edmond Renoir, frère du peintre, s’occupait de la rédaction du catalogue. Il reprocha à Monet l’uniformité des titres de ses tableaux : le peintre n’avait rien inventé de plus intéressant que Vue du Havre. Parmi d’autres, il y avait un paysage peint le matin de bonne heure. Un brouillard bleuté y transforme en fantômes les contours des voiliers, des silhouettes noires de bateaux glissent sur l’eau et, au-dessus de l’horizon, se lève le disque orange et plat du soleil, qui trace sur la mer un premier sentier orange. Ce n’est même pas un tableau, mais plutôt, une esquisse spontanée à la peinture à l’huile ; il n’y a qu’ainsi que l’on peut saisir cet instant si fugitif où la mer et le ciel se figent en attendant la lumière aveuglante du jour. Le titre, Vue du Havre, ne convenait manifestement pas à ce tableau : le Havre en est totalement absent. << Écrivez Impression >>, dit Monet à Edmond Renoir, et ce fut là le début de l’histoire de l’impressionnisme.

La Capeline rouge, portrait de Madame Monet, vers 1868-1873, Claude Monet, Nathalia Brodskaïa, Nina Kalitina
La Capeline rouge, portrait de Madame Monet, vers 1868-1873. Huile sur toile, 99 x 79,8 cm. The Cleveland Museum of Art, Cleveland.

Gustave Geffroy, ami et biographe de Claude Monet, a reproduit dans sa monographie sur le peintre deux de ses portraits. Sur le premier, réalisé par un artiste sans renom, Monet a dix-huit ans. Un jeune homme brun portant une blouse à rayures est assis à califourchon sur une chaise, les bras pliés appuyés sur le dossier. Cette pose est pleine d’ingénuité et de vie ; sur le visage encadré par des cheveux tombant jusqu’aux épaules se lit l’anxiété (dans les yeux) et la volonté (ligne de la bouche, menton).

La seconde partie du livre de Geffroy s’ouvre sur le photoportrait de Monet à l’âge de quatre-vingt-deux ans. Un vieillard trapu à la barbe blanche en éventail se tient debout sur ses jambes largement écartées. Monet est tout calme et sagesse, il connaît la valeur des choses et ne croit qu’en la force immortelle de l’art. Ce n’est pas sans raison qu’il a voulu poser avec sa palette dans les mains, sur le fond d’un panneau de la suite des Nymphéas. Il existe de nombreuses représentations de Monet : autoportraits, fluvres d’amis parmi lesquelles celles de Manet et de Renoir, photoportraits de Carjat et Nadar qui ont gravé les traits de l’artiste à différents moments de sa vie.

De nombreuses descriptions de Monet nous sont parvenues, plus fréquentes après que le peintre fut devenu célèbre, quand journalistes et hommes de lettres cherchaient à le rencontrer.

Le Quai du Louvre, 1867, Claude Monet, Nathalia Brodskaïa, Nina Kalitina
Le Quai du Louvre, 1867. Huile sur toile, 96,7 x 124,5 cm. Gemeentemuseum Den Haag, La Haye.

Comment Monet apparaît-il à nos yeux ? Selon une photographie des années 1870, c’est un homme déjà mûr, à la barbe et à la moustache épaisses et noires. Un front légèrement recouvert de cheveux coupés court et des yeux bruns très vifs. Tout son visage exprime l’énergie et l’assurance. C’est Monet, dans une lutte tendue et sans merci pour affirmer de nouveaux idéaux esthétiques. Un autoportrait datant de 1886 le représente coiffé d’un béret.

C’est à cette époque que Geffroy fit sa connaissance à Belle-lle sur la côte sud de la Bretagne. << première vue, j’aurais pu le prendre pour un des pilotes qui se réunissaient là presque chaque jour, car il était botté, vêtu, coiffé à peu près comme eux, pour affronter le vent et la pluie de la cote…>> Quelques lignes plus loin Geffroy ajoute : << Un fort gaillard, vêtu d’un tricot, coiffé d’un béret, la barbe en broussaille et les yeux brillants, aigus qui me transpercèrent dès la porte.>>

En 1919, Monet qui vivait presque en ermite à Giverny, non loin de Vernon, eut la visite de Fernand Léger qui a vu devant lui << un petit homme coiffé d’un panama et portant un élégant costume gris clair coupé à lEanglaise… Il avait une grande barbe blanche, un visage rosé et de petits yeux gais et vifs reflétant un peu de mefiance… >>

Les portraits littéraires et picturaux représentent Monet comme un homme instable, versatile et inquiet. Il pouvait donner l’impression d’être audacieux et résolu, il pouvait sembler (surtout dans la deuxième moitié de sa vie) sûr de lui et calme. Mais le calme et la maîtrise de soi chez Monet n’étaient qu’une apparence.

La Pie, 1868-1869, Claude Monet, Nathalia Brodskaïa, Nina Kalitina
La Pie, 1868-1869. Huile sur toile, 89 x 130 cm. Musée d’Orsay, Paris.

Ses amis de jeunesse, Bazille, Renoir, Cézanne, Manet et ceux qui venaient le voir à Giverny, Gustave Geffroy, Octave Mirbeau et Georges Clemenceau, savaient bien à quels accès d’insatisfaction il était sujet et quels doutes affreux il éprouvait. La colère accumulée, le mécontentement de soi-même se manifestaient dans des actes déchaînés, spontanés, au cours desquels Monet détruisait des dizaines de toiles, grattant la couleur, les découpant en morceaux et les brûlant parfois.

Le marchand de tableaux Paul Durand-Ruel, auquel Monet était lié par un contrat, recevait de lui une quantité de lettres qui lui demandaient de retarder le jour de la présentation des tableaux. Monet disait qu’il a << non seulement gratté, mais crevé >> les études commencées et que, pour être satisfait, il devait apporter des corrections et que le résultat n’était pas en rapport avec le mal qu’il s’était donné et qu’il était << dans une mauvaise passe ; bon à rien >>.

Le peintre était capable d’accomplir des actes héroïques, dictés par le devoir et par un sens civique noble, et en même temps il montrait parfois de la lâcheté, et avait des sautes d’humeur incohérentes. En 1872, accompagné du peintre Eugène Boudin, Monet rendit visite à l’idole de sa jeunesse, Gustave Courbet, qui était alors en prison. Cet événement n’était en soi pas très important, mais dans les conditions de persécution générale auxquelles était soumis le communard Courbet, ce geste était de la part de Monet, hardi et noble.

Promenade en bateau, 1887, Claude Monet, Nathalia Brodskaïa, Nina Kalitina
Promenade en bateau, 1887. Huile sur toile, 145,5 x 133,5 cm. Musée national d’Art occidental, Tokyo.

Envers la mémoire d’Édouard Manet, Monet agit comme ne le fit aucun de ceux qui avaient appartenu à l’entourage de l’ancien chef du groupe des Batignolles. En 1889, ayant appris du peintre américain Sargent que l’Olympia de Manet pouvait être vendue aux États-Unis, Monet mobilisa l’intelligentsia française pour faire une collecte et acheter le tableau afin de le remettre au Louvre. Dans les années 1890, lors de l’affaire Dreyfus, Monet prit le parti des Dreyfusards, admirant le courage d’Émile Zola…

En savoir plus sur les œuvres de Claude Monet :

Musée Marmottan Monet

Fondation Claude Monet

Boutiques de Musées

Musée des beaux-arts du Canada

Musée Thyssen-Bornemisza

Musée d’Orsay, Paris

Pour mieux connaître ce sujet, continuez cette passionnante aventure en cliquant sur: Amazon USAmazon UKAmazon AustraliaAmazon FrenchAmazon GermanAmazon MexicoAmazon ItalyAmazon SpainAmazon CanadaAmazon BrazilAmazon JapanAmazon IndiaEbook GalleryKoboGoogleAppleEllibsScribdBookbeatNumilogbol.cominMondadoriAcademic Books, FNAC

Parkstone International is an international publishing house specializing in art books. Our books are published in 23 languages and distributed worldwide. In addition to printed material, Parkstone has started distributing its titles in digital format through e-book platforms all over the world as well as through applications for iOS and Android. Our titles include a large range of subjects such as: Religion in Art, Architecture, Asian Art, Fine Arts, Erotic Art, Famous Artists, Fashion, Photography, Art Movements, Art for Children.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

Share via
Copy link
Powered by Social Snap
%d bloggers like this: