
Gay Art : L’évolution de la perception des émotions chez les homosexuelles
Le texte ci-dessous est l’extrait du livre Gay Art (ISBN: 9781785259357) écrit par James Smalls, publié par Parkstone International.
Associer art et homosexualité pourrait sembler étrange, mais les deux phénomènes font partie de l’histoire de l’homme depuis la nuit des temps, ou du moins depuis les origines de la civilisation.
Dans les années 1880, le terme nouveau de Kertbeny, si facile à retenir, attira l’attention de Richard von Krafft-Ebing, un sexologue notoire qui l’utilisa dans son oeuvre extrêmement populaire dans les années 1886–1887, Psychopathia sexualis, une imposante encyclopédie des déviances sexuelles. Ce fut grâce à celle-ci et à des oeuvres ultérieures de sexologues reconnus de la fin du siècle que le terme «homosexualité» acquit sa connotation médicale et clinique. La sexologie est l’étude du comportement sexuel humain avant la codification entamée par la psychologie moderne et la psychanalyse, née de la pensée et des écrits de Sigmund Freud (Gregory W. Bredbeck, « Sexology », in Gay Histories and Cultures : An Encyclopedia, Haggerty). Ce n’est que dans les années 1950 que l’« homosexualité » fit son apparition dans l’usage de l’anglais et de l’américain populaires, ceci étant en grande partie dû aux rapports Kinsey parus en 1948. Alfred Kinsey (1894–1956) était un chercheur américain dans le domaine de la sexualité dont les résultats scientifiques remirent en question l’idée prédominante selon laquelle l’homosexualité était une maladie mentale.

En tant que concept, « homosexualité » englobe une multitude d’idées contradictoires sur les sexes et l’attirance entre personnes de même sexe. Son large éventail de significations possibles est ce qui en fait aujourd’hui un terme tellement irrésistible, puissant et ambigu. Dans son acception moderne, l’« homosexualité est à la fois un état psychologique, un désir érotique et une pratique sexuelle » (David Halperin, « Homosexuality », in Haggerty). Les trois sens peuvent être, et se voient effectivement, exprimés sous une forme artistique et esthétisée.
L’homosexualité ou, pour employer un terme plus récent l’« homo-érotisme », peut être comprise comme un élément réel ou potentiel de l’expérience de chacun, quelles que soient ses orientations sexuelles. Homosexuel et homo-érotique se recoupent souvent l’un et l’autre, mais ne sont pas nécessairement identiques. La plupart des images de ce livre relèvent plus de l’homo-érotisme que de l’homosexualité. « Homosexuel » et « homo-érotisme » ne diffèrent que par le sens des raciness des termes « sexuel » et « érotique ». Tandis que « sexuel » recouvre l’acte physique, « érotique » est un concept englobant un éventail d’idées et de sentiments exprimant des manques, des besoins et des désirs entre personnes de même sexe.

L’aboutissement n’en est pas toujours l’acte sexuel. L’homo-érotisme, à la différence de l’homosexualité, rend légitime le désir entre membres du même sexe en plaçant ce sentiment dans un contexte qui lui confère une rationalité, comme le classicisme, les batailles militaires, les activités sportives… Par conséquent, dans de nombreuses situations, l’homoérotisme est voilé et perçu comme un comportement non transgressif. Si tous les homosexuels ressentent un désir homoérotique, ceux qui ressentent, et apprécient effectivement, le désir homo-érotique, ne sont pas nécessairement homosexuels. L’homo-érotisme peut parfois effrayer certains hétérosexuels au point de faire naître chez eux de virulentes réactions homophobes.
L’« homo-érotisme » est aussi associé au concept plus récent d’« homo-social ». L’homo-sociabilité masculine fait reference à tout groupe ou environnement exclusivement masculin et est une façon de construire leur identité et de consolider/renforcer leurs privilèges et pouvoir social en tant qu’hommes, habituellement à travers et au détriment des femmes (Eve Sedwick, Between Men : English Literature and Male Homosocial Desire, New York, Columbia University Press, 1985). En effet, l’homo-sociabilité féminine existe, mais sa dynamique au sein d’une culture patriarcale est bien différente.

Bien que les homosexualités masculine et féminine soient souvent traitées séparément, les deux sont prises en considération dans ce livre. Tout au long de l’oeuvre, le terme « homosexualité » fera référence à l’homosexualité masculine à moins que « féminine » ne soit spécifié. Il en est ainsi parce que la plupart des sociétés sont dominées par les hommes et axées sur eux, donnant la primauté à l’activité sexuelle et au développement masculins au détriment des femmes.
Comparée à la place occupée par les homosexuels dans l’art, qu’ils soient auteurs ou sujets, la « rareté des oeuvres sur et par des femmes homosexuelles reflète la domination masculine dans l’histoire de la culture. » (Saslow). Tous les témoignages artistiques et littéraires que nous possédons ont été l’oeuvre d’hommes et s’attachent essentiellement à leurs activités.

La définition de l’homosexualité est rendue plus compliquée encore par la différence entre les notions moderne et prémoderne du concept. Il existe dans la littérature contemporaine sur l’homosexualité un désaccord profond quant à l’utilisation du terme « homosexuel » dans le cadre de relations entre gens du même sexe au sein des cultures non occidentales, prémodernes ou anciennes. Le vocable «homosexualité» est relativement jeune. À l’instar du mot « sexualité », il décrit un concept déterminé et culturellement construit, né de la culture occidentale récente. Par conséquent, l’application du concept d’ « homosexualité » à l’histoire est limitée au plaquage des concepts occidentaux et modernes de soi et de l’autre sur un monde ancien et pré-moderne.

Dans la plupart des cultures pré-modernes et anciennes, il n’existe pas de mot pour qualifier la condition d’homosexuel ou décrire un acte homosexuel. Toute tentative d’amalgame entre des représentations masculines dans l’art ou les textes antiques avec le statut ou les pratiques homosexuelles d’aujourd’hui serait anachronique. De même, la notion moderne d’«homosexualité» est chargée d’une connotation morale négative qui ternit toute appréciation positive ou agréable de la culture sexuelle, entre hommes ou entre femmes dans les sociétés pré-modernes. Cependant, même si les anciens n’avaient pas à l’esprit le concept moderne d’« homosexuel » ou d’«homosexualité», cela ne nie en rien le fait que l’homosexualité et l’homophobie existaient bel et bien…
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