Orneore Metelli, Querelle des marraines à la fontaine, 1935
Art,  Français

De la Peinture médiévale aux naïfs : une approche identique ?

Le texte ci-dessous est l’extrait du livre L’Art Naïf (ISBN: 9781783103522), écrit par Nathalia Brodskaya, publié par Parkstone International.

Si, en apparence, l’art primitif n’a aucun lien avec l’art naïf, ces deux mouvements sont, en réalité, étroitement liés. Notons d’abord, que tous les peintres naïfs du XXe siècle se sont nourris des forces du primitivisme. En outre, ils sortirent de l’anonymat en particulier grâce à l’intérêt croissant des professionnels pour les oeuvres alors considérées comme primitives ou incorrectes, sans tenir compte de la chronologie ou des frontières géographiques. Cet intérêt apparut dès l’époque romantique.

Les principes techniques de l’art élaborés à la Renaissance font encore autorité au XXe siècle. Ainsi, Léonard de Vinci est aujourd’hui loin d’être obsolète lorsqu’il exprimait ses théorèmes : « Le miroir avec sa surface plane contient en lui l’image véritable, et le tableau fait et exécuté sur une surface de matière plane est pareil à la surface du miroir, et vous, peintres, vous trouverez à la surface des miroirs vos maîtres, qui vous apprendront le clairobscur et la réduction de chaque objet. »

Camille Bombois, Au Bistrot, naïfs
Camille Bombois, Au Bistrot. Huile sur toile, 55 x 46 cm. Museum Charlotte Zander, Bönnigheim.

La vénération portée à l’exactitude et à l’observation scientifique a amené la peinture de la Renaissance vers une rigueur mathématique, qui dénigrait, par ailleurs, tout aspect sentimental ou intuitif. Un pan entier de la création artistique : l’art de la préhistoire, des aborigènes d’Afrique et d’Océanie, des peuples d’Orient, sans même parler des objets artisanaux, s’est retrouvé hors des limites imposées par l’art officiel. La peinture savante de la Renaissance plongea dans l’ombre tout l’art du Moyen Age. Que lui importait que les artistes médiévaux aient travaillé selon leurs propres lois ! Dès lors qu’ils ne respectaient pas la sacro-sainte perspective, ils étaient « primitifs ». Duccio di Buoninsegna, Cimabue, Giotto, les immenses maîtres des XIIIe et XIVe siècles, étaient primitifs ; leurs peintures n’étaient pas le miroir de la réalité.

Le romantisme amorça cependant un retour au primitivisme. En effet, pour les jeunes peintres romantiques, la maîtrise technique n’était pas une fin en soi. En rejetant les sujets classiques tirés des Vies parallèles de Plutarque, ils s’efforcèrent de rapprocher l’art et la vie réelle. Le critique Jalle écrivait en 1824 : « J’ai trop longtemps été le citoyen d’Athènes, de Carthage et de Rome, aujourd’hui j’ai besoin de la France. »

Paula Jacob, Navire avec des papillons et des fleurs, naïfs
Paula Jacob, Navire avec des papillons et des fleurs. Huile sur toile, 70 x 55 cm. Collection privée.

Les Incontournables

André Bauchant (Château-Renault, 1873 – Montoire, 1958)

Issu d’un milieu modeste, André Bauchant devint pépiniériste avant d’être mobilisé et faire la campagne des Dardanelles. Ce n’est qu’à son retour de guerre, en 1919, qu’il commença à peindre. Passionné étant enfant par la civilisation gréco-romaine grâce à ses lectures de vieux livres illustrés, ses toiles poétiques gardent le goût du fantasme et du grotesque. En 1921, ses toiles montrées au Salon d’automne connurent un grand succès. Le Corbusier fut son premier acheteur. Grâce à son intervention, il put, suite à la demande officielle de Diaghilev, réaliser les costumes pour le ballet Apollon Musagète de Stravinsky.

André Bauchant, Le Jardinier dans les fleurs (L’Artiste par lui-même), 1922, naïfs
André Bauchant, Le Jardinier dans les fleurs (L’Artiste par lui-même), 1922. Huile sur toile, 93 x 59 cm. Kunsthaus Zürich, Zurich.

On retrouve dans son univers beaucoup de nymphes et de divinités. De sa formation première, restent des toiles très vives représentant des fleurs et des fruits, de taille démesurée. Une particularité de sa technique fait qu’il commençait toujours à peindre ses toiles par le bas, comme lui apprit son métier de cultivateur : « une plante ne vit que par sa racine, tout est dans la base, si elle est solide, votre tableau sera réussi, sinon il ne vivra pas » avait-il l’habitude d’expliquer.

Camille Bombois (Vénaray-lès-Laumes, 1883 – Paris, 1970)

Malgré son attrait précoce pour la peinture, les difficultés financières que connut la famille de Camille Bombois l’obligèrent à travailler très jeune. Garçon de ferme, marin, il devint lutteur de foire pour pouvoir atteindre Paris. A son arrivée, il devint ouvrier de tunnel du métro parisien puis finit par trouver un travail de nuit dans une imprimerie, ce qui lui laissait tout le loisir de peindre le jour. Après avoir servi pendant la Première Guerre mondiale où il fit preuve de grande bravoure (il reçut trois décorations), il découvrit, à son retour, que sa femme avait vendu des tableaux afin de pouvoir survivre. En 1922, il rencontra Wilhlem Uhde qui lui ouvrit les portes de la critique et du succès. Camille Bombois put enfin s’adonner à la peinture à temps complet. Il appartient au cénacle des cinq naïfs français les plus réputés, qualifiés de « peintres du Coeur sacré » par Wilhelm Uhde.

Camille Bombois, Fratellino et petit Walter, naïfs
Camille Bombois, Fratellino et petit Walter. Huile sur bois, 65 x 50 cm. Museum Charlotte Zander, Bönnigheim.

Ses toiles les plus connues sont sans nul doute celles du cirque et appréciées pour ses dessins énergiques, la vivacité des tons employés et la précision des traits. Ses personnages toniques, ses avaleurs de sabre, ses athlètes, comme dans Athlète de carnaval, Les Lutteurs et ses femmes charnues soulignent en filigrane les souvenirs de son enfance. Ses paysages au bord de l’eau, Vue de Clerval, Le Canal, montrent son souci du détail : la précision du feuillage, le reflet dans l’eau qui accompagne l’oeil du spectateur, tout souligne son sens de l’observation. Le Sacré Coeur est aussi un témoignage sur l’activité de la place. Cordes à sauter, discussions de ménagères ou de bourgeoises sur le banc réchauffé…, tout y est pour nous évoquer la bonne humeur d’un dimanche après-midi.

Camille Bombois, Nu sur coussin rouge
Camille Bombois, Nu sur coussin rouge. Museum Charlotte Zander, Bönnigheim.

Camille Bombois est sans doute l’un des artistes dont l’art ressemble le plus à celui du Douanier Rousseau. Wilhelm Uhde dira de lui : « Il n’y a que chez Bombois que la réalité constitue une véritable raison d’être, un but en soi (…) Il peint la vraie vie, ce qu’il voit, ce qu’il aime au quotidien, spontanément.»

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