
Le génie de Monet : Évolution artistique et poésie visuelle
Le texte ci-dessous est l’extrait du livre Impressions de Claude Monet (ISBN: 9781783105090), écrit par Natalia Brodskaïa et Nina Kalitina, publié par Parkstone International.
À Giverny, les séries devinrent une des principales méthodes de travail de Monet. Trente ans après, il racontait comment il y était venu : << Je peignais alors des meules qui m’avaient frappé et qui faisaient un groupe magnifique, à deux pas d’ici ; un jour, je vois que mon éclairage a changé ; je dis à ma belle-fille : << Allez donc à la maison, si vous voulez bien, et apportez-moi une autre toile. >> Elle me l’apporte, mais peu après, c‘est encore différent ; une autre ! Encore une autre ! Et je ne travaillais à aucune autre que lorsque j’avais mon effet, voilà tout. >>
Les meules devinrent dans son fiuvre une série presque interminable ; il les peignait au tout début de l’été, sur l’herbe verte, et en hiver, quand les recouvrait une fine couche de neige. Pour l’flil sensible de Monet, dans cette masse d’herbe sèche jaunie, il existait une diversité infinie de couleurs : ses touches de rouge, de brun, de vert et même de bleu, en combinaisons variées, rendaient la façon dont les couleurs changent selon l’éclairage. Monet avait un esprit de suite étonnant dans ses recherches. Il travaillait comme un savant, poursuivant avec obstination le but qu’il s’était fixé. Les peupliers au bord de l’Epte devinrent, eux aussi, l’objet de ses recherches en peinture. Il fut d’abord attiré par la beauté du rythme de ces arbres élancés, après quoi vint l’étape de l’étude minutieuse des modifications de leur couleur.

Au début des années 1890, Monet travailla à Rouen. En 1892, il y était venu pour racheter à sa demi-sflur, Marie, quelques-uns de ses propres tableaux dont elle avait hérité. Monet prit une chambre en face de la célèbre cathédrale gothique. Obligé de passer un certain temps à Rouen, il se mit à peindre la cathédrale de sa fenêtre. Il avait l’intention de retourner à Giverny au bout de quelques jours, mais son travail l’absorba totalement. Il peignit la cathédrale par n’importe quel temps et à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Éclairée par le soleil de midi, la masse énorme de la cathédrale se dissolvait dans la brume de chaleur, les contours devenaient flous, l’édifice plus léger et presque transparent. Le soir, les ombres bleues étaient plus denses et plus foncées, et la dentelle gothique de la façade apparaissait dans toute sa splendeur. En réalité, le motif de la peinture de Monet n’était nullement la cathédrale de Rouen, mais l’air et la lumière de la Normandie. Le résultat fut une véritable symphonie de couleurs ; l’art n’avait, jusque-là, jamais rien connu de semblable.
Au printemps 1895, Monet inaugura son exposition, où il montra vingt variantes de sa Cathédrale de Rouen. Malheureusement, les exhortations des critiques à acquérir la série en entier ne furent pas entendues et les Cathédrales de Monet se retrouvèrent dispersées à travers le monde. Les prés de Giverny demeuraient toujours son motif préféré. Dans la floraison exubérante des herbes, les coquelicots explosant en petites flammes, l’flil exercé de Monet, éduqué par un long travail, distinguait une énorme quantité de nuances. Il créait sur sa toile une mosaïque, d’une finesse extrême, composée de toutes petites touches de couleur. Paul Cézanne, qui reprochait à Monet de copier la nature sans réfléchir, dit un jour de lui : << Ce n’est qu’un flil. >> Mais aussitôt, se rattrapant, ajouta : << Mais, quel flil ! >> Ces prés devinrent son lieu de travail permanent.

Quand un journaliste, venu de Vétheuil interviewer Monet, lui demanda où se trouvait son atelier, le peintre répondit : << Mon atelier ! Mais je n’ai jamais eu d’atelier, moi, et je ne comprends pas qu’on s’enferme dans une chambre. Pour dessiner, oui, pour peindre, non. >> Montrant d’un geste large la Seine, les collines et la silhouette de la petite ville, il déclara : << Voilà mon atelier, à moi. >> Il peignit un champ de coquelicots en créant l’impression de vent non seulement à l’aide de la silhouette ondoyante des arbres, mais aussi de la facture même du tableau. Des touches de couleur pure, rouge, bleue, verte, sont appliquées pêle-mêle, semble-t-il, sur la toile. Leur enchevêtrement rend le frémissement des herbes sous le souffle du vent et, de plus, compose un merveilleux tapis. Chaque fragment d’un tel paysage, pris séparément, constitue en soi une composition de couleurs achevée. Claude Monet fut le premier des peintres du XIXe siècle à comprendre la beauté abstraite de la surface peinte d’une toile.

En quittant Giverny, Monet se hâtait le plus souvent de gagner la mer. En arrivant en Bretagne, en septembre 1886, il se rendit sur l’île de Belle-île. << Je suis installé dans un petit hameau de Belle-île, écrivait-il à son marchand, je travaille beaucoup, l’endroit est très beau mais très sauvage, mais la mer est incomparablement belle et accompagnée de rochers fantastiques. Du reste, l’endroit s’appelle : la mer sauvage. >> Le paysage breton ne ressemblait à aucun autre. << Je suis enthousiasmé de ce pays sinistre, et justement parce qu’il me sort de ce que j’ai l’habitude de faire. >>
Quelques-unes des œuvres de Monet présentées :



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