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Hiroshige – Dernier grand maître de l’art de l’Ukiyo-e

Pour en savoir plus, consultez notre article sur Hokusai

Le texte ci-dessous est l’extrait du livre Hiroshige (ISBN: 9781783108244) écrit par Mikhail Uspensky, publié par Parkstone International.

« Je laisse mon pinceau à Azuma [à l’Est de la capitale]. Je vais voyager vers les terres de l’Ouest pour y observer les célèbres points de vue. »

– Dernier poème écrit par Hiroshige, peu de temps avant sa mort.

Aux XVIIe-XIXe siècles, un nouveau style se développa : l’ukiyo-e, qui signifie littéralement « images du monde flottant », une ramification de l’art urbain de l’époque d’Edo (1603-1868). Ando Hiroshige est certainement, parmi ses contemporains, l’un des plus grands maîtres de l’art de la gravure sur bois au Japon. Il rejoint en 1811 l’atelier d’un des plus grands maîtres de l’estampe, Utagawa Toyohiro. Vers 1820-1830, il se tourna progressivement vers le paysage. Durant les quelques vingt années de son activité, l’artiste créa plusieurs séries de gravures où s’est pleinement révélé son talent de paysagiste. Mais vers 1850, un brusque tournant rompt l’évolution artistique du peintre. Jusqu’ici horizontal, le format devient de plus en plus souvent vertical.

Le Monastère Ekoin de Ryogoku et le pont Moto-Yanagibashi, Ryogoku Ekoin Motoyanagibashi, Mai 1857, Hiroshige
Le Monastère Ekoin de Ryogoku et le pont Moto-Yanagibashi, Ryogoku Ekoin Motoyanagibashi, Mai 1857. Gravure sur bois, 36 x 24 cm. Offert par Anna Ferris, Brooklyn Museum of Art, New York.

L’horizontal convient s’il faut reproduire des événements paisibles alors que le vertical porte en lui le germe d’un « conflit », et pousse à bâtir une composition violemment contrastée, pouvant exploser à tout moment. Conformément au principe ukiyo-e qui consiste dans la représentation de la vie de tous les jours, Hiroshige n’évite pas le quotidien. Chez lui, il n’y a pas d’objets « vulgaires » et chacun d’entre eux est un moyen de raffermir les liens unissant l’homme et la nature.

Printemps

Nihonbashi symbolise le Japon et sa capitale, Edo. Un an après l’achèvement des travaux de construction, en 1604, Tokugawa Ieyasu promulgua un édit qui détermina le rôle du pont. Dorénavant, toutes les distances du pays devaient être calculées à partir de la borne érigée en son milieu. Le pont Nihonbashi ainsi que le territoire avoisinant formaient ainsi le centre commercial d’Edo.

Le Jardin de pruniers à Kamata, Kamata-no umezono, Février 1857, Hiroshige
Le Jardin de pruniers à Kamata, Kamata-no umezono, Février 1857. Gravure sur bois, 36 x 24 cm. Offert par Anna Ferris, Brooklyn Museum of Art, New York.

Depuis le sommet du Kasumigasekizaka, ou « Mont du Poste des Brouillards », s’ouvre une vue sur la baie sillonnée par de grands voiliers. Lorsqu’Edo devint capitale du Japon, Tokugawa Ieyasu distribua les terres de Kasumigaseki aux plus puissants féodaux (tozama-daimyo). Hiroshige représenta Kasumigaseki pendant les festivités du Nouvel An, ce dont témoigne le pin près de la porte d’entrée (kadomatsu), au premier plan, à droite.

L’estampe reproduit l’un des quartiers les plus luxueux de la capitale de l’Est : Hibia, situé dans les environs de Soto- Sakurada. Le spectateur a l’impression de se trouver en face de la demeure et son regard est attiré par le portail rouge. C’est certainement la façade d’un domaine de daimyo la plus détaillée dans toute l’histoire de l’estampe ukiyo-e. Deux détails attirent l’attention : ce sont le kadomatsu, signe traditionnel du Nouvel An, au premier plan, et les cerfs-volants dans le ciel. Ces détails confirment que notre estampe représente bien la fête du Nouvel An.

Sur le Territoire du sanctuaire Akiba à Ukeji, Ukeji Akiba-no keidai, Août 1857, Hiroshige
Sur le Territoire du sanctuaire Akiba à Ukeji, Ukeji Akiba-no keidai, Août 1857. Gravure sur bois, 36 x 24 cm. Brooklyn Museum of Art, New York.

Le spectateur a ici l’impression de se trouver dans un bateau qui passe sous le pont Eitaibashi. Ce pont, qui est l’un des plus anciens et des plus grands du Sumidagawa, fut construit en 1698. Cette vue devint rapidement le thème de prédilection des poètes japonais. Le pont était souvent endommagé, notamment à cause des inondations. Les travaux de reconstruction nécessitant d’énormes dépenses, le gouvernement décida de le détruire une fois pour toutes.

Le sommet blanc du mont Fuji sur le fond de l’aurore naissante domine les maisons des simples citadins. La ligne droite formée par ces maisons est rompue par la courbure du pont jeté sur le canal Yagenbori, à l’endroit où il rejoint le Sumidagawa. Ce pont porte le nom de Moto-Yanagibashi, « Véritable Pont du Saule ». Tôt le matin, les bateaux chargés de poissons remontent le cours du Sumidagawa en destination des nombreux marchés de la capitale.

Le Pont Taikobashi et la colline Yuhinooka à Meguro, Meguro Taikobashi Yuhinooka, Avril 1857, Hiroshige
Le Pont Taikobashi et la colline Yuhinooka à Meguro, Meguro Taikobashi Yuhinooka, Avril 1857. Gravure sur bois, 36 x 24 cm. Offert par Anna Ferris, Brooklyn Museum of Art, New York.

Au début de l’époque d’Edo se trouvait un marché de chevaux qui englobait tout le quartier Bakurochô. En face du quartier des hôtels se situait la lice Hatsuneno baba, la plus anciennne à Edo. Cet endroit est lié à la bataille de Sekigahara (1600), l’une des plus décisives dans l’histoire du Japon, qui porta les Tokugawa au pouvoir. Plus tard, dans le quartier de Bakurochô se concentrèrent la vente et la fabrication de tissus.

Vers la seconde moitié du XVIIe siècle, les premières boutiques de tissus apparurent dans le quartier. Elles étaient particulièrement nombreuses dans la Première Rue où se situaient également les boutiques des plus grands vendeurs en gros. Hiroshige montre cette rue, du côté de la porte fermant le quartier. Chaque quartier d’Edo, depuis le jour de la fondation de la capitale, avait une porte, dans le but, tout d’abord, de prévenir les crimes, puis de protéger la ville des incendies.

Le Pont Bikunibashi pendant la chute de neige, Bikunibashi seishû, Octobre 1857, Hiroshige
Le Pont Bikunibashi pendant la chute de neige, Bikunibashi seishû, Octobre 1857. Gravure sur bois, 36 x 24 cm. Offert par Anna Ferris, Brooklyn Museum of Art, New York

Cette rue rectiligne aboutit au pied du mont Fuji qui forme le centre de la composition. Il est séparé du paysage urbain par une nappe de nuages stylisés, inspirés de l’art classique japonais, et forme comme un monde à part, situé audessus de la mêlée du quartier commercial des environs de Nihonbashi…

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