
Retentissement et réception du Le Bauhaus
Le texte ci-dessous est l’extrait du livre Bauhaus (ASIN: B016XN121I), écrit par Michael Siebenbrodt et Lutz Schöbe, publié par Parkstone International.
Le Bauhaus est une des émergences culturelles les plus importantes et conséquentes du siècle. Walter Gropius fonda cet institut de design en 1919, à Weimar. Lisez la première partie de Bauhaus ici.
Le prestige international du Bauhaus, son retentissement et son success ne se sont pas démentis, de sa fondation à nos jours, qu’il s’agisse du design, de l’architecture, des arts plastiques et de la pédagogie. Ses idées, ses principes et ses méthodes dépassaient déjà largement les frontières nationales pendant l’existence de l’école. Le rayonnement du Bauhaus s’étend, depuis, à l’infini ; une représentation complète en est devenue impossible.
Le radicalisme avec lequel l’institution abordait les questions posées par la société industrielle et les solutions modèles qu’elle y apportait, faisait que dans la conscience publique le Bauhaus était devenu le symbole de la modernité. Selon le point de vue de l’observateur, cet argument fut employé dans un sens positif, – souvent idéalisé –, ou négatif, allant parfois jusqu’à la diabolisation. L’impact intellectuel et matériel considérable des réalisations du Bauhaus est encore palpable aujourd’hui dans les débats autour de l’avenir de la culture et de la société. Une quantité de livres, d’articles et d’expositions – sans compter le succès commercial et intarissable des classiques du design et le développement du célèbre « style Bauhaus » –, propagèrent les idées du Bauhaus.

Le Bauhaus et le troisième Reich
Les nationaux-socialistes attaquèrent le Bauhaus, le diffamèrent et le classèrent comme « indigne du peuple allemand », lui attribuant l’étiquette de bolchevique. Cela conduisit à la fermeture définitive du Bauhaus, en 1933, et mit un terme au développement d’une éducation démocratique et unitaire. Nombre d’anciens élèves du Bauhaus furent persécutés, enfermés et exterminés, en raison de leurs convictions esthétiques et politiques. Leurs oeuvres d’art abstraites furent considérées comme « dégénérées », leurs constructions aux toits plats furent qualifiées d’« architecture de sauvages (…), indigne du peuple allemand ». Le troisième Reich ne parvint cependant pas à entamer le rayonnement du Bauhaus. Les formes de conception modernes, selon l’utilité du moment, furent intégrées au concept culturel du parti national-socialiste. Une certaine activité put donc être préservée dans les domaines du graphisme courant et dans l’industrie du bâtiment. C’est ainsi que bon nombre de membres du Bauhaus purent continuer à exercer leur métier. Ce chapitre de modernisation à double visage divisa les membres du Bauhaus qui étaient restés en Allemagne ; certains devinrent des victimes, d’autres des complices – sorte « d’émigrants interieurs » qui choisirent de s’adapter –, sans compter ceux qui s’opposèrent au régime.

…et les Etats-Unis
Largement dénuées de toute vision sociale et culturelle, l’exposition, Der Internationale Stil, en 1932, au Museum of modern art (musée d’art moderne) de New York, de même que le livre éponyme de Henry-Russell Hitchcock et de Philip Johnson renforcèrent et élargirent la consécration du modernisme en tant que style. L’émigration de bon nombre d’enseignants et d’étudiants du Bauhaus aux Etats-Unis renforça cette internationalisation, mais l’accueil chaleureux étant davantage réservé aux personnes plutôt qu’aux idées du Bauhaus. Les concepts, les méthodes et les principes du Bauhaus, furent intégrés, répandus et adaptés par le biais de stratégies individuelles et, après de multiples tentatives, des systèmes de formation existants. En 1938, l’attrait pour une formation du type de celle du Bauhaus n’existait déjà plus : l’école étant considérée comme dépassée, seules ses méthodes d’enseignement présentaient encore un réel intérêt.

…et l’Union soviétique
Hannes Meyer et quelques-uns de ses élèves du Bauhaus tentèrent de contribuer, en Union soviétique, à la construction d’une société véritablement socialiste. Ils travaillèrent jusqu’au milieu des années 1930 à Moscou, sur des projets d’architecture et de construction urbaine. Mais, ils n’échappèrent pas au système répressif de Staline qui, hormis la condamnation des idées avant-gardistes russes et étrangères – au profit de la doctrine du réalisme socialiste –, menait une politique de persécution vis-à-vis des immigrants. C’est ainsi que quelques membres de la brigade de Hannes Meyer furent déportés pendant des années dans les camps de Staline ou exterminés. Meyer, qui était lui-même tombé en disgrâce politique, regagna finalement la Suisse en 1936.

Le Bauhaus et la RFA
L’intérêt pour le Bauhaus revint, en Allemagne, après la guerre, mais selon une évolution distincte dans chacun des deux nouveaux Etats allemands résultants de la scission en 1949. Les anciens membres du Bauhaus contribuèrent largement au développement du design, de l’architecture et de la pédagogie de la création dans les deux Etats allemands, par leurs enseignements dans les écoles d’art et d’architecture ou par l’exercice de leur métier. En RFA, le Bauhaus, véritablement mythifié, fut réduit à quelques artistes influents. L’école supérieure de design à Ulm (HfG, Hochschule für Gestaltung), fondée au début des années 1950, adopta, en revanche, une autre pédagogie dans laquelle Max Bill, ancien élève du Bauhaus, joua un rôle important. Il fut le premier directeur de cette école qui subsista jusqu’en 1968, tandis que d’autres anciens membres du Bauhaus assumèrent différentes fonctions dans les quatre domaines de l’architecture, de la conception des produits, de la communication visuelle et de l’information. Comme le Bauhaus, l’école supérieure de design visait un idéal de totalité aux objectifs démocratiques et se concentrait avant tout sur la conception en fonction des conditions culturelles, sociales et économiques. Aujourd’hui encore, l’école supérieure de design est essentiellement reconnue pour sa formation de designer. Les différentes controverses qui régnaient au sujet de l’orientation et du contenu de son enseignement ont eu pour conséquence la suppression des subventions, spécialement dans la formation des designer, et ont entraîné sa fermeture.

Le Bauhaus, une méthode creative
A travers l’utopie de ses visions sociales, le Bauhaus tenta maintes fois de concrétiser un nouveau type d’école de design. Le débat actuel concernant les nécessaires réformes au sein du système éducatif et de l’enseignement supérieur font réapparaître une série de questions et de problèmes du début des années 1920.
La pédagogie du Bauhaus donnait à tout un chacun l’opportunité de développer ses talents et sa propre personnalité. En dehors de la formation spécialisée de design ou d’architecture, l’école dispensait un apprentissage de base des arts plastiques et appliqués, tels que l’art représentatif ou le théâtre. L’atelier semi-professionnel de théâtre, mené par Oskar Schlemmer, ainsi que les fêtes du Bauhaus, constituèrent un terrain d’apprentissage de collaboration interdisciplinaire. L’orchestre du Bauhaus devint un célèbre groupe de jazz allemand. Le jeu, le sport, la danse et les conférences du soir venaient s’ajouter à cette vie en collectivité et de travail qui, dans les situations d’urgence, se muait en communauté de solidarité. Les nombreux mariages parmi les membres du Bauhaus, de même que les amitiés durables militent en faveur du modèle social du Bauhaus.

La compréhension du Bauhaus et de son succès nécessite un détachement des représentations conventionnelles, d’après lequel le style Bauhaus serait un phénomène non-intentionnel – négligeant ainsi toutes les méthodes de création du Bauhaus, de l’entraînement à la créativité et du travail d’équipe, jusqu’à la dimension internationale, en passant par le dialogue permanent. On ne peut associer le Bauhaus à des idées préconçues d’enseignement ou de style, mais bien plus à une forme d’individualité et de pluralism.
Le Bauhaus fut en quelque sorte la première école de l’invention – et peutêtre un modèle pour l’avenir.
Pour en savoir plus sur le Bauhaus, cliquez ici :
Klassik Stiftung Weimar/Bauhaus-Museum Theaterplatz
Bauhaus-Museum Weimar Am Theaterplatz
The Josef and Anni Albers Foundation
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