
La tradition du Pop Art : Le choc de l’art, de la publicité et de la société
Le texte ci-dessous est l’extrait du livre La Tradition Pop Art (ISBN: 9781783108398), écrit par Eric Shanes, publié par Parkstone International.
Il serait tentant de voir dans cette liste une bonne définition du “Pop Art”, mais plusieurs éléments nous invitent à la prudence. Premièrement, elle est extraite d’une lettre privée qui ne fut publiée qu’après l’essor généralisé du Pop Art/Culture de Masse, ce qui exclut d’emblée qu’elle ait pu servir de manifeste. Deuxièmement, Hamilton se plaçait du point de vue du grand public ; celui des artistes n’y était évoqué qu’implicitement, et n’était pas forcément le même. Enfin et surtout, les sujets traités par les artistes de la tradition Pop Art/Culture de Masse allaient rapidement dépasser, et de loin, les paramètres établis par Hamilton.

Pour prendre un seul exemple, l’art d’Andy Warhol représente toutes ces choses à la fois, mais touche aussi au culte des héros, au discours religieux, au matérialisme moderne dans toute sa banalité, à l’ennui, au nihilisme, à la mort, et d’autres thèmes qu’Hamilton n’avait pas inscrits sur sa liste. De deux choses l’une : soit Andy Warhol n’a rien à voir avec le Pop Art/Culture de Masse, soit la définition établie par Hamilton est inexacte et trop restrictive. C’est bien évidemment cette dernière proposition qu’il faut retenir. D’ailleurs, l’avenir allait montrer que beaucoup des oeuvres en question ne seraient ni transitoires, ni faciles à oublier, ni bon marché, ni fabriquées à grande échelle.
Après son collage de 1956, Hamilton continua sur sa lancée avec plusieurs peintures, dont son Hommage à la Chrysler Corp., réalisé en 1957, composition semi abstraite qui laisse deviner une carrosserie d’automobile. L’année suivante, il créa Elle est d ans une situation juteuse, où l’on peut voir les pièces d’une Cadillac de 1957 et la photo d’une façade vitrée d’immeuble. Enfin, Elle (1959-60), évoque pêle-mêle un corps de femme, un réfrigérateur, un siège de W.C. et un grille-pain. Cela dit, Hamilton n’était pas du genre à consacrer des séries entières de tableaux à tel ou tel aspect de la culture de masse, ce qui explique qu’il n’ait jamais connu la notoriété d’un Lichtenstein ou d’un Warhol.

Il s’intéressait avant tout à la réflexion esthétique, à l’instar de Duchamp, auquel il vouait une grande admiration, et dont il reproduisit au début des années 1960 le Grand Verre endommagé. Dans ce domaine, Hamilton reste un pionnier méconnu, surtout aux Etats-Unis. Au milieu des années 1950, un autre artiste britannique avait lui aussi commencé à s’intéresser, avec beaucoup de nostalgie, à la culture populaire dans tout ce qu’elle avait de plus ordinaire. Il s’agit du peintre Peter Blake. Comme il l’expliqua par la suite, “c’est mon intérêt pour l’art populaire anglais qui m’a mené au pop art… J’aime particulièrement tout ce qui a trait à la foire et à la décoration traditionnelle des péniches… J’essaie de retrouver l’esprit de cet art d’autrefois et de le remettre au goût du jour.” Enfant, Blake avait eu un professeur de dessin qui se passionnait pour les péniches décorées, mais aussi pour les tatouages, le patchwork et les enseignes peintes à la main, autant de formes qu’on hésitait à qualifier d’art en raison de leur côté brut et naïf (même si c’est précisément cet aspect qui fait leur force et leur attrait).
![Tom Wesselmann, Mouth #18 (Smoker #4) [Bouche #18 (fumeuse #4)], 1968, La Pop Art Tradition](https://i0.wp.com/parkstone.international/wp-content/uploads/2023/09/TS-Pop-Art-FRE-Mouth-18-Smoker-4-Bouche-18-fumeuse-4-1968.jpg?resize=528%2C624&ssl=1)
Tôt dans sa vie, Blake se mit aussi à collectionner avec passion cartes postales, bibelots, affiches, vieux titres de transports, panneaux publicitaires en métal, peintures “primitives”, dessins d’enfants, bandes dessinées, que l’on retrouve dans l’imagerie de ses tableaux. L’influence des dessins d’enfants et des bandes dessinées, notamment, est très présente dans Enfants lisant des bandes dessinées, qu’il réalisa en 195. Ses peintures d’artistes de cirque, de lutteurs, etc., trahissent aussi l’influence des peintres et illustrateurs américains Ben Shahn, Paul Steinberg, Bernard Perlin et Honoré Sharrer, dont il put admirer les tableaux lors d’une exposition à la Tate Gallery de Londres en 1956. Au balcon, réalisé en 1955-57, marque le point culminant de cette phase de sa carrière : on peut y voir deux photos en trompe l’oeil représentant divers membres de la famille royale anglaise sur le balcon de Buckingham Palace, mais aussi cinq enfants, plusieurs images de balcons (y compris celui de Manet) et une multitude de reproductions d’oeuvres d’art et d’images de la vie de tous les jours, tirées, entre autres, du magazine à succès . Lorsque, en 1959, Blake réalisa son tableau Couples, son intérêt pour l’imprimé, l’éphémère et le populaire pouvait bel et bien prétendre au nom d’art ; un art qui invitait à s’interroger sur la culture omniprésente et sur la fragile frontière entre sentimentalité et mièvrerie.

A la fin des années 1950, Paolozzi, Hamilton et Blake étaient encore inconnus aux Etats-Unis, et n’ont donc pu jouer aucun rôle dans la formation du Pop Art/Culture de Masse d’outre Atlantique. Quels facteurs ont pu contribuer à la naissance de cette nouvelle dynamique artistique sur le continent américain ?
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