
William Morris – Une Force Révolutonnaire dans la Grande-Bretagne Victorienne
Le texte ci-dessous est l’extrait du livre William Morris (ISBN: 9781783108534) écrit par Arthur Clutton-Brock, publié par Parkstone International.
Pendant quelques années, Morris fut surtout absorbé par ses différentes activités artistiques. En 1871, il prit, avec Rossetti, une belle maison ancienne sur la Tamise supérieure, le manoir de Kelmscott, qu’il décrivit dans News from Nowhere. Il voulait en faire un refuge heureux, à l’abri du monde. Le contraste entre cette maison et les maisons de ses contemporains, particulièrement celles des populations pauvres, le préoccupait de plus en plus, de sorte qu’il ne pouvait plus se satisfaire de sa magnificence passée. De plus en plus, pendant qu’il vivait là, les eaux tranquilles du fleuve au bout de son jardin conduisaient son regard vers la partie basse de la ville, où le présent préparait aveuglement l’avenir.
« Ecoute, le vent dans les branches des ormes ! Depuis Londres il souffle,
Et parle d’or, d’espoir et d’agitation ;
De pouvoir qui n’aide, de sagesse qui sait,
Sans rien nous apprendre sur le meilleur ni sur le pire ».

Voici ce qu’il écrivait à un moment où, peu importe où il se trouvait, il ne pouvait plus échapper au bruit venant de Londres et aux questions que cela suscitait en lui. Il se mit à écrire, encore et encore, sur l’état de cette société, comme si ces questions lancinantes s’immisçaient insidieusement dans son travail, tel un bruit discordant et impossible à arrêter.
« On dirait que cela n’intéresse personne », écrit-il dans une lettre de 1874, « d’essayer de faire mieux, ce ne sont pas non plus mes affaires, malgré tout ce que je dénonce – mais voyez-vous, si les gens vivaient dans de petites communautés parmi des jardins et des champs verdoyants, à moins de cinq minutes à pied de la nature, et qu’ils avaient peu de moyens, presque pas de meubles, par exemple, et aucun domestique, et qu’ils étudiaient l’art (difficile) d’apprécier la vie, et de s’écouter pour savoir ce qu’ils souhaitent vraiment, alors je pense que nous pourrions espérer que la civilisation se mette en marche ».
Il avait déjà une claire perception de la meilleure façon de vivre et, en cela, se démarquait des révolutionnaires, prêts à changer les rouages de la société, mais incapables d’en proposer un substitut pour l’avenir. Morris piétina, un certain temps, sans parvenir à donner forme à ses idéaux. Après Love Is Enough, il n’écrivit rien d’original pendant un certain temps.

« Parfois », écrivit-il dans une lettre, « je commence à craindre d’avoir perdu ma créativité. Vous savez que je tiens beaucoup à ne pas manquer d’imagination et d’enthousiasme en vieillissant ». Pourtant, le meilleur de sa vie et de sa littérature était encore à venir. Ces passages à vide n’étaient que le témoignage de ses tiraillements intérieurs. Il continua, néanmoins, à traduire des sagas et, en 1875, il édita une traduction de L’Enéide de Virgile.
Peut-être à cause des mérites et des défauts de l’original, les imperfections du style poétique de Morris sont évidentes, dans cette traduction. Bien que L’Enéide soit une poésie narrative, elle ne fut pas écrite pour raconter une histoire, mais pour sa valeur poétique. L’Enéide a tous les mérites littéraires, mais pas la dynamique que seul un grand narrateur peut donner à son récit. L’esprit du lecteur se repose sur les beaux passages, mais n’est pas attiré vers eux par le désir de découvrir l’événement qui se produira après. Virgile est un poète qui ressasse le thème de son histoire. La pensée, et non l’action, est la substance de sa poésie. Son langage, bien qu’il ne soit pas obscur, est complexe et trop riche.

Narrateur par nature, Morris emploie un langage qui, comparé à celui de Virgile, est léger, rapide et fluide. Sa traduction de L’Enéide est fidèle aux événements, de façon à en faire une belle histoire. Il ne trouva cependant aucun équivalent pour rendre en anglais les beautés profondes et subtiles de l’original. M. Mackail estime que Morris transforma L’Enéide en poésie romantique. Il semble plutôt qu’il essaya de transformer l’oeuvre en poésie purement narrative, mais en vain. Paradise Lost aurait-il été aussi sublime, si ce texte avait été écrit dans une langue étrangère, puis traduit en anglais ? La traduction de Morris peut être lue avec plaisir, mais elle s’apparente plutôt, par son style, aux histoires de The Earthly Paradise, qu’à l’original de L’Enéide.

En 1875, l’association, Morris & Co. fut dissoute et l’amitié entre Morris et Rossetti prit fin. Il y eut un litige au sujet des termes de la dissolution entre Morris, d’une part, et Rossetti, Madox Brown et Marshall de l’autre. Morris s’est, par la suite, réconcilié avec Brown, mais jamais avec Rossetti qui était devenu malade, d’esprit et de corps. Ce conflit au sujet de la société n’était que l’épisode final de leur querelle. Morris avait été l’esclave heureux de Rossetti.
Désormais, il était son égal avec des valeurs et des désirs différents. « Je ne peux pas l’expliquer », écrivit-il dans une lettre, après la mort de Rossetti, « comment se fait-il que Rossetti n’ait eu aucun intérêt pour la politique… ? La vérité est qu’il ne portait intérêt à rien d’autre que ses affaires individuelles et personnelles, et tout particulièrement, évidemment, à tout ce qui était en rapport avec l’art et la littérature. Il aurait cependant fait tous les efforts possibles pour aider toute personne dans la détresse morale ou physique. Par contre il ne se faisait aucun souci sur les souffrances des masses. Je suppose, en bref, qu’il faut une personne à l’esprit plein d’espoir pour s’occuper de façon désintéressée de la politique, et Rossetti n’était certainement pas plein d’espoir ».
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