
L’ascension d’ Ukiyo-e – Le monde flottant
Le texte ci-dessous est l’extrait du livre Ukiyo-E (ASIN: B01D9JIACI), écrit par Woldemar von Seidlitz et Dora Amsden, publié par Parkstone International.
L’art de l’Ukiyo-e est « une approche spirituelle de la réalité et du naturel de la vie quotidienne, de la communication avec la nature et de l’esprit d’un peuple vif et ouvert, animé d’un appétit passionné pour l’art ». Cette définition de James Jarves résume avec vigueur les motivations des maîtres de l’Ukiyo-e, cette école artistique populaire japonaise si poétiquement surnommée « Le Monde flottant ».
Pour le pèlerin passionné, admirateur de la nature et de l’art, qui a visité l’Orient, il n’est pas nécessaire de préparer la voie vers une compréhension correcte de l’Ukiyo-e. Cet allègre idéaliste se fie bien moins aux dogmes qu’à ses impressions. « Je ne connais rien à l’art, mais je sais ce que j’aime », est le langage de la sincérité, une sincérité qui ne s’appuie pas sur la foi ou la tradition, pas plus que sur des idées toutes faites ou des conventions. Il est vrai que « seuls ceux qui sont résolument déterminés à étudier un art étranger du point de vue d’un autochtone, peuvent aspirer à sonder la profondeur des sentiments et la beauté de cet art ».

Pour celui qui assimile les idées nouvelles de façon instinctive, ou grâce à la capacité d’évaluation de son subconscient, la chose est aisée mais, pour celui dont l’intuition est moins développée, une période d’apprentissage sera nécessaire afin d’apprécier « un élément aussi récalcitrant que l’art japonais, exigeant tout à la fois une certaine attention et le questionnement de toutes les théories préétablies ». Ces esquisses de propos ne sont pas le fruit d’une expression individuelle, mais le résultat d’un effort pour présenter, sous une forme condensée, les opinions de ceux que des études et des recherches ont rendus aptes à parler avec autorité de cette forme d’art japonais, qui dans sa réalisation la plus concrète, l’estampe Ukiyo-e, sollicite l’attention du monde de l’art.
Cependant, l’évolution de l’estampe en couleurs n’est qu’un attribut objectif de l’Ukiyo-e, car, comme l’indiqua le professeur Ernest Fenollosa, « La véritable histoire de l’Ukiyo-e, bien que l’estampe en fût l’une de ses manifestations les plus fascinantes, n’est pas l’histoire de la technique de l’art de l’estampe, mais bien l’histoire esthétique d’une forme d’expression particulière. »

Afin de conclure ces remarques préliminaires, nous ne résistons pas à la tentation de recourir à une ultime citation, car ici Walter Pater affiche sa vision de l’art comme une ambition légitime, quelle que soit sa forme, et pourtant inconciliable avec toute idée préconçue ou tradition : « Le fondement de ce procès légitime n’est pas d’opposer une époque ou une école d’art à une autre, mais bien de confronter toutes les écoles qui se succédèrent, à la stupidité imperméable à la substance, et à la vulgarité hermétique à la forme. »
Puisque l’école populaire de l’Ukiyo-e fut l’aboutissement d’une évolution de plus d’un millénaire, il est nécessaire de remonter les siècles afin de comprendre et de suivre les étapes de son développement.
Bien que les origines de la peinture japonaise soient obscures, et occultées par la tradition, nul doute que la Chine et la Corée furent les sources directes où le Japon puisa son art ; tout en étant, bien sûr, influencé de façon moins évidente par la Perse et l’Inde, fontaine sacrée de l’art oriental et de la religion, qui progressèrent toujours de concert.
En Chine, la dynastie Ming donna naissance à un style original, qui domina pendant des siècles l’art du Japon. L’ample calligraphie d’Hokusai révèle une influence héréditaire, et ses graveurs sur bois, entraînés à suivre les lignes gracieuses et fluides de son oeuvre si authentiquement japonaise, furent déconcertés par ses soudaines échappées vers un réalisme plus anguleux.

Les écoles chinoises et bouddhistes dataient du VIe siècle, aussi l’empereur du Japon, Heizei, fonda la première académie impériale en 808. Cette académie avec l’école de Yamato-e, établie par Fujiwara Motomitsu au XIe siècle, aboutirent à l’illustre école de Tosa qui, avec celle de Kano – , son auguste et aristocratique rivale, conservèrent une suprématie incontestée pendant des siècles, jusqu’à ce que ne vienne les défier la plébéienne école d’Ukiyo-e, inspirée du peuple du Japon.
On a décrit l’école de Tosa comme la « manifestation d’une foi ardente, à travers la pureté d’un style éthéré ». Celle-ci incarne en fait le goût de la cour de Kyoto, et fut reléguée au service de l’aristocratie. Elle était le reflet du mystère ésotérique du shintoïsme et de l’entourage sacré de l’empereur. Le cérémonial de la cour, ses fêtes et ses solennités religieuses, les danses auxquelles participaient les daimios (seigneurs féodaux), vêtus de costumes d’apparat tombant en plis harmonieux et lourds, étaient dépeints avec une élégance consommée et une délicatesse de touche, trahissant une familiarité certaine avec les méthodes occultes de la miniature persane. Les artistes de l’école de Tosa se servaient de pinceaux très fins et pointus, et faisaient ressortir la brillance de leurs couleurs sur des fonds resplendissants dorés à la feuille. C’est également à cette école que nous devons les motifs intriqués, aux détails microscopiques, que l’on peut voir sur les plus beaux spécimens d’objets en laque dorée, et sur les paravents, dont la richesse n’a jamais été surpassée.

L’art japonais fut toujours dominé par la hiérarchie ecclésiastique et par des souverains temporels, et l’école de Tosa en constitue un exemple notoire, car celle-ci vit le jour sur l’impulsion du prince-peintre Tsunetaka, qui occupait également la position de vice-gouverneur de la province de Tosa. Dès son avènement, l’école de Tosa dut son prestige à l’empereur et à sa noble suite, car, plus tard, l’école de Kano – devint l’école officielle des shoguns usurpateurs. Ainsi l’histoire religieuse, politique et artistique du Japon fut toujours étroitement liée. Le style de l’école de Tosa fut battu en brèche par l’influence chinoise grandissante, culminant au XIVe siècle, grâce à l’école rivale de Kanö. Cette dernière puisait ses origines en Chine. A la fin du XIVe siècle, le prêtre bouddhiste chinois, Josetsu, quitta son propre pays pour le Japon. Emportant avec lui la tradition chinoise, il fonda une nouvelle dynastie dont les descendants représentent toujours le courant de peinture le plus illustre du Japon…
Trois des peintures célèbres d’Ukiyo-E :



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