Vénus endormie, Giorgione, vers 1508-1510
Art,  Erotic,  Français

L’origine du monde – La tension sexuelle

Le texte ci-dessous est l’extrait du livre L’Origine du monde (ISBN: 9781783101719) écrit par Jp. A. Calosse et Hans-Jürgen Döpp, publié par Parkstone International.

Il n’y a rien de plus excitant pour un homme que le visage empreint de passion d’une jolie femme. La beauté représente, surtout pour l’être masculin, un appât irrésistible. Transmise par l’flil, elle peut enflammer ses désirs et l’exciter jusqu’au plus profond de son être.

<< La beauté, dit Bataille, est cette partie de l’objet qui le recommande aux désirs. >> Petronius dépeint dans son roman Satyricon de quels artifices raffinés il fallait faire office pour stimuler la volupté d’un Romain. Même une déesse s’applique en vain à ranimer les braises exténuées de la passion :

Danaé, Rembrandt, 1636, sexuelle, L'Origine du monde
Danaé, Rembrandt, 1636. Huile sur toile, 185 x 202,5 cm. Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg

<< Ses cheveux tombaient en boucles naturelles sur ses épaules ; son front peu élevé était orné de ces pointes d’or. Au-dessous, ses sourcils se tendaient jusqu’à la borne des joues et disparaissaient en une ligne de plus en plus fine, entre ses yeux qui luisaient d’une clarté que l’on ne pouvait même pas observer dans un ciel sans lune. De son front descendait, dans une légère inclinaison, son nez et elle avait une bouche comme le sculpteur Praxitèle en avait déjà contemplé, dans la plus douce extase du visage de la déesse des dryades. Son menton, sa nuque, sa main et son pied dépassaient les plus beaux produits du marbre sculpté. >>

L’image de ce que l’on nomme << beau >> est assujettie à l’évolution du temps. L’idéal de la beauté au Moyen Âge se retrouve dans la figure de la Sainte Vierge. Un Père de l’Église du IVe siècle décrivit les beautés imaginaires de la mère du Christ en un tableau saisissant :

<< Bien faite de corps, elle fut la plus belle des femmes, bien blanche, pas trop courte et longue de bonne mesure. Son corps était blanc, d’une jolie couleur et sans faute. Ses cheveux étaient couleur d’or ; ses tresses longues et lisses. Sa bouche était douce et plaisante à voir. Ses lèvres, rouges et de couleur rose, étaient sans défauts. Ses dents siégeaient toutes ensemble bien droites, blanches et pures elles aussi comme la neige sitôt tombée. Ses joues arboraient une couleur de lilas où était mêlée la couleur de rose rouge et de neige pure, de sorte que ses joues paraissaient ornées d’un brin de lilas et d’une rose. Sa gorge était blanche et lisse, son cou pas trop épais et de bonne longueur. >>

Bacchante, Gustave Courbet, vers 1844-1847, sexuelle, L'Origine du monde
Bacchante, Gustave Courbet, vers 1844-1847. Huile sur toile, 65 x 81 cm. Fondation Rau, Cologne

La manière, profane et pieuse, dont ce saint home voit les charmes de et comment il en parle, avec tout << l´amour intérieur d’un chanteur >>, est très étonnant.

Dans cette image de la Sainte Vierge, l’idéal de beauté de toute une époque est préfiguré. La plupart des cultures s’accordent sur la désignation d’une jolie bouche. Déjà au Moyen Âge, l’opinion était répandue que de jolies lèvres devaient être << douces, mignonnes, petites et souriantes, agréables au toucher et d’une couleur rouge >>.

L’idéal de la poésie française nous est dévoilé par le poète-vagabond François Villon dans son Grand Testament. La femme d’un forgeron de casques se plaint de ses charmes fanés et chante la louange de sa beauté passée :

<< Qu’est devenu ce front poly,

Cheveux blons, ces sourciz voltiz,

Grant entreuil, ce regard joly

Dont prenoie les plus soubtilz,

Ce beau nez droit, grant ne petiz

Ces petites joinctes oreilles,

Menton fourchu, cler viz traictiz,

Et ces belles levres vermeilles ?

Ces gentes espaulles menues,

Ces braz longs et ces mains traictisses,

Petiz tetins, hanches charnues,

Eslevées, propres et faictisses

À tenir amoureuses lices,

Ces larges reins, ce sadinet

Assiz sur grosses fermes cuisses

Dedens son petit jardinet ? >>

Pourquoi certains visages nous paraissent-ils beaux ? George Bataille mentionne qu’un homme ou une femme étaient considérés comme beaux dans la mesure où leurs silhouettes s’éloignaient du règne animal.

Nu allongé, Alexis Gouin, vers 1850, sexuelle, L'Origine du monde
Nu allongé, Alexis Gouin, vers 1850. Daguerréotype

<< Il existe un certain dégoût pour tout ce qui peut ressembler, chez un être humain, à l’animal. Particulièrement méprisée est la similitude avec les singes. La valeur érotique des formes féminines est, me semble-t-il, liée à l’estompement de cette lourdeur naturelle qui suggère un usage purement matériel et nécessaire des membres ou du squelette. Lorsque les formes s’éloignent de la réalité physique animale et qu’elle deviennent irréelles, ne semblant plus être adaptées à des besoin de la forme humaine, elles correspondent alors à l’image plus ou moins universelle d’une femme désirable. >>

Le côté << mignon >> de la femme lui donne alors son charme majeur. Le poète allemand Johann Georg Scheffner décrit dans son Catalogue des charmes de Dore, l’image anacréontique de la beauté : un << nez légèrement retroussé >>, des yeux << bleus comme des violettes >>, les petits << fossés des joues >> et les << lignes de perles >> des dents, un << sein élastique >>, des << genoux ronds >> et des << cuisses lisses et douces >> ; jusqu’au lieu de << l’indulgence amoureuse >>, tout est décrit avec un vif plaisir de la beauté nue.

No 11664, Guglielmo Plüschow, vers 1895, sexuelle, L'Origine du monde
No 11664, Guglielmo Plüschow, vers 1895. Gravure d’album, 23 x 16,5 cm

Jamais avant Masters et Johnson les réactions corporelles dûes à l’activité sexuelle comme la masturbation ou le coït ne furent si systématiquement observées, décrites et étudiées. En tant que mesure directe de la tension sexuelle féminine, ils établissent le sexflush ou rougissement (chez l’homme, ce rougissement ne se manifeste que très tard dans la << phase de plateau >> et non dans la phase de l’excitation). Ce sexflush atteint son plus haut point d’intensité au moment de l’orgasme. C’est pourquoi le visage tendu et tordu exprime, en image, la tension musculaire du corps entier. Contrairement à l’homme, la femme peut maintenir cet état d’orgasme pendant une assez longue période. Le sentiment d’accélération du cflur, décrit comme des << pulsations vaginales >>, est souvent lié à l’orgasme.

Intérieur d’été, Edward Hopper, 1909
Intérieur d’été, Edward Hopper, 1909. Huile sur toile, 61 x 73,7 cm. Legs de Josephine N. Hopper. Whitney Museum of American Art, New York

Le désir sexuel et sa satisfaction peuvent être accompagnés par différents modes de sensibilité. Mais pour répondre à la question d´une efficacité de la stimulation sexuelle, nous devons quitter le point de vue sexologique de la vivisection et réintégrer l’espace de l’imagination.

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