1000 Chef-d'œuvre des Arts décoratifs
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Objets décorés : Là où la créativité n’a pas de limites

Le texte ci-dessous est l’extrait du livre 1000 Chef-d’œuvre des Arts décoratifs (ISBN: 9781783109548), écrit par Victoria Charles et avec la collaboration d’Eugénie Vaysse, publié par Parkstone International.

Au cours du XIVe siècle et pendant les premières années du XVe, la recherche du luxe fut surtout dirigée vers les riches étoffes et les tapisseries dont on recouvrait les meubles, les sièges et les bancs. Les draperies flottantes des lits participaient de ce goût, issu des croisades et inspiré par la vue des magnifiques étoffes de l’Orient. La sculpture progressait ; pourtant en Italie, on commençait même à donner place à la marqueterie dans le travail du bois, autre emprunt fait évidemment aux pratiques orientales. Cette époque correspond d’ailleurs à l’expansion complète de l’architecture ogivale, et les meubles inspirés par le même esprit se divisent en ogives flamboyantes, se couronnent de clochetons à fines aiguilles et de crosses à feuilles épanouies. De ces meubles, beaucoup déjà ne servaient qu’à satisfaire au luxe, tandis que ceux destinés aux voyages demeuraient simples et se cachaient modestement dans les parties de l’habitation réservées pour la vie intime.

« Tous les meubles dont la forme n’est pas strictement commandée par un usage vulgaire et journalier, écrit H. Havard (Les Styles), s’enveloppent de vraies façades de palais ; les pieds des sièges s’arrondissent en colonnes ; armoires, buffets, cabinets et crédences revêtent l’aspect de minces édicules surmontés de frontons, décorés de niches et de pilastres, enrichis de bas-reliefs, de tables d’attente et d’entablements. »

Coupe illustrée, Les Travaux d’Hercule, vers 1480 1500, Objets décorés
Anonyme. Coupe illustrée, Les Travaux d’Hercule, vers 1480-1500. Verre bleu émaillé, 16,5 cm. Musée national de la Renaissance, château d’Écouen. Première Renaissance.

Continuons seulement d’indiquer les signes reconnaissables des meubles de style Renaissance en général, style d’une élégance et d’une distinction qui ne fera que croître, au fur et à mesure qu’ils toucheront à leur plus réelle personnalité. Armoires à deux corps recouvertes de marqueterie ; cabinets à l’antique, stalles décorées d’arabesques au-dessus desquelles figure une rangée de tableaux en marqueterie représentant des sibylles, des anges, des chimères tenant des banderoles, placés sous des portiques à colonnes. Et ces tableaux, surmontés de bas-reliefs, bordés de colonnes et de moulures, sont couronnés d’une corniche formant un dais dont les côtés extérieurs offrent des pinacles et des à-jours.

Panneaux étroits décorés de légers bas-reliefs, au-dessus d’arcatures ogivales supportées par des colonnettes, ces panneaux étant partagés au milieu par une colonne et surmontés d’une galerie ajourée. Frises au milieu desquelles se trouve un mascaron d’où sortent des rinceaux de feuillages légers. Cariatides accolées tenant des fleurs et des fruits, séparées pas des niches au fond desquelles des personnages figurent. Armoires à deux corps et à quatre vantaux incrustés de marbre ou bien parés de bas-reliefs sur fond doré. Coffres dont les figurines sculptées sont symétriquement séparées par des pilastres à grotesques surmontés de petits génies, moulures antiques : à balustres, à godrons, à entrelacs, à oves, etc.

Voici des cabinets meubles, particulièrement répandus au XVIe siècle, consistant en une espèce de bahut reposant sur quatre pieds et bourré de petits tiroirs que l’on n’apercevait que lorsque les grands battants de bois formant armoire qui les dissimulaient, étaient ouverts. Voici des portes à tambours, etc. Quant aux sièges et aux lambris, s’ils sont simplement en bois sculpté à l’époque gothique, on les revêt maintenant de cuirs ciselés et estampés, espagnols ou flamands. Il n’est pas jusqu’aux cheminées et aux toitures qui ne soient décorées et d’une élégance de forme cherchée. Cela est le propre de la Renaissance que d’embellir unanimement.

Veit Stoss, Retable de la Vierge : Dormition de la Vierge (panneau central), 1489, Objets décorés
Veit Stoss, vers 1450-1533, Allemand. Retable de la Vierge : Dormition de la Vierge (panneau central), 1489. Tilleul, chêne et mélèze, 11 x 13 cm. Église Sainte-Marie, Cracovie. Gothique tardif.

Aussi bien, n’était la fantaisie extrêmement renouvelée de leurs sculptures plus ou moins en relief, les meubles de la Renaissance française seraient plutôt monotones par le ton monochrome de leur bois. Quant à la variété de ces meubles, elle est réduite à une beauté artistique sans confort. La Renaissance marque, en somme, l’éveil brillant de l’ébénisterie, de la ciselure, de la reliure et de l’orfèvrerie, du vitrail, de l’émail en manière de peinture (émail de Limoges), et de la céramique, chantée par Lucca della Robbia en Italie, par Bernard Palissy en France, et de la faïencerie d’Oiron et de celle aux chefs-d’oeuvre anonymes d’Urbino.

C’est également le triomphe de la serrurerie, du tissage comme du brochage des étoffes revêtues de décors légers et gracieux, d’une couleur douce et chatoyante. C’est enfin la vogue des dessins et gravures de Du Cerceau qui souffle à la fois au monument et au meuble une inspiration ornementale des plus typiques, ornementation qui, notamment dans la bijouterie, commence à valoir par elle-même, c’est-à-dire que le poids de la matière précieuse n‘est plus exclusif. Parmi les maîtres sculpteurs remarquables sous la Renaissance, il faut retenir encore : Jean Cousin père (également architecte de l‘hôtel Carnavalet, en collaboration) ; Ligier Richier, à qui l’on doit le fameux Sépulcre de Saint-Mihiel ; Michel Colombe, auteur du tombeau du duc de Bretagne (cathédrale de Nantes) ; Germain Pilon, Jean Goujon, vulgarisateur du bas-relief dans la décoration en général, Jean Juste, de Tours, auteur du tombeau de Louis XII ; Pierre Bontemps, etc. Parmi les orfèvres, les noms d‘Étienne de Laulne, de François Briot viennent sous notre plume.

Narcisse à la fontaine, Paris, vers 1500, Objets décorés
Anonyme. Narcisse à la fontaine, Paris, vers 1500. Laine et soie, 283 x 311 cm. Museum of Fine Arts, Boston. Première Renaissance.

Le caractère de l’art à l’époque de la Renaissance est enfin, particulièrement, la fusion des styles. Son renouveau est dû plutôt à sa désinvolture artistique, à son amour effréné pour le luxe, que des artistes architectes sculpteurs servirent magiquement. Maintenant les statues, les ornements, sont sortis de la manière barbare ; ils connaissent des modèles supérieurs, et la nature telle qu’elle les embellit. La nature même ne suffit pas à la fantaisie des artistes qui s’attachent alors, pour plus de variété, à des représentations irréelles où cumulent, cette fois, les formes humaines et animales. Les fleurs et les fruits, parfaitement rendus, se mêlent désormais aux décors créés par ces maîtres, admirateurs sans réserve de tous les chefs-d’oeuvre de la vie.

Et voyez, en dehors des caractères du style, en dehors de la patine ou mâle couleur singulièrement embrumée par les siècles, qui recouvre les meubles du passé, combien on reconnaît aisément le vrai du faux ! Il suffit de laisser glisser la main doucement sur les moulures et les sculptures des meubles pour que leur caresse soit probante. Jamais un amateur ne s’y trompera, parce que jamais on ne put contrefaire tant de délicatesse au toucher, point davantage que la fleur d’un fruit n’est imitable. Secret des reliefs peu à peu élimés par l’usure du temps, secret impénétrable du bois métamorphosé en velours. Tout est en velours, en soie et en satin, d’une intellection, d’une gaieté et d’une fraîcheur si prenantes, à cette époque qui avait si ingénieusement converti les dentelles flamboyantes excessives du style gothique arrivé à sa période d’exubérance, en une autre dentelle, sans à-jours cette fois, dont les boiseries étaient à profusion recouvertes. Il apparaît même que le style de la Renaissance connut aussi sur sa fin la décadence, marquée par une similaire exubérance.

Benvenuto Cellini, Relief exécuté pour la Porte Dorée du château de Fontainebleau, La Nymphe de Fontainebleau, 1542-1543, Objets décorés
Benvenuto Cellini, 1500-1571, Italien. Relief exécuté pour la Porte Dorée du château de Fontainebleau, La Nymphe de Fontainebleau, 1542-1543. Bronze, 205 x 409 cm. Musée du Louvre, Paris. Maniérisme.

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