Fruits de la terre, 1938, Frida Kahlo & Diego Rivera
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Frida Kahlo et Diego Rivera : Une double palette de créativité passionnée

Crédit vidéo d’introduction : Une personne organisant des lettres au Mexique sur fond jaune vidéo de Polina Kovaleva de Pexels.

Le texte ci-dessous est l’extrait du livre Frida Kahlo & Diego Rivera (ISBN: 9781644618332), écrit par Gerry Souter, publié par Parkstone International.

Frida Kahlo – Au-delà du miroir

Son visage serein encadré d’une couronne de cheveux ardents, l’enveloppe brisée, déchirée, recousue, crevassée et flétrie qui renfermait autrefois Frida Kahlo, s’abandonnait aux flammes du crématorium. Le brasier échauffant la table d’acier qui était devenue sa couche ultime, remplaçait la chair morte par la pureté de la cendre et mettait un terme – un point final – au corps traître qui avait contenu son âme. Son image incandescente dans la mort n’était pas moins réelle que les portraits de son vivant.

Frida Kahlo aurait dû mourir trente ans plus tôt dans un horrible accident d’autobus, mais son corps transpercé, anéanti, résista assez longtemps pour fonder une légende et une collection d’fluvres qui refit surface trente ans après sa mort. Ses tableaux firent des étincelles dans un monde nouveau, préparé à reconnaître et comprendre ses dons. Ils constituaient un journal intime visuel, une manifestation de son dialogue intérieur qui était, bien trop souvent, un cri de douleur. Ses peintures donnaient forme aux souvenirs, aux paysages de l’imagination, à des scènes entrevues et des visages étudiés.

Autoportrait, 1948, Frida Kahlo & Diego Rivera
Frida Kahlo, Autoportrait, 1948. Huile sur masonite, 50 x 39,5 cm. Collection privée, Mexico.

Le peintre et la personne sont indissociables, et pourtant elle porta de nombreux masques. Avec les intimes, Frida dominait l’espace de ses commentaires spirituels et spontanés, par sa manière singulière de s’identifier avec les paysans du Mexique tout en maintenant une certaine distance avec eux, de dénigrer les Européens et leur besoin de marcher sous une bannière : impressionnistes, post-impressionnistes, expressionnistes, surréalistes, réalistes socialistes, etc. en quête d’argent et de riches mécènes, ou d’un siège dans une académie. Et pourtant, alors que son fluvre gagnait en maturité, elle désira la reconnaissance pour elle-même et les tableaux qu’elle avait offerts en souvenir. Ce qui avait débuté comme un passe-temps prit bientôt possession de sa vie.

Une inépuisable source de joie extraordinaire dans sa vie fut Diego Rivera, son mari, son prince grenouille, un communiste ventru aux yeux globuleux, à la chevelure désordonnée et à la réputation de bourreau des cflurs. Elle supporta ses infidélités et riposta en entretenant ses propres liaisons sur trois continents, fréquentant aussi bien des hommes forts que des femmes désirables. Mais en fin de compte, Diego et Frida revenaient toujours l’un vers l’autre comme deux bêtes blessées, séparées par leur art, la politique et leurs tempéraments volcaniques, et réunis par le ténu ruban rouge de leur amour.

Fruits de la terre, 1938, Frida Kahlo & Diego Rivera
Frida Kahlo, Fruits de la terre, 1938. Huile sur masonite, 40,6 x 60 cm. Collection Banco Nacional de Mexico, Fomento Cultural Banamex, Mexico.

Ses tableaux sur métal, bois et toile sans perspective, évoquant la peinture murale avec ses contours tranchés et un recours sans vergogne à la couleur locale reflétaient son influence. Mais tandis que Diego peignait la surface des choses qu’il voyait, elle s’éviscérait ellemême et devenait ses sujets. Et dans les années 1940, alors que Frida parvenait à une plus grande maîtrise de son médium et que mûrissait en elle la conscience de son témoignage, son corps la trahit et lui ôta la capacité de réaliser toutes les images jaillissant de son esprit épuisé. Bientôt, il n’y eut plus de place que pour les narcotiques et un quart d’eau-de-vie par jour.

Diego Rivera – Son Art et ses passions

Je connaissais Diego Rivera, le muraliste mexicain,bien avant de découvrir les nombreux autres << Diego Rivera >> qui hantèrent le monde du début duXXe siècle à la fin des années 1950.

Si ses peintures de chevalet et ses dessins forment une grande part de ses fluvres de jeunesse comme de la maturité, ses peintures murales uniques font exploser les murs par la virtuosité de leur composition époustouflante. Sur ces murs s’exposent tout à la fois l’homme, sa légende et ses mythes, son talent technique, son intensité narrative et les convictions idéologiques qu’il aimait afficher.

Diego Rivera, Femme au puits, 1913
Diego Rivera, Femme au puits, 1913. Huile sur toile. Museo Nacional de Antropología, Mexico.

Ses grands yeux lunaires et larmoyants, protubérants dans un visage rond à la bouche faite pour exprimer l’autosatisfaction, nous fixaient avec patience sous de lourdes paupières, tel un crapaud posé sur un corps oblong, enrobé de multiples couches de chair protectrice. Mais ce géant, qui remplissait les cadres des portes et faisait grincer sinistrement les chaises, possédait de petites mains d’un enfant.

Il semblait mou et paresseux, mais son endurance le faisait parfois rester jusqu’à dix-huit heures par jour sur un échafaudage, le pinceau à la main, devant ses fresques. Sa vie personnelle était un chaos de politique, de séduction, de fêtes, de voyages, de mariages et d’instants passés à créer son propre mythe. Pourtant son travail mural était, par nécessité, chorégraphié avec précision pour coordonner la créativité de son exécution avec les exigences temporelles de la fresque.

Diego Rivera, Les Judas en flammes, 1923-1924
Diego Rivera, Les Judas en flammes, 1923-1924. Fresque, 430 x 383 cm. Patio de Las Fiestas, Secretaría de Educación Pública, Mexico.

Dans ses mémoires, Rivera, le jeune artiste en lutte, portait Picasso aux nues pour avoir libéré les peintres de l’emprise de la stagnation. Pourtant, devant ses amis, il accusait Picasso de lui voler des éléments de son style cubiste et bouillait de rage tandis que l’artiste espagnol progressait et que lui-même s’enlisait à Paris, toujours dépourvu de style propre.

Toute sa vie, il crut en l’idéal communiste, niant en bloc sa réalité impitoyable. Qui donc pouvait bien adopter la rigoureuse idéologie du communisme et continuer à peindre pour de riches capitalistes ?

Diego Rivera, Allégorie de la Californie, 1931
Diego Rivera, Allégorie de la Californie, 1931. Fresque, 43,82 m2. Pacific Stock Exchange, San Francisco.

Diego Rivera joua de nombreux rôles, certains mieux que d’autres, mais tout au fond de lui – et il lui fallut plus d’un tiers de son existence pour comprendre cette vérité bouillonnait le Mexique, langue de ses pensées, sang de ses veines, azur du ciel au-dessus de sa tombe. Finalement, lorsque tout le Sturm und Drang de sa vie chevauchée au galop finit par s’apaiser et qu’il eut acquis la maîtrise de la technique et pleinement établi ses objectifs créatifs, il retrouva le Mexique, son passé et ses histoires. Ces histoires et la vie de Diego Rivera se mêlent en effet comme une rivière rapide charrie la terre dans son courant.

Gerry Souter

Arlington Heights, Illinois

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