Rêve d’un dimanche après-midi au parc Alameda, 1947-1948
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De la peinture murale au chefs-d’œuvre : L’héritage de Diego Rivera

Einführungsvideo-Credit: Glacing Over The Pages Of A Book-Video von ROMAN ODINTSOV von Pexels.

Du 24 juin au 17 septembre 2023, l’Art Gallery of South Australia (AGSA) a ouvert l’exposition : Frida & Diego : Love & Revolution. Des œuvres emblématiques de deux des artistes les plus influents et les plus appréciés du XXe siècle – Frida Kahlo et Diego Rivera – figurent dans cette exposition exclusive en Australie, aux côtés d’œuvres de contemporains mexicains clés. Allons-y et explorons !

Frida and Diego

Par ailleurs, le Philadelphia Museum of Art en possède une autre : Diego Rivera : Fresques. Cette installation présente deux des cinq peintures murales portables que Diego Rivera a réalisées à New York en vue d’une exposition au Museum of Modern Art en 1931.

Diego

Le texte ci-dessous est l’extrait du livre Diego Rivera (ISBN: 9781783108725) écrit par Gerry Souter, publié par Parkstone International.

Diego Rivera roman ça tellement sa vie que même sa date de naissance tient du mythe. Sa mère María, sa tante Cesarea et le registre municipal font remonter sa naissance à 7h30 le soir du 8 décembre 1886, précisément le jour très prometteur de la fête de l’Immaculée Conception. Néanmoins, le registre ecclésiastique de Guanajuato et les données concernant les baptêmes affirment qu’en réalité, le petit Diego María Concepción Juan Nepomuceno Estanislao de la Rivera y Barrientos Acosta y Rodríguez vit le jour un 13 décembre.

La description que donna Rivera du jour de sa naissance, plusieurs décennies plus tard, est une reconstitution d’une grande intensité mélodramatique. Sa mère avait déjà supporté trois grossesses qui n’avaient donné que des enfants mort-nés. S’attendant à des jumeaux, elle expulsa Diego et commença à saigner violemment. Diego était fluet et léthargique et l’on ne s’attendait pas à ce qu’il vive, c’est pourquoi le docteur Arizmendi, un ami de la famille, le jeta d’abord dans un seau à fumier et s’occupa du second enfant. Le frère jumeau de Diego vint au monde, semblant arracher son dernier souffle à la petite et frêle María, qui tomba alors dans le coma.

Diego Rivera, Paysage, 1896-1897
Diego Rivera, Paysage, 1896-1897. Huile sur toile, 70 x 55 cm. Collection Guadalupe Rivera de Irtube.

Désespéré, Don Diego Rivera se mit à sangloter sur le corps inanimé de son épouse. Il fallait désormais préparer la dépouille. La vieille Matha, qui avait servi Doña María toute sa vie et qui assistait à sa toilette, se pencha pour embrasser son front une dernière fois. Soudain, la petite vieille recula. Le « cadavre » de María respirait ! Le docteur alluma immédiatement une allumette qu’il maintint sous le talon de María. Eloignant l’allumette, il constata qu’une ampoule s’était formée. Doña María était vivante. Par ailleurs, des braillements s’échappèrent du seau à fumier, montrant que le petit Diego avait lui aussi envie de vivre, et on le retira du seau.

Doña María finit par se rétablir et se mit à étudier l’obstétrique, devenant une sage-femme professionnelle. Quant au frère jumeau de Diego, Carlos, il mourut un an et demi plus tard tandis que le chétif Diego, souffrant de rachitisme et d’une faible constitution, fut placé en nourrice auprès d’une Indienne, Antonia, qui vivait dans la Sierra Tarasca. C’est là, d’après Diego, qu’elle le soigna avec des herbes et pratiqua des rites sacrés, l’enfant se nourrissant de lait de chèvre frais et vivant une existence sauvage dans les bois en compagnie de toutes sortes de créatures.

Quelle que soit la réalité au sujet de sa naissance et de sa prime enfance, Diego hérita d’un esprit analytique d’une grande concision, grâce, sans doute, aux complexes ramifications de sa lignée, ayant des origines mexicaines, espagnoles, indiennes, africaines, italiennes, juives, russes et portugaises. Son père, Don Diego, lui apprit à lire « … à l’aide de la méthode Froebel ». Friedrich Froebel était à l’époque considéré comme le « père du jardin d’enfants moderne ». Cet éducateur allemand inventa en effet le mot Kindergarten (« jardin d’enfants ») en 1839.

Diego Rivera, Portrait d’Angelina Beloff, 1909
Diego Rivera, Portrait d’Angelina Beloff, 1909. Huile sur toile, 59 x 45 cm. Collection du gouvernement de l’état de Veracruz, Veracruz.

Il s’opposait à l’idée de traiter les enfants comme des adultes miniatures et insistait sur leur droit à jouir de leur enfance, à jouer librement, à s’adonner à l’art, à la création, à la musique et à l’écriture. Leur dévoiler la morale d’une histoire ne signifiait pas pour autant que les enfants étaient capables de tirer leurs propres conclusions de ce qu’ils avaient lu. Il est intéressant de noter que plus tard, des artistes européens non-objectifs et libres-penseurs tels que Braque, Kandinsky, Klee et Mondrian avaient sûrement fréquenté ce genre de jardins d’enfants.

Diego Rivera était né dans un Mexique divisé en couches sociales établies en fonction de l’ascendance et des affinités politiques. Cette période est aujourd’hui connue sous le nom de Porfiriato d’après le mode d’administration autocratique du président Don Porfirio Díaz. Le père de Rivera était un homme éduqué, maître d’école et d’obédience libérale sur le plan politique, qualifié d’agitateur par le parti au pouvoir. C’était aussi un criollo, un citoyen mexicain appartenant au groupe privilégié des Européens de « pure » souche. Son service militaire dans l’armée mexicaine, qui s’était débarrassée du joug français sous Maximilien, lui accordait également une position quelque peu protégée au sein de l’opposition « loyale » de Díaz. Le révéré président Benito Juárez avait libéré le Mexique de l’administration française avec Díaz luttant à ses côtés. Lorsque Juárez mourut, Díaz s’empara du pouvoir, écartant le dirigeant élu mais inefficace, Sebastián Lerdo, en 1876. Les réformes agraires de Juárez furent remises à plus tard, et Díaz accorda sa loyauté aux riches investisseurs étrangers et aux familles opulentes et conservatrices mexicaines. Il modernisa le Mexique grâce à l’électricité, le chemin de fer et des accords commerciaux, et équilibra le budget mexicain sous les applaudissements de la communauté internationale. Au sommet de la hiérarchie sociale mexicaine, les nantis adoptèrent les habitudes françaises tant pour la cuisine, que pour les divertissements et la langue. Les peones mexicains, les fermiers et les classes inférieures, étaient condamnés à mourir de faim et à vivoter.

Diego Rivera, Les Judas en flammes, 1923-1924
Diego Rivera, Les Judas en flammes, 1923-1924. Fresque, 430 x 383 cm. Patio de Las Fiestas, Secretaría de Educación Pública, Mexico.

Afin d’améliorer sa situation financière, le père du jeune Diego investit dans la recherche de minerai dans les mines d’argent abandonnées qui entouraient Guanajuato. Jadis une industrie florissante, les filons d’argent s’étaient épuisés et rien ne pouvait les ramener à la vie. La famille Rivera se retrouva endettée. La mère de Diego, María, vendit les meubles de la famille pour qu’ils puissent emménager dans un appartement sordide de la ville de México et recommencer à zéro. María était une mestiza, petite et frêle, mais partageait son sang européen avec celui de ses ancêtres indiens. S’étant formée comme une autodidacte, elle put poursuivre des études médicales et devenir, comme nous l’avons dit, une sage-femme professionnelle.

Malgré cette lutte incessante, le jeune Diego demeurait un enfant choyé. Il fut capable de lire dès l’âge de quatre ans et commença à dessiner sur les murs. L’installation à México lui ouvrit tout un monde de merveilles. La cité s’élevait sur un haut plateau, sur un lac asséché depuis des siècles au pied de deux volcans jumeaux couronnés de neiges éternelles, l’Iztaccíhuatl et le Popocatepetl. Après les chemins poussiéreux de la campagne et les maisons aux toits plats de Guanajuato, les routes pavées de la capitale avec son élégante architecture à la française et le Paseo de la Reforma rivalisant avec les plus beaux boulevards d’Europe, Diego était comblé.

Quelques-unes des œuvres d’art présentées :

Diego Rivera, L’Industrie de Détroit (mur Est) - Femme portant des fruits, 1932-1933
Diego Rivera, L’Industrie de Détroit (mur Est) – Femme portant des fruits, 1932-1933. Fresque, 257,8 x 213,4 cm. The Detroit Institute of Arts, Détroit.
Le Porteur de fleurs, 1935
Diego Rivera, Le Porteur de fleurs, 1935. Huile et tempera sur masonite. 121,9 cm x 121,3 cm. San Francisco Museum of Modern Art, San Francisco.
Rêve d’un dimanche après-midi au parc Alameda, 1947-1948
Diego Rivera, Rêve d’un dimanche après-midi au parc Alameda, 1947-1948. Fresque, 480 x 150 cm. Museo Mural Diego Rivera, Mexico.

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