
Sagrada Gaudi! Faire de la structure un art
Jusqu’au 17 juillet 2022, le musée d’Orsay présente : L’exposition Gaudí. Pour la première fois depuis cinquante ans en France, une exposition de grande envergure est consacrée à ce maître de l’Art nouveau. Elle montrera l’extraordinaire créativité de cet artiste singulier, porteuse des bouleversements à l’œuvre dans la Catalogne de la fin du XIXe siècle, et qui s’exprime autant dans les détails de son mobilier qu’à l’échelle d’un projet architectural hors du commun : la Sagrada Familia à Barcelone. Allons-y et découvrons-le !

Le texte ci-dessous est l’extrait du livre Antoni Gaudí (ISBN: 9781783108329) écrit par Jeremy Roe, publié par Parkstone International.
Le parfum et la beauté d’une fleur ne sont rien d’autres que des mécanismes destinés à attirer les insectes pour assurer la reproduction de l’espèce. La nature crée des structures somptueusement décorées sans la moindre intention de réaliser des oeuvres d’art.
Il nous faut maintenant prendre en considération un autre élément constitutif du caractère de Gaudí. Nous avons expliqué comment le concept de structure a pris forme dans son esprit à partir des formes de cuivre battu que produisait son père dans son atelier. Pourtant Gaudí ne comptait aucun architecte ou maçon parmi ses ancêtres. Ceci signifie qu’il ne portait pas le poids de 3000 ans de culture architecturale, comme c’est le cas dans la plupart des familles d’architectes.

Bien que l’architecture ait souvent varié au fil de son histoire, et que des styles visiblement très différents aient succédé les uns aux autres, en réalité, des premiers Égyptiens à nos jours, l’architecture des architectes a reposé sur une géométrie simple utilisant des lignes, des figures bidimensionnelles et des polyèdres classiques combinés à des sphères, des ellipses et des cercles. Cette architecture était toujours le fruit de plans – des plans produits grâce à des instruments de base comme le compas et l’équerre, et suivis à la lettre par les maçons de tout temps.
Gaudí, cependant, constata que la nature ne réalisait aucune esquisse préliminaire et ne semblait utiliser aucun de ces instruments pour élaborer ses structures magnifiquement décorées. De plus, la nature, dont le royaume englobe toutes les formes géométriques, n’utilise que rarement les plus simples d’entre elles, ce qui est commun chez les architectes de toutes les époques. Sans aucun parti pris architectural, mais en même temps avec une grande humilité, il estimait qu’il n’y avait rien de plus logique que ce que crée la nature, riche de millions d’années de perfectionnement de ses formes.

Par une profonde réflexion, il tenta de découvrir une géométrie applicable à la construction architectonique et qui, en outre, était habituellement utilisée par la nature chez les plantes et les animaux. Ses recherches couvraient à la fois la géométrie des surfaces et des volumes, mais afin de mieux suivre sa pensée, ces deux domaines seront abordés ici séparément.
C’est un fait bien connu que l’arc, élaboré sur un linteau et composé luimême de voussoirs, était utilisé dans l’antiquité orientale et par les Étrusques, qui le transmirent aux Romains. Dans l’architecture antique, les arcs étaient en principe semi-circulaires, ou encore segmentaires, elliptiques ou en anse de panier.
Dans la nature, lorsqu’un arc se forme de façon spontanée – sur une montagne érodée par le vent, ou suite à un éboulement rocheux – il n’est jamais semicirculaire, ni d’aucune autre forme conçue par des architectes avec leur compas. Les arcs naturels décrivent le plus souvent soit une parabole soit une chaînette. Curieusement, la chaînette, qui suit la courbe formée par une chaîne suspendue librement entre deux points, mais inversée et possédant d’excellentes propriétés mécaniques déjà connues à la fin du XVIIe siècle, n’était que rarement utilisée par les architectes, qui la trouvaient laide, influencés qu’ils étaient par des siècles de tradition architecturale qui les avaient habitués à des formes dessinées au compas.

Gaudí, au contraire, était convaincu que si cet arc était le plus parfait d’un point de vue mécanique et que la nature le produisait spontanément, alors c’est qu’il était le plus beau, car le plus simple et le plus fonctionnel. Simple tant que sa formation était naturelle, mais pas lorsqu’il était conçu à l’aide d’instruments d’architecture.
Dans les étables de la Finca Güell (1884), la cascade du jardin de la Casa Vicens (1883), dans la salle de blanchiment de La Obrera Mataronense (1883), Gaudí utilisa ce type d’arc avec une grande confiance et une suprême élégance, et continua à y recourir dans ses édifices les plus modernes comme Bellesguard (1900), la Casa Batlló (1904) et La Pedrera (1906). Concernant la géométrie des volumes, il remarqua la fréquence dans la nature de courbes gauches – c’est-à-dire de surfaces courbes engendrées exclusivement par des lignes droites. Toutes les formes naturelles de structure fibreuse, telles le jonc, l’os ou les tendons des muscles, produisent, lorsqu’elles sont tordues ou courbées et que leurs fibres demeurent droites, ce que l’on appelle des courbes gauches. Un paquet de bâtons que l’on laisse tomber sur le sol formera ce genre de courbes gauches ; de même, les tentes des Indiens d’Amérique sont constituées de perches couvertes de peau qui forment des courbes gauches…

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