
La Magie des Fleurs
Le texte ci-dessous est l’extrait du livre Fleurs (ASIN: B00GOMZMLK), écrit par Victoria Charles, publié par Parkstone International.
« Lorsqu’on prend une fleur dans sa main et qu’on l’observe vraiment, elle devient notre monde pendant un instant. Je veux offrir ce monde à quelqu’un d’autre. La plupart des gens en ville courent tellement qu’ils n’ont pas le temps de regarder une fleur. Je veux qu’ils la voient, qu’ils le veuillent ou non. »
— Georgia O’Keeffe
Tout commença lorsque Adam et Eve furent chassés du jardin d’Eden, ce lieu miraculeux où il existait une nature idyllique, une végétation luxuriante…
En Egypte, les artisans de la vallée du Nil aimaient recouvrir les murs des tombeaux de lotus ou de papyrus, comme un dernier hommage à leur amour pour la vie. Les céramistes crétois prenaient eux aussi plaisir à décorer leurs vases de nombreux motifs floraux, notamment des crocus. Selon Pline l’Ancien, les peintures de fleurs autonomes ne datent toutefois que de l’époque d’Alexandre.

A l’époque médiévale, au XIIIe siècle, le célèbre théologien Albert le Grand classa plus de quatre cents espèces végétales (Des Végétaux), selon une démarche encyclopédique qu’il appliqua à de très nombreux domaines. A partir de la fin du XVe siècle se répandit la mode des tapisseries « mille fleurs », où le sujet principal (une licorne dans certains cas) était comme suspendu devant un fond composé d’innombrables espèces tel que des lys, des roses, des oeillets, des iris… Les fleurs décoraient alors les demeures royales et étaient même utilisées pour les processions religieuses et les cérémonies.
Les représentations de fleurs vont souvent plus loin qu’une simple imitation de la nature. Elles ne se cantonnent pas aux seuls arts décoratifs. L’artiste peut vouloir faire passer ses émotions à travers des fleurs. Il s’y cache même parfois des sens allégoriques ou symboliques.
Les guirlandes et les couronnes de fleurs contiennent par exemple de nombreuses significations, qui varient suivant les siècles. A l’époque paléochrétienne, nimbant les personnages saints, les couronnes végétales symbolisent le paradis.

A la Renaissance, la Vierge, les anges et les saints sont souvent coiffés d’une couronne de roses ou de lys, qui reflète la pureté des personnages. La Vierge peut également être entourée d’une guirlande de fleurs. Les madones peintes en collaboration par Rubens et Bruegel de Velours (pour la partie florale) en montrent plusieurs exemples datant du XVIIe siècle, dont le plus abouti se trouve à l’Alte Pinakothek de Munich.
Une autre fleur se rapportant à la Vierge est le jasmin (parfois confondu avec la fleur de myrte), dont les pétales blancs, en forme d’étoile, font référence à la pureté immaculée de Marie. On retrouve cette fleur dans la Vierge à l’Enfant avec Saint-Jean de Filippino Lippi, à la National Gallery de Londres.
D’une manière générale, les fleurs illustrent souvent la grâce, l’élégance et la douceur, qualités directement inspirées par leurs forms agréables et leurs parfums délicieux.

Les primitifs flamands (Van Eyck, Van der Weyden) représentèrent eux aussi de nombreuses fleurs dans leurs scènes bibliques. Ces fleurs sont peintes d’une manière très réaliste, mais elles se prêtent à de multiples interprétations religieuses. Ce réalisme des primitifs est très différent du naturalisme botanique qui apparaît peu après, et qui possède beaucoup moins de connotations symboliques. Ce sont les enlumineurs de l’Europe du nord qui, à la fin du XVe siècle, ont commencé à représenter les fleurs pour ellesmêmes, sans chercher à les incorporer dans des sujets religieux.
Ces artistes, qui étaient aussi considérés comme des botanistes, classaient les plantes et les fleurs qui affluaient à cette époque des différentes parties du monde. De nombreux jardins botaniques se créaient alors (tel celui de Padoue en 1543), dont le but était de recueillir ces espèces nouvelles. La botanique se développa ainsi rapidement dans la seconde moitié du XVIe siècle. En 1601, le savant flamand Charles de l’Escluse publia sa grande oeuvre, Rariorum Plantarum Historia (Histoire des plantes rares).

Il s’agit d’un immense recueil illustré de toutes les espèces de plantes observées par de l’Escluse au cours de ses nombreux voyages. A partir du XVIe siècle, les bouquets de fleurs devinrent pour les peintres un prétexte à mettre en valeur leur virtuosité. Il s’agissait d’un sujet populaire, alors que l’art de l’enluminure était en déclin. Les gravures de fleurs se multiplièrent très vite, avec de nombreux styles différents, rendant très difficile tout effort de classification. Les fleurs exotiques, qu’elles viennent d’Orient ou du nouveau continent américain, étaient les sujets les plus demandés.
En 1521, les Espagnols découvraient de superbes jardins au Mexique. Mais c’est la Turquie, dans la seconde moitié du XVIe siècle, qui suscitait le plus d’admiration de la part des Européens. L’extrême raffinement des cours ottomanes était légendaire et se retrouvait dans leur manière de cultiver les fleurs. De nombreuses espèces originaires d’Asie Mineure (dont la tulipe) arrivèrent ainsi en Europe. Elles transitaient par Vienne, tandis que Madrid était la porte d’entrée pour les fleurs venant d’Amérique. Ces fleurs exotiques se répandirent peu à peu dans toute l’Europe.

Elles devinrent la source d’inspiration favorite des peintres maniéristes. Ce goût des fleurs créa un nouveau genre pictural, la nature morte florale, pour lequel la Flandre ouvrit le chemin. Les plus anciennes peintures connues de fleurs ont été créées par Jan Bruegel (1568-1625), dit Bruegel de Velours. Grâce à la correspondance de Bruegel avec le cardinal Borromée, son principal commanditaire, nous savons que les peintres travaillaient dans les jardins botaniques afin de composer des bouquets et des herbiers.
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