
Les contributions littéraires de Ruskin : L’écriture et la critique dans le Mouvement Arts & Crafts
Le texte ci-dessous est l’extrait du livre Le Mouvement Arts & Crafts (ISBN: 9781783103614), écrit par Oscar Lovell Triggs, publié par Parkstone International.
«L’art n’est pas une récréation, il ne peut s’apprendre dans des moments libres, ni se pratiquer comme un pis-aller. Ce n’est ni un ouvrage de salons, ni un remède à l’ennui des boudoirs. Il doit être compris et entrepris sérieusement ou alors pas du tout. Pour le servir les hommes lui vouent leur vie, et pour le recevoir, ils lui ouvrent leurs coeurs. »
John Ruskin, Modern Painters (Peintres modernes), 1843.

Ainsi que l’indique son nom, la première intention du mouvement Arts & Crafts était l’association de l’art et du travail. Mouvement anglais à l’origine, il émergea lentement de l’ère industrielle sur une période de quarante ans environ, bien que sa différenciation en une phase distincte de l’industrialisme relève des dix dernières années. L’année 1860 fut considérée comme la date approximative de son début, lorsque William Morris construisit sa célèbre Red House dans les environs de Londres, et fit son apprentissage des arts industriels en concevant et en réalisant la décoration et le mobilier de sa maison. Néanmoins, les théories des Arts & Crafts virent le jour avant 1860, dans les écrits de Ruskin et Morris.
L’histoire du pèlerinage de John Ruskin, de son passage du naturalisme à son intérêt pour l’art, et de là au socialisme, est l’un des parcours les plus marquants du XIXe siècle. Dans tous ses premiers écrits sur la nature et l’art c’est la relation de ces éléments avec l’homme qui le préoccupait. Le sentiment moral de Ruskin était ce qui le distinguait des autres professeurs d’art, le désignant ainsi très tôt pour sa mission de réformateur sociale. Il déclara lui-même que les origines de son économie politique se trouvent dans l’assertion exprimée dans Les Peintres modernes, selon laquelle les belles choses sont utiles aux hommes parce qu’elles sont belles, et pour cela seulement, et ne sont pas à vendre, ni à mettre en gage, ou en aucun cas à transformer en espèces sonnantes et trébuchantes. Nous avons la chance de disposer aussi des propres mots de Ruskin sur l’objet de ses études artistiques, qui suivirent Peintres modernes. Il déclara devant son public de Bradford :

« J’ai écrit le livre intitulé The Seven Lamps of Architecture (Les Sept Lampes de l’architecture) pour montrer que toute bonne architecture, sans exception, avait été produite grâce aux pouvoirs magiques de certaines conditions de tempérament et de moral. The Stones of Venice (Les Pierres de Venise) n’avait, dès le départ, d’autre but que de montrer que l’architecture gothique de Venise était née, et révélait par toutes ses caractéristiques, un état de foi nationale pure et de vertu domestique, et que son architecture Renaissance était née, et révélait par toutes ses caractéristiques, un état d’infidélité nationale dissimulée et de corruption domestique. »
La reconnaissance des relations entre art et caractère national indique la portée sociale de ces ouvrages.
Au sujet des Pierres de Venise, W. G. Collingwood fait le commentaire suivant :
« Le noyau de l’ouvrage était le chapitre sur la nature du Gothique, dans lequel il exposait, plus distinctement que dans Les Sept Lampes de l’architecture, et en se basant sur un éventail d’idées plus large, suggérées par le concept préraphaélite, la grande doctrine selon laquelle l’art ne peut être produit que par des artistes ; que l’architecture, dans la mesure où c’est un art, ne signifie pas l’exécution mécanique, par des ouvriers dépourvus d’intelligence, de plans insipides fournis par des cabinets d’architectes ; que, tout comme Socrate repoussa l’avènement de la justice au jour où les philosophes seraient rois et les rois philosophes, Ruskin repoussa le règne de l’art au jour où les ouvriers seraient artistes, et les artistes ouvriers… De cette idée découlait toute sa doctrine, avec tous ses garde-fous et vastes perspectives. Car si l’ouvrier doit devenir un artiste, il doit avoir l’expérience, les sentiments, d’un artiste, ainsi que ses compétences.

Et ceci concerne toutes les conditions de formation et les opportunités qui contribueraient à son véritable bien-être. Et lorsque Mr. Ruskin se pencha sur le sujet de façon plus pratique, il découvrit qu’une simple école de dessin et quelques efforts charitables ne suffiraient pas à produire un artiste à partir d’un mécanicien ou d’un « péqueneaud ». Car des questions plus vastes se voyaient complexifier par celle de l’art – rien de moins que les principes fondamentaux de l’interaction humaine et de l’économie sociale. Alors pour la première fois, après avoir longtemps creusé, il avait atteint le véritable filon de sa pensée, les strates les plus profondes de son esprit ; et le travail de la mine avait commencé. »
Le volume intitulé A Joy Forever (Une Joie éternelle) présentant la substance des conseils livrés en 1857 sur l’économie politique de l’art – le titre est significatif – marque définitivement la croisée des chemins, et son intention de parler par la suite ouvertement des thèmes sociaux.

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