L’Alhambra, XIIe-XIVe siècle
Art,  Français

Le langage du geste : Exploration du symbolisme dans les sculptures islamiques

– Crédit vidéo d’introduction: Entrée de la Grande Mosquée, Abu Dhabi de Norbert Yanzon de Pixabay
– Crédit vidéo de fin : vidéo du mouvement du cycle de la mosquée islamique de Muhammad Rahad (RAHADstudio) de Pixabay

Le texte ci-dessous est l’extrait du livre Arts d’Islam (ISBN: 9781783108640), écrit par Gaston Migeon et Henri Saladin, publié par Parkstone International.

Quand Abel er-Rahman, calife de Cordoue fonda la ville de Madinat al-Zahra, pour satisfaire un caprice de femme, il plaça, dit-on, au milieu même du palais, la statue de la favorite sous les traits de la Flore antique.

Ibn Bassani rapporte que le poète sicilien Abou l’Arab, exilé en Espagne, se présenta un jour devant Mohammed, roi de Séville, et le trouva occupé à admirer des figurines d’ambre.

Ailleurs, en Mésopotamie, on voit sur la koubba d’une mosquée de Bagdad la statue d’un cavalier la lance en main, et sur une autre koubba une statue d’homme marquant les heures. À Homs, sur la porte d’une mosquée, on peut apercevoir l’étrange sculpture d’un buste d’homme se terminant en queue de scorpion.

Le voyageur Ibn Balouta, au XIVe siècle, vit dans de nombreuses villes des statues qui représentaient des animaux, en particulier des lions.

Lion provenant d’une fontaine, XIe-XIIe siècle, Statue de l'islam
Lion provenant d’une fontaine, XIe-XIIe siècle. Pierre. Museum für Islamische Kunst, Berlin.

Quand on lit Makrisi, on voit que même avant la dynastie des Fatimides en Égypte, qui appliquaient déjà moins rigoureusement la loi mahométane, des sultans toulounides comme Khomarouieh, avaient fait placer dans une salle de leur palais des bords du Nil leurs statues, celles des femmes du harem et de leurs enfants, ainsi que celles des musiciennes de la cour. Ces statues, d’un merveilleux travail, étaient exécutées en bois, tradition qui semblait continuer celles des grands ateliers de statuaire des pharaons, dont d’impérissables chefsd’oeuvre sont conservés dans le musée d’art antique égyptien du Caire.

Aucune de ces oeuvres ne nous est parvenue, et nous ne pouvons juger de l’art des sculpteurs arabes de l’Égypte que par les travaux de la sculpture décorative des monuments en pierre, en stuc et en bois.

En Égypte, le stuc a été employé très tôt ; c’est ainsi qu’on exécuta les premiers ornements architecturaux. La mosquée d’Ibn Tulun, qui date de 876, de même que les mosquées d’al-Azhar (970) ou d’el-Hakem (1012), gardent encore en partie leur décoration primitive en stuc, non pas moulé mécaniquement, mais sculpté par des mains légères et adroites. Au XIIIe siècle, la technique en était très sûre, ainsi qu’on peut en juger à la mosquée-tombeau du sultan Kalaoun, ou à celle de Mohammed el-Nassir, dont la décoration rappelle un peu le premier art mauresque de l’Espagne.

Griffon, XIe siècle, Statue de l'islam
Griffon, XIe siècle. Bronze, 107 x 87 x 43 cm. Museo dell’Opera del Duomo, Pise.

Alors même que la pierre était en la plus haute estime, on continua à employer la décoration en stuc, comme dans la splendide frise d’inscription coufique de la mosquée d’Hassan, et dans les beaux ornements de la coupole de la mosquée al-Sounkor à Darb al- Ahmar (1347).

Au XVe siècle, alors que la technique en semble tout à fait abandonnée, un monument en fournit encore un exemple. L’intérieur du tombeau d’el-Fadaouieh, au Caire, est couvert d’ornements et d’inscriptions en stuc.

Nous avons constaté l’emploi assez tardif de la pierre dans les constructions arabes de l’Égypte. Elle allait du moins apporter à la décoration une matière d’une plasticité supérieure. Les coupoles devaient en particulier s’y prêter favorablement, comme à la mosquée funéraire de Barkouk (1405-1410). La pierre apparaît comme matériau décoratif dans la mosquée de Souyour-gatmieh (1356-1359) puis dans la mosquée du sultan Hassan.

Bouteille avec des cavaliers jouant au polo, 1300, Statue de l'islam
Bouteille avec des cavaliers jouant au polo, 1300. Syrie, Verre émaillé. Museum für Islamische Kunst, Berlin.

Ici la décoration est simplifiée, réduite à l’interprétation florale du bouton et de la feuille, comme livrée à des ouvriers qui n’ont pas encore bien l’habitude de travailler la pierre ; ce sont des rosaces formées de rinceaux de boutons et de fleurs, autour d’un bouton central. La pierre s’enrichit de merveilleux motifs sculptés dans tous les monuments du sultan Qaitbay (1468-1496). Les plus beaux exemples sont l’arc du sanctuaire de sa mosquée intra muros, et surtout son wekala ou khan, au sud de la mosquée d’al-Azhar, dont la décoration extérieure offre une source inépuisable de splendides motifs géométriques et d’arabesques. Ce n’est pas seulement dans les grands édifices que la pierre était utilisée, mais aussi dans les dikkas (tribunes) et dans les minbars (chaires à prêcher des mosquées), ainsi que dans les cénotaphes et les stèles funéraires. Un monument merveilleux nous a été conservé, c’est le minbar en grès blanc dont le sultan Qaitbay a doté la mosquée funéraire du sultan Barkouk au désert. Ce travail de la fin du XVe siècle (1483) est un des types les plus parfaits de la décoration arabe. De forme triangulaire, au lieu d’être formé, comme le sont la plupart des minbars, de panneaux de bois assemblés, il est formé de plaques de pierre, dont tous les motifs décoratifs sont sculptés.

Les châhid (pierres tombales ou stèles funéraires) sont généralement en serpentine ou en diorite, matériaux provenant de monuments antiques. Elles sont souvent à surfaces ondulées, et des formules de prière avec les noms du défunt et la date de sa mort y sont gravés en caractères coufiques, sur un fond légèrement piqueté, ou bien encore sculptées en relief sur un fond excavé. Ces stèles funéraires sont en général datées des IIIe et IVe siècles de l’hégire ; des dates antérieures sont extrêmement rares. Les plus anciennes proviennent des nécropoles d’Aïn-Sira au Caire et du cimetière d’Assouan (Haute-Égypte).

Djami, les sept trônes, un saint homme médite dans un pavillon sous la protection des anges, 1556-1565, Statue de l'islam
Djami, les sept trônes, un saint homme médite dans un pavillon sous la protection des anges, 1556-1565. Miniature, 34,2 x 23,2 cm. Freer Gallery of Art, Washington D.C.

On fit aussi au Caire de grandes jarres de forme ovoïde taillées en plein blocs de marbre et ne pouvant tenir debout que grâce à des supports de marbre (kailaghi) évidés en bassin pour les recevoir. Ces jarres portent des ornements. Les supports de forme carrée, précédés d’un large bec incliné où le liquide des jarres pouvait s’écouler du trou dont elles étaient percées à leurs parties inférieures, portaient eux aussi une décoration d’ornements, d’inscriptions coufiques et même de personnages assis, ou des lions dans deux petites niches ménagées aux angles de la pièce.

Les fontaines en marbre blanc sculpté, installées au fond de niches sur lesquelles l’eau ruisselait pour se rafraîchir au contact de l’air, constituent également de véritables oeuvres d’art. L’une d’elles, conservée au musée islamique du Caire, offre des lignes ondulées ; sa bordure contient une suite d’animaux d’une surprenante finesse et d’un grand caractère : lièvres à grandes oreilles, chiens, panthères. Elle provient du sébil (fontaine publique), construit en 1400 par le sultan Faradj, fils de Barkouk.

Firdousi, le livre des rois, (Schah Nameh), Rostam aidé de son destrier Rakch luttant contre le dragon, Iran, 1648. Miniature. Royal Library, Windsor Castle, Windsor.

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